(FT) Attention, Scientifique Jaloux (G)

Attention, Scientifique Jaloux
Auteure: Ja_aveccheveux
Résumé: À la suite de Hamlet (au Fromage): Brad, blessé dans son orgueil que ce soit maintenant Flavien le second officier, planifie de se venger contre l'équipage au complet en relâchant le côté sombre du technicien radar... mais le plan ne tourne pas exactement comme prévu...

30 morts... ou presque!
30. Mort électrocuté par un Pikachu

Notes:
Ça m'a toujours un peu agaçé que l'épisode Hamlet au Fromage se termine si vite. Cet épisode aurait mérité une 2e partie (malheureusement les contraintes de temps ne le permettaient pas) et surtout une suite. Je voulais voir la réaction de Brad après sa destitution... alors voilà!



Je mets quelques anotations à cette fic, mais elle se base de façon importante sur Hamlet au Fromage, Le Mime et certaines informations dans Oedipe Bouchard, donc je n'anoterai pas toujours les références à ces épisodes.



Chapitre 1

"Maudit Flavien!"

C'était ce que Brad se répétait sans cesse depuis quelques semaines maintenant. Depuis sa destitution, Brad n'avait plus le moral à grand chose. En fait, il n'avait que l'esprit embrumé par la honte et le désarroi. Sa position de second officier, c'était ce qui l'avait distingué du reste de l'équipage, un statut de supériorité sur ces minables qui s'étaient payé sa tête avec leur petits stratagèmes et leur manigances afin de lui faire perdre son rang.

Ce n'était pas comme s'il avait voulu tuer le Capitaine. Il n'avait mis que du petit poison dans le café du Capitaine, juste pour le forcer à démissionner. Après tout, après quatre ans de mission, il n'avait pas encore été en mesure de trouver de planète habitable pour y déménager la race humaine. Quatre ans d'échec… alors que lui, Brad Spitfire, scientifique d'une intelligence et d'une capacité de décision exceptionnelles, aurait trouvé une planète bien avant ce pitoyable imbécile qu'ils appelaient un capitaine. En fait, il y était presque arrivé avec les Barzots, si seulement il avait réussi à mener son plan à terme. La mission aurait été terminée… mais non, il avait fallu qu'on l'empêche d'être un héro!

C'était déjà à peine s'il endurait de se faire traiter de la sorte, mais maintenant qu'il avait perdu son titre, il se sentait complètement démuni. Cela avait pourtant été tolérable au début de la mission. L'équipage avait respecté son rang, au-dessus d'eux, minables subordonnés. C'était le bon temps. Il se souvenait d'avoir fait laver le plancher à Flavien avec une brosse à dents, plus d'une fois. Lui et Bob étaient plus facile à manipuler dans ce temps là. Les autres, même s'ils le méprisaient, avaient su où était leur place. Mais peu à peu, cela s'était dégradé et le Capitaine leur avait même laissé le loisir de taper sur le scientifique comme bon leur semblait. Il avait su garder la tête haute, malgré les coups, car il était demeuré supérieur à eux. Le fait que le Capitaine regardait ailleurs, ou pire, applaudissait quand il croulait sous les coups l'enrageait tout de même...

Et maintenant, la cerise sur le sunday, le Capitaine avait nommé Flavien comme second officier à sa place… Flavien! Ce bâtard de demi E.T. se méritait une promotion!

Brad ne comprenait vraiment pas ce que le Capitaine lui trouvait de si intéressant. Il n'était qu'un médiocre demi humain, habile avec le radar certes, mais il n'avait rien de comparable avec lui-même, un scientifique hors pair. Le technicien était bruyant lorsqu'il jouait de la musique, avait une tendance à sortir rapidement les poings, avait constamment besoin qu'on lui rappelle ses qualités et était bien trop refermé sur lui-même, incapable de parler en public ou de simplement extérioriser ses sentiments à autrui. De plus, il suivait presque toujours les ordres aveuglément, comme un idiot qui ne se sert pas de sa tête.

Flavien n'était qu'un licheux de bottes, se disait Brad. C'était probablement la raison pourquoi le Capitaine l'estimait tant: cela flattait son ego! Le Capitaine semblait toujours avoir de bon mots et un regard tendre à l'égard de Flavien. Il était toujours en train de vanter ses actions et sa bravoure, alors qu'il n'avait jamais eu rien de bon à dire de Brad, même quand ses efforts auraient été dignes d'éloges.

Si seulement cela avait juste été le Capitaine… La vérité était que Flavien attirait l'amour de tous autours de lui. C'était tellement injuste.

Il y avait bien sûr Bob, son meilleur ami d'enfance. Cela n'était sans doute pas difficile à comprendre, le pilote était tellement idiot, les deux étaient un match parfait. Par contre, l'intensité de leur amitié déstabilisait Brad. Comment pouvait-on trouver quelqu'un si dévoué, un ami si fidèle qu'il donnerait sa vie pour l'autre? Brad n'avait jamais vécu cela, il n'avait jamais même eu un seul ami. Il enviait beaucoup les deux hommes, liés par une amitié inébranlable.

Il y avait aussi Pétrolia, qui s'était jetée dans ses bras depuis le début. Ce n'était pas que Brad veuille l'amour de la jeune fille, plutôt sotte et dont la maturité manquait de façon remarquable. Il se demandait plutôt comment Flavien avait fait pour attiré les filles aussi facilement depuis le début de la mission. Pourquoi s'intéressaient-elles à lui, plutôt qu'à Brad? Il ne trouvait pas de réponses et il était plutôt jaloux de ne pas avoir ce charme alors qu'il était si beau. Qui n'aurait pas voulu de son beau corps mince et svelte?

Valence aussi était tombée sous l'emprise de cet imbécile de Flavien. Elle, qui passait beaucoup plus de temps avec Brad, éprouvait beaucoup plus de compassion et d'affinités avec l'opérateur radar. Pourtant, Brad lui avait confié ses plus profonds secrets, tous les maux qui le rongeaient de l'intérieur, ses sentiments les plus profonds. Il s'était ouvert avec elle comme il ne l'avait jamais fait avec personne d'autre, et pourtant elle semblait éprouver plus d'affection pour Flavien que pour lui. Brad ne comprenait pas pourquoi la psychologue ne l'estimait pas plus.

Même Serge, un robot, tout ce qu'il y avait de plus rationnel, semblait s'être lié d'amitié avec le technicien. Il était vrai que Brad ne s'adressait à Serge que dans le cadre de son travail ou bien pour se servir de lui et de ses multiples fonctions, mais n'était-ce pas là l'usage habituel d'une machine? Serge aurait dû être reconnaissant envers Brad, qui se servait de lui afin de maximiser ses capacités et son utilité auprès de l'équipage. Au lieu de cela, il semblait le mépriser et préférer le reste de l'équipage, qui ne se servaient pas de lui à son plein potentiel. Le robot obéissait même au technicien, bien avant sa promotion, alors qu'il ignorait Brad plus souvent qu'autrement. Comme si l'opinion d'un simple opérateur radar était plus valable que celle d'un scientifique de renommée...

"Maudit Flavien!" Répéta Brad à voix basse.

Le scientifique rêvait de lui faire ravaler ses gallons et surtout de prouver à tous qu'il n'était pas digne de les porter sur son uniforme. Il avait imaginé toutes sortes de scénarios, des plus farfelus aux plus réalistes, où le nouveau second officier se retrouvait humilié, dégradé, abandonné ou même vilifié par le reste de l'équipage. Brad avait même imaginé un scénario où il arrivait à l'achever, mais le scientifique était bien trop pissou pour tuer un des membres d'équipage, et puis il ne détestait pas Flavien à ce point. Il détestait l'attention et l'affection que celui-ci recevait à sa place.

Non, s'il voulait se venger, Brad devait prouver à tous que Flavien ne se méritait pas les éloges qu'on lui faisait, et surtout pas son grade de second officier. Il devait prouver que Flavien n'était pas digne de leur confiance. Il devait révéler sa vraie nature, exposer ses plus profondes faiblesses et surtout, son côté le plus sombre.

"Ils vont me le payer…"

Brad sourit malicieusement. Il savait exactement comment il allait s'y prendre. Bientôt, Flavien serait si détesté qu'il ne serait plus rien aux yeux de l'équipage.

***

Le système solaire Cretons Panés 3 n'était qu'à quelques heures de distance et il semblait y avoir quelques planètes intéressantes, dont une, Tiguidou Laï Laï, qui promettait particulièrement. Le Capitaine était de très bonne humeur, car le rapport du radar de longue portée avait détecté des points d'eau potable possibles. Le vaisseau aurait besoin de refaire des réserves d'eau très bientôt alors la nouvelle était plus que bienvenue. La planète était beaucoup trop petite pour les humains, mais elle pourrait peut-être les aider à la continuation de la mission si elle contenait suffisamment d'eau potable.

"Merci Flavien" Dit Charles en relevant les yeux du rapport, regardant le jeune homme avec un sourire "Espérons qu'il y aura suffisamment d'eau pour remplir nos réservoirs"

"Ça devrait, Capitaine. D'après le radar, il y aurait aussi des nappes souterraines très proches de la surface de la planète, mais il faudra faire une autre analyse avec le radar une fois en orbite pour savoir où sont les points où on pourra se ravitailler."

Charles acquiesça et redonna le rapport à son second officier. Quel vent de fraîcheur, travailler avec Flavien comme son second. Préparer les plans de missions avec lui était tellement plus rapide et agréable. Il était ponctuel, méticuleux et surtout, fiable. Contrairement à Brad, il ne geignait pas quand le Capitaine lui demandait de produire un rapport ou un plan de vol, et surtout, il pouvait être confiant sur la qualité et la validité des informations fournies par Flavien. Il n'avait ni agenda secret, ni plans malhonnêtes pour prendre sa place ou l'éliminer. Son seul but était de l'assister à mener la mission à son aboutissement.

Charles était très fier du jeune homme et de ses accomplissement depuis le début de la mission. Lorsqu'il l'avait recruté, il avait été extrêmement doué à ses tâches, certes, mais Charles se souvenait trop bien de sa timidité et de sa peur de déplaire. Il était naïf et peu expérimenté dans les rouages du leadership. Charles l'avait vu se transformer, peu à peu, prenant confiance en lui-même et en ses capacités. Bien sûr, il demeurait humble et ne cherchait pas nécessairement à monter en grade, mais les membres d'équipage lui faisaient confiance et savaient qu'ils pouvaient se fier en son jugement, même en l'absence du Capitaine. C'était entres autres pour cela que Charles l'avait choisi.

"Nous serons arrivés aux abords du système solaire Cretons Panés 3 vers les six heures du matin." Ajouta Flavien, le sortant de ses pensées.

Le Capitaine se leva.

"Bien! Dites à tout le monde d'aller se coucher, l'heure du couvre-feu approche. Je veux que tout le monde soit reposé lorsque nous entamerons les manoeuvres de mise en orbite."

Flavien se mit au garde à vous.

"Bien Capitaine!"

***

Brad avait trouvé ce qu'il cherchait. Il avait fouillé les analyses médicales du Centre de Santé alors que Pétrolia était occupée à faire une mise à niveau sur Serge dans la Salle des Machines. Il cherchait particulièrement celles de Flavien, qu'il avait dérobées en les cachant à travers une pile de dossiers d'analyses scientifiques. Il sortit du Centre de Santé, ayant l'air faussement occupé, feuilletant ses documents qui lui servaient de couverture afin de ne pas attirer l'attention sur les quelques pages d'informations médicales.

Personne ne l'avait vu, et il sourit. Il allait analyser ces informations et trouver le moyen qu'il cherchait afin d'assouvir sa soif de vengeance.

Il trouva un coin tranquille et feuilleta les pages rapidement. Réinsertion d'un poumon, démolécularisation, analyse d'un champignon extra-terrestre et ses impacts sur son organisme, résistance aux charges paralysantes et desstrusstrices, blessures variées… Finalement il trouva ce qu'il cherchait.

"Ah! The dark side of the Flavien…"

Brad lut rapidement, marmonnant à voix basse.

"Dark side… événements déclencheurs… effets sur son psyché… ondes cérébrales… Ah ha! Autres possibles déclencheurs, sulfuro toxine de jus de poutine… intéressant…"

Il referma le dossier médical et le cacha a nouveau en le réinsérant à travers ses documents scientifiques.

"Ça tombe bien" murmura-t-il pour lui même "j'en ai justement un flacon au laboratoire."

Son sourire s'élargit jusqu'aux oreilles. Il aurait enfin l'opportunité de prouver que Flavien n'était pas aussi digne de confiance que le reste de l'équipage ne le pensait. Ils allaient regretter de l'avoir dégradé, foi de Brad Spitfire! Ils allaient tous goûter à sa vengeance…

***

Lorsque le signal du couvre-feu était donné, l'équipage avait seulement quinze minutes afin de regagner leurs quartiers. Bob se demandait comment il allait avaler ses quinze jambons au beurre d'érable et à l'ail avant d'aller se coucher. Il n'aimait pas laisser sa nourriture dans le frigo après l'avoir réhydratée, c'était toujours moins bon et il risquait que quelqu'un lui dérobe une partie de son repas.

Il soupira. Il n'aurait pas le choix pour cette fois, il devrait en garder pour le lendemain matin.

Il mit la majorité de ses jambon dans l'énorme frigo de la cuisine, et en garda un sous chaque bras.

"Jamais j'croirai que j'ai pas le temps pour une p'tite collation…" murmura-t-il en sortant de la cuisine.

Il croqua à belle dent dans un des jambons. Lorsqu'il retourna la tête, il vit Brad sortir du laboratoire, au bout du couloir.

"Y travaille tard…" Pensa-t-il pour lui-même.

Bob haussa les épaules et continua son chemin. Ce que le scientifique faisait ne l'intéressait guère. Le pilote avait d'autres préoccupations… en plus de vouloir dévorer ses deux jambons, Bob avait hâte de retrouver la Cabine de Repos afin de raconter à Serge comment il avait réussi à traverser le niveau 6 de Super Mario 83 en seulement 4 minutes et 34 secondes. C'était un vieux jeux, sur sa vieille console de Switch-U*, mais lui, Flavien et Serge aimaient bien y jouer et se donner des défis. Jusqu'à maintenant, c'était surtout Serge et Flavien qui détenaient les records, mais cette fois, il était bien certain de les avoir battu tous les deux.

Il se dirigeait vers la Cabine de Repos lorsqu'il croisa Valence.

"Bon soir Bob" Lui dit la psychologue avec un sourire "Je vois que tu t'es trouvé une collation."

Valence, même après des années à côtoyer Bob, se surprenait encore souvent à se demander où le pilote pouvait bien mettre toute cette nourriture. Elle était venue à la conclusion que Bob avait simplement un métabolisme bien plus rapide que la plupart d'entre eux.

"C'est juste une partie de mon goûter" Répondit Bob, l'air piteux "J'ai pas le temps pour le reste… Hey, as-tu vu Serge?"

"Il s'en allait bientôt se recharger… toi, as-tu vu Brad? J'ai à lui parler…"

En fait, Valence n'avait pas particulièrement envie de parler au scientifique, mais depuis sa destitution, elle lui avait trouvé un air déprimé et c'était son travail de s'occuper de ses patients, aussi chiens sales soient-ils. Elle savait que Brad avait tendance à mal gérer ses émotions négatives et elle voulait seulement s'assurer qu'il ne fasse rien qu'il ne regretterait.

"Je l'ai vu sortir du laboratoire tantôt…"

Valence réfléchit. Brad ne travaillait habituellement pas plus qu'il ne le fallait mais il lui arrivait parfois d'aller se réfugier au laboratoire pour avoir la paix car personne d'autre n'y allait jamais. Elle se dit qu'elle devrait garder un oeil sur lui, juste pour s'assurer qu'il ne se renferme pas sur lui-même avec ses idées noires.

"Merci Bob."

Elle s'éloigna et le pilote reprit son chemin vers la Cabine de Repos. Il avait juste le temps de manger avant le couvre-feu...



*Après la Wii, la Wii-U, donc après la Switch... yaura la Switch-U

À suivre.

Chapitre 2



Le lendemain matin, tout le monde était debout de bonne heure et prêts à l'exploration de la planète. La sonde était revenue durant la nuit et avait détecté des signes de vie, alors que le radar de proximité avait détecté un grand lac sur la partie sud ouest de la planète.



L'équipe d'exploration de Tiguidou Laï Laï serait composée de Brad, pour ses expertises d'analyse et de Flavien, qui allait assurer la surveillance du site d'analyse, en plus de recueillir des donnée avec l'aide d'un scanner portatif.



Brad bouillonnait à l'intérieur: Il n'avait pas du tout envie de travailler avec Flavien. Comment le Capitaine avait-il pensé que c'était une bonne idée, le jumeler avec celui qui lui avait volé son rang?



Brad se mordit l'intérieur de la joue. Il fallait être patient. Peut-être trouverait-il un moyen d'observer le technicien et de trouver une faille dans sa vigilence. Peut-être découvrirait-il une faiblesse qu'il pourrait exploiter afin d'exécuter son plan parfaitement. C'était la seule façon d'agir s'il voulait obtenir le résultat dont il rêvait secrètement. Le sens de l'observation et de l'analyse étaient des vertus qu'il possédait. Il fallait bien examiner toutes les composantes du problème et attendre le moment opportun.



Flavien lui, était content de sortir sur la planète, même avec Brad. Il aimait la nature et le plein air, et il avait besoin de sentir le soleil sur sa peau de temps en temps. Il appréciait que le Capitaine le reconnaisse et qu'il lui donne la chance de participer aux expéditions, même si techniquement il n'avait pas été formé pour cela à l'Académie. Il aimait bien apprendre de nouvelles choses et surtout contribuer à la mission.



Flavien avait préparé son matériel d'exploration et avait fait les réglages nécessaires sur son radar portatif alors que Brad avait préparé sa trousse d'échantillonnage, qu'il avait pris soin de déposer dans un sac noir avec une courroie. Tous deux vêtus de leur tenue d'exploration, ils se tenaient près du téléfax.



"Soyez de retour dans environs vingt à trente minutes" Dit le Capitaine en s'adressant à son second et au scientifique. "En attendant, nous allons analyser en profondeur les résultats préliminaires que vous nous enverrez avec le scanner portatif".



Les deux hommes firent un garde à vous et le technicien s'installa sur le téléfax. Valence activa les commandes, et il disparut. Elle répéta la manoeuvre et Brad disparut à son tour.



Lorsqu'il roula en bas du téléfax sur la planète, Brad leva les yeux et fut agréablement surpris. Cette planète semblait très hospitalière. Tiguidou Laï Laï comportait un grand ciel bleu qui s'étendait à l'infini, strié de nuages roses cotonneux qui rappelaient de la barbe à papa. La verdure était luxuriante et le grand lac devant eux miroitait la lumière du soleil de la planète, une naine rouge, comme des milliers de petits cristaux orangés.



Flavien semblait lui aussi prendre une pause pour admirer le paysage. Il se tourna ensuite vers Brad.



"Vous êtes prêt?"



Le scientifique s'avança vers les berges du lac et se mit à genoux, sortant divers flacons de son sac.



Flavien le regarda un instant, puis décida d'aller faire une petite marche de reconnaissance, voir à quoi ressemblait les alentours. Il voulait aussi s'assurer que le périmètre de sécurité était bien libre de tout danger.



Brad l'observa s'éloigner puis se remit à la tâche. Il prit plusieurs échantillons, les mis dans le support à éprouvettes, puis sortit des flacons contenant divers substances et sortit sa pipette.



Après quelques minutes, il conclut que les premières analyses n'indiquaient pas de contaminants majeurs. Il pouvait donc passer à la prochaine étape et…



"Pika pika…"



Brad figea. Quel était ce drôle de bruit?



"Pika?"



Le scientifique se retourna lentement.



Devant lui se trouvait un petit être tout jaune, avec des grandes oreilles pointues et des joues bien rondes et rouges. On aurait dit un chat, mais avec une queue en forme d'éclair.



"Aaaaaaah!!! Kessé ça?!?"



Brad recula de quelques pas et mit ses mains en position défensive.



Alerté par le cri de Brad, Flavien réapparut entre deux buissons, courant vers leur direction, l'arme au poing.



"Brad, qu'est-ce…."



Il s'interrompit, s'arrêtant net en apercevant l'étrange créature. Il baissa son arme lentement, alors que la bestiole inclinait la tête pour l'observer.



"C'est quoi ça?" Demanda Flavien en faisant un pas prudent vers le petit être jaune.



"Je l'sais pas, tirez!! Mais tirez donc, imbécile!"



Les genoux de Brad tremblaient comme jamais et ses dents claquaient de façon incontrôlable. Qu'est-ce qu'il attendait, cet idiot, pour tirer sur la créature?



"Pika?"



Le petit être s'avança vers Flavien, qui tendit la main. Voyant qu'il n'y avait aucune intention mesquine, le jeune officier caressa la tête de la créature qui ferma les yeux et se laissa flatter a la manière d'un petit animal de compagnie. Un sourire illumina le visage de Flavien.



"Pika pika"



"Tu aimes ça? On ne te veut pas de mal"



"Pika pika...pika?"



"Non, on ne vient pas d'ici"



"Pika… pika pika pika… pika"



"Ah, je comprends…"



Brad, qui avait observé l'échange, leva un sourcil.



"Vous comprenez ce qu'il dit?" S'enquit le scientifique, un air de dédain évident sur son visage. Il ne trouvait pas la créature particulièrement attrayante.



"Oui, étrangement… il dit que c'est un Pikachu."



"Un quoi?"



"J'pense que c'est le nom de son espèce."



Il se retourna vers le Pikachu.



"C'est ça?"



Le Pikachu s'approcha encore plus, levant une oreille.



"Pika! Pika pika pika pika. Pika… pika pika pika."



"Il dit qu'il a été abandonné ici" Traduit Flavien "Sa planète est à quelques systèmes solaires d'ici"



Le Pikachu sembla hocher la tête, comme pour confirmer ce que l'opérateur radar venait de dire.



"Pika pika...pika pika pika pika. Pika pika?"



"Il demande si on voudrait bien le ramener chez lui." Traduit encore Flavien, avant de s'adresser directement au petit être devant lui. "On pourrait demander au Capitaine."



Brad secoua la tête, mécontent.



"Ah non… vous allez pas encore ramener une de vos minables petites créatures à bord! Pis on va pas aller faire le détour jusqu'à son système solaire, franchement!"



Flavien se retourna vers lui, un air de désapprobation évident sur son visage.



"C'est pas à vous de décider cela, Brad, c'est au Capitaine!"



Flavien se retourna vers le téléfax et avertit le Capitaine de leur retour.



Brad rageait. Il alla ramasser ses échantillons en maugréant et se dit que maintenant plus que jamais, il devait exécuter son plan de vengeance… et il avait une bonne idée de la façon dont il allait s'y prendre.



***



Une fois téléfaxés à bord, l'équipage ne put que se réjouir de la venue d'un invité si mignon.



"C'est dont ben cute!!" S'exclama Valence en s'approchant du Pikachu dans les bras de Flavien.



"On dirait un ptit chat" Ajouta Pétrolia, ravie.



"Comment y s'appelle?" Demanda Bob.



Flavien sourit. Il savait que les membres de l'équipage aimeraient le petit être autant que lui.



"Pikachu"



"À vos souhaits" Fit Charles en s'approchant de la petite créature pour l'observer.



"Non" Répondit Flavien, amusé "Son nom c'est Pikachu… ben en fait c'est le nom de sa race mais il dit qu'il n'a pas de nom fait que…"



Charles releva les yeux et regarda son second.



"Vous pouvez communiquer avec lui?"



Flavien hocha la tête. Cela l'embêtait un peu, comment se faisait-il qu'il comprenait la créature? Était-ce à cause de sa moitié extra-terrestre?



Il décida que cela n'avait aucune importance, il aimait beaucoup le petit être jaune et il se pressa de poursuivre avec ce que Pikachu lui avait demandé.



"Capitaine, il dit qu'il a été enlevé par des Zoltoks, vous savez, la même espèce qui avait maltraité le mime…? Mais ils l'ont abandonné sur Tiguidou Laï Laï quand ils se sont aperçus qu'ils ne pourraient jamais le garder comme animal de compagnie. Il aimerait ça si on pourrait le ramener à sa planète, c'est pas très loin d'ici…"



Le Capitaine avait écouté attentivement. Il y eut quelques "aw!" de la part des membres de son équipage et alors qu'il allait répondre, Brad s'interposa.



"Comment ça que les Zoltoks pouvaient pas le garder? Il est dangereux, c'est ça? On doit le téléfaxer immédiatement sur la planète!! On doit s'en débarrasser Capitaine, on doit-"



"Non Brad!"



Le Capitaine détestait quand Brad essayait de prendre les décisions à sa place, surtout maintenant qu'il n'était même plus un officier. Le frapper sur l'épaule l'arrêtait net à tout coup. C'était la méthode la plus efficace que Charles avait pu trouver et il s'en servait régulièrement, sans trop de retenue, il devait se l'avouer. Il regarda la forme inerte du scientifique une demie seconde avant de retouner son attention vers Flavien.



"Je suis d'accord pour le ramener sur sa planète, puisque nous passerons dans ce coin là de toutes façons… mais dites-moi, Brad a-t-il raison de s'inquiéter de la sécurité du vaisseau?"



"Non, Capitaine, je ne pense pas. Pikachu est capable de se défendre avec des charges électriques s'il se sent menacé, mais il n'a pas l'air méchant…"



Charles le regarda d'un air incertain. Des charges électriques, ce n'était pas rien…



"Il est pas dangereux" Ajouta Flavien " J'le sens dans mon guts."



Il y eut un "Ah ben là…" collectif, tout le monde acceptant l'intuition ultra développée du second officier comme étant une vérité indéniable.



"Bon!" Dit le Capitaine "On le garde à bord et on ira le ramener sur sa planète dès qu'on aura rempli les réservoirs d'eau."



Il regarda Brad, qui se relevait lentement du sol.



"Aviez-vous terminé vos analyses?"



"Presque" Répondit Brad en se massant la nuque "Il me manquait juste à confirmer que l'eau ne contient aucune bactérie nocive".



Le Capitaine se retourna encore une fois vers son second.



"Retournez avec lui" Ordonna-t-il "Ensuite, je vous enverrai Serge et Bob pour qu'ils vous aident au transport de l'eau."



Flavien se mit au garde à vous, puis s'approcha de Pétrolia et déposa Pikachu dans ses bras. La jeune fille rayonnait. Elle n'avait jamais eu d'animal de compagnie et ce petit être, quoi que faisant partie d'une espèce intelligente, était ce qui se rapprochait le plus d'un petit chat ou d'un rongeur.



"Viens ici" Dit-elle en le caressant "As-tu faim?"



"Pika pika!"



Valence et elle s'éloignèrent vers la porte de la Salle de Commandement, cajolant le Pikachu et lui promettant de bien s'en occuper.



Bob, un peu jaloux de toute l'attention que recevait soudainement le Pikachu sans avoir même à lever le petit doigt, les interpella.



"Hey Pétrolia… moi aussi j'ai faim…"



Mais la porte se referma sans qu'aucune des filles ne l'ait regardé.



***



Les analyses d'eau furent concluantes et tel qu'ordonné par le Capitaine, les réserves d'eau potable furent remplies au maximum. Ce fut une procédure longue et pénible, mais ce fut fait en temps record, Serge ne se fatiguant pas à la tâche.



Une fois tous rentrés à bord, le Capitaine avait demandé à Flavien de traduire ce que leur disait Pikachu, concernant les coordonnées de sa planète natale. Comme prévu, ce n'était pas très loin de leur position actuelle, à seulement trois systèmes solaires de là.



La planète de Pikachu, Alola, était composée majoritairement d'eau et il y avait quatre îles principales sur lesquelles environs 7 millions de Pikachu, tous semblables à celui retrouvé à bord, y vivaient harmonieusement. Bien que très peu nombreux comparés aux humains, les Pikachu appréciaient avoir de grandes étendues verdoyantes et des forêts immenses. Il y avait aussi des régions volcaniques, où les Pikachu ne s'aventuraient pas, et d'autres quasi désertiques et moins attrayantes pour leur espèce. Le climat y était généralement chaud et humide.*



Le Capitaine demanda au pilote de définir la trajectoire. Si les Pikachu leur permettaient de descendre sur leur planète, il avait l'intention de s'y arrêter une journée ou deux, le temps de leur demander s'ils connaîtraient des planètes habitables dans le secteur et s'ils pouvaient se revitailler en nourriture.



La présence à bord du Pikachu semblait rendre l'équipage de bonne humeur (sauf Brad) et Charles lui-même ne pouvait qu'être sous le charme de cette petite créature si attachante. Pikachu suivait particulièrement Flavien à la trace, car c'était lui qui pouvait traduire ce qu'il disait, mais il aimait aussi se tenir près des filles qui lui donnaient tout ce qu'il voulait à manger. Partout où il allait sur le vaisseau, Pikachu rendait les membres d'équipage joyeux.



Il n'y avait que Brad qui semblait immunisé à son charme. Il se contentait de le regarder de loin, pensif. Le scientifique avait observé les membres d'équipage interagir avec le petit être jaune et son plan se faisait de plus en plus concret dans sa tête: Il allait utiliser le Pikachu afin d'atteindre son but. Ils allaient tous goûter à sa vengeance.



*J'y connais absolument rien en Pokemon, j'ai dû faire de la recherche. Pardonnez-moi si certains éléments sont divergeants de la franchise.

À suivre

Notes:
Brad met son plan à excécution... nous allons enfin voir The dark side of the Flavien >


Chapitre 3



Ce ne fut pas difficile de leurrer le Pikachu jusqu'au laboratoire. Très tôt le matin, avant que tout le monde ne se réveille, Brad l'avait attiré avec de la nourriture vers une cage dissimulée sous des toiles opaques. À l'intérieur se trouvait une grande assiette garnie de fruits aussi divers et qu'alléchants. Le petit extra-terreste s'était liché les babines en voyant un repas si appétissant. Il se dirigea tout droit vers le piège tendu par Brad, ne se doutant de rien. Aussitôt que le Pikachu y fut entré, la porte se referma derrière lui en un fracas métallique qui le fit sursauter.



"Pika!?!" Fit le petit être jaune en se retournant brusquement.



Le Pikachu ne devait pas être habitué aux manigances que pouvaient représenter des êtres aux intentions malicieuses. Il s'était fait berner tellement facilement que Brad se dit que cela avait été presque trop facile. Il ricana, satisfait.



"Toi la bibitte, tu vas rester gentiment enfermée dans ta cage jusqu'à ce que j'ai terminé mon plan."



"Pika pika pika!!"



"Ça ne sert à rien d'essayer de s'enfuir ou de faire du bruit, j'ai pensé à tout, même à mettre des toiles insonorisantes. Tu auras beau faire le vacarme que tu veux, personne ne t'entendra!"



Pikachu émit ce qui ressemblait à un grognement. Mais pour qui se prenait-il, cet humain, pour l'enfermer de la sorte?

Il hérissa le poil ainsi que sa queue en forme d'éclair.



"Pikaaaa!!!!"



Il tenta de lancer une décharge électrique au scientifique, mais la charge ne fit que rebondir sur la cage avant de se dissiper dans l'air avec un bref crépitement.



Brad rit encore une fois.



"Ça ne marchera pas dans cette cage, elle est à l'épreuve de tout."



Il commença à abaisser la toile sur la dernière partie de la cage non recouverte.



"Pika pika pika pik-"



Aussitôt la toile redescendue, il n'y eut plus aucun son. Brad se frotta les mains, satisfait: Son plan se déroulait comme prévu.



"Bye bye la bibitte… maintenant, à moi la vengeance"



***



Flavien avait l'habitude de déjeuner seul. Il était souvent le premier à sortir de la Cabine de Repos, prêt pour la journée, et il aimait la tranquillité dans la cuisine alors qu'il allait préparer son petit déjeuner avant de débuter son quart de travail.



Ce fut donc à sa surprise qu'il croisa le scientifique, qui refermait le frigo avec un verre de jus d'orange à la main.



"Vous êtes matinal" Lui lança-t-il en se dirigeant vers l'armoire.



Le technicien se prit un bol, puis il s'étira pour prendre la boîte de Scrounch Plouf*, ses céréales préférées. Elles lui rappelaient le bon vieux temps où il allait coucher chez Bob, lorsqu'ils étaient enfants. Maman Bob** avait toujours ces céréales dans le garde-manger et Flavien en profitait toujours pour s'en prendre un grand bol puisque c'était comme manger du dessert au déjeuner. Ce n'était pas les meilleures céréales pour la santé au monde, mais Flavien aimait en prendre de temps en temps au lieu de ses céréales habituelles.



Le scientifique s'approcha du grille-pain et sortit deux tranches de pain du sac qui traînait sur le comptoir.



"Oui, j'arrivais plus à dormir" Répondit-il en fixant ses toasts griller "J'ai rêvé que Bob avait été cloné… brr"



Il frissonna de dégoût puis se tut.



Flavien sortit le carton de lait du frigo et ne s'aperçut pas que Brad le fixait du coin de l'oeil lorsqu'il versa le reste du lait dans son bol avant de jeter le carton au recyclage. Il s'assit à la table et mangea ses céréales rapidement, pressé d'aller voir Pikachu avant de commencer sa journée de travail.



Brad le regarda dévorer son déjeuner et sourit en coin. Il avait réussi la deuxième partie de son plan et le technicien n'avait rien vu. Il avait avalé la totalité de la dose de sulfuro toxine de jus de poutine dissimulée dans le lait de ses céréales. Les effets se feraient bientôt sentir.



Flavien se leva, rinça son bol et sa cuiller puis les mit dans le lave-vaisselle. Il se retourna vers le scientifique, qui fit mine de se préoccuper de beurrer ses toasts.



"Avez-vous vu Pikachu?"



Brad releva les yeux.



"Je l'ai vu, oui" Dit-il en prenant une bouchée de sa toast "Il était avec le Capitaine, juste avant que je ne vienne me faire à déjeuner…"



Brad eut du mal a dissimuler son sourire. Il appréciait particulièrement cette partie du plan. Il n'avait qu'à bien jouer son rôle et le tout serait joué.



"Le Capitaine a mentionné qu'il pensait qu'il était trop dangereux pour garder à bord, on dirait qu'il commence à comprendre mon point de vue…"



L'opérateur radar sembla figer sur place.



"Hein? Comment ça, trop dangereux?"



Brad se retourna compètement pour lui faire face.



"Ben, à cause de ses charges électriques… Je l'ai entendu marmonner qu'il allait s'en débarrasser…"



Les yeux de Flavien s'assombrirent et le scientifique dut trouver la force de rester complètement sérieux pour ne pas trahir la joie qui montait en lui en ce moment même.



"Je pense qu'il a dit quelque chose à propos du téléfax et d'un astéroïde…"



Aussitôt sa phrase terminée, les yeux de Flavien devirent complètement noirs et Brad recula d'un pas: Il ne s'était pas attendu à un changement aussi soudain et drastique. La dernière fois qu'il avait vu The dark side of the Flavien, ses yeux n'avaient pas changé de couleur… avait-il fait une erreur sur le dosage?



Il vit la carrure du second officier changer de posture et trembler d'une rage si pure et si intense que Brad dut admettre qu'il n'avait jamais rien vu de tel auparavant. Il sentit une aura entourer le jeune homme comme une brume glaciale et il réprima un frisson. La respiration de Flavien s'intensifia et Brad commença à se demander s'il ne devrait pas fuir avant que l'officier ne se sorte de cette transe dans laquelle il semblait figé.



Brad recula de quelques pas, soudainement apeuré.



"Euhm… bon ben… j'vas y aller moi là!"



Il fit un mouvement pour s'éclipser mais Flavien bougea plus vite que l'éclair et le prit à la gorge, serrant d'une poigne sans merci, faisant craquer le cartilage et le soulevant du sol d'une seule main.



"Minute" Fit la voix rauque et grave du jeune technicien, tel un grondement venant du plus profond de sa gorge "Où est le Capitaine?"



Brad tapota sur la main qui le maintenait dans les airs, manquant d'oxygène.



"Pitié…" Fit-il d'une petite voix aigue "Il.. était… dans la Salle… de Commandement...ouch!...quand je l'ai vu..."



Flavien le tira par terre avec un cri de furie et partit vers la porte, le pas lourd et la respiration saccadée par la rage.



Lorsque la porte automatique se referma derrière lui, Brad se releva sur un coude en se frotta la gorge. Il sourit malgré la douleur. Flavien était maintenant fou furieux envers le Capitaine et celui-ci allait regretter de l'avoir nommé second officier à sa place. Le sourire de Brad s'élargit. Flavien démontrait maintenant son côté le plus sombre, une partie de lui-même refoulée au plus profond de son âme et il allait se faire haïr pour cela. Il serait considéré comme une menace pour le vaisseau ainsi que son équipage, et alors, il n'aurait pas d'autre choix que de rendre ses gallons de second officier, humilié et surtout détesté de tous. Ils allaient tous voir la vraie face cachée de ce maudit Flavien et ils allaient bien devoir admettre qu'il ne méritait pas toutes leurs éloges et leur affection.



***



Lorsque Bob s'était réveillé, il avait tout de suite eu la même pensée qu'à tous les matins: Il avait faim.



Il repoussa les couvertures et s'habilla rapidement, se brossa les dents et empoigna sa tuque avant de sortir de la cabine. Il emprunta le couloir qui menait au secteur C, où Serge avait l'habitude de se faire recharger. Il n'avait pas encore eu l'occasion de lui parler de son record et il voulait proposer à Serge de se joindre à lui au déjeuner, même si celui-ci ne mangeait pas de nourriture organique. Le robot accepterait sûrement, il aimait bien se joindre aux humains à l'heure des repas puisque c'était à ce moment que la plupart des interactions sociales se passaient. Serge essayait continuellement d'améliorer sa compréhension des êtres vivants.



Le pilote se rendit jusqu'à l'endroit où Serge se rechargeait, et le retrouva debout, comme à son habitude, un fil branché à son abdomen. Le voyant lumineux indiquait qu'il était complètement rechargé.



Alors qu'il tirait sur le câble, Bob remarqua quelque chose d'inhabituel: La porte de l'armurerie était entrouverte.



Le robot leva la tête, puis dans un grincement mécanique, se tourna vers le pilote.



"Bonjour Bob" Lui dit-il.



"Bonjour Serge…" Répondit Bob d'un air distrait.



Il fixait l'armurerie. Il n'aimait vraiment pas cela: Le seul temps où l'armurerie était ouverte, c'était quand ils étaient dans le trouble… pourtant, aucune alarme n'avait sonné. C'était inhabituel et cela inquiétait Bob.



Voyant que le pilote ne le regardait pas, le regard de Serge suivit celui de son ami et il remarqua lui aussi la porte entrouverte. Il avança d'un pas et indiqua au pilote de le suivre. Serge préfèrait se mettre devant l'équipage lorsqu'il y avait un danger potentiel. En plus d'avoir assumé le rôle du défenseur du vaisseau, l'androïde devait admettre qu'il trouvait cela déstabilisant pour ses circuits internes que les humains puissent être endommagés si facilement et surtout, qu'ils ne puissent pas être réparés aussi rapidement que lui. Il n'appréciait pas particulièrement de voir une partie de sa propre anatomie endommagée ou détruite, mais il avait vu à maintes reprises comment cela était plus facile pour Pétrolia de le réparer lui, une machine, en comparaison avec le reste de l'équipage.



Le robot avança, prudent, Bob sur ses talons. Il ouvrit la porte de l'armurerie d'une main, lentement, et jeta un coup d'oeil à l'intérieur.



Debout, dos à eux, se tenait Flavien., presque immobile. Il était lourdement armé, un fusil d'assault sur le dos, une carabine sur l'épaule, un arme automatique dans sa main et un fusil de poing dans son étui sur sa cuisse gauche. Le robot remarqua aussi qu'il y avait plusieurs couteaux à sa ceinture et même un autre presque entièrement dissimulé dans sa botte de combat.



Bob s'avança vers son meilleur ami, soudainement plus à l'aise que ce soit lui qui ait ouvert l'armurerie.



"Qu'est-ce qui se passe Flavien?" Demanda-t-il, maintenant juste à côté de l'opérateur radar "On a pas entendu d'alerte. Est-ce qu'on a une simulation à matin?"



Flavien se retourna lentement, sans bruit. Lorsque ses yeux rencontrèrent ceux du pilote, celui-ci recula d'un pas. Il n'avait jamais vu les yeux de son ami comme cela: Ils étaient complètement noirs, comme si quelqu'un avait versé de l'encre dans ceux-ci. Par contre, il reconnut son expression, son visage froid et dénudé de tout sentiment humain. Il recula d'un autre pas. Il ne savait pas ce qui avait pu provoquer cela, mais il savait trop bien que son ami n'était plus dans son état habituel.



"Flavien?" Fit-il d'un voix tremblante "Qu'est-ce qui s'est passé?"



L'officier en second, tête baissée mais le regard toujours sur lui, ne fit qu'émettre un long grondement sourd.



Le robot ne comprenait pas ce qui se passait. Flavien n'était évidemment pas dans son état normal, mais il n'avait jamais vu une telle transformation chez un humain. La réaction de Bob lui faisait penser qu'il avait une bonne idée de ce qui se passait et que c'était alarmant, mais Serge ne pouvait pas définir exactement ce que c'était.



Bob recula encore, cette fois accrochant l'androïde légèrement, l'espace étant restraint dans la petite pièce.



"Tsé Flavien, peu importe c'est quoi qui s'est passé, j'suis sûr que ça va s'arranger…"



Le technicien émit un autre grondement sourd, et avança d'un pas lourd, poussant la forme apeurée de son ami hors de son passage. Il sortit, son aura glaciale faisant frémir le pilote et laissant le robot perplexe: La température de la pièce avait-elle réellement baissé de quelques degrés pendant une seconde?



Bob se précipita sur l'intercom aussitôt que le bruit sourd des pas de Flavien se fut suffisement éloigné.



"Capitaine, on a un problème!"



*Voir la lecture de Bob dans "Morver, c'est mourir un peu"

**La maman de Bob s'appelle Bob, voir "La Créature"

À suivre .

Chapitre 4



L'alarme retentit dans tout le vaisseau. Il n'y avait pas de code d'alarme pour "Le dark side of the Flavien est lousse dans l'vaisseau" donc Charles avait choisi l'alarme turquoise avec des bretelles et un noeud papillon: "Présence d'une entité hostile à bord prenant l'apparence d'un membre d'équipage".



Sortant un fusil de sous son fauteuil de Capitaine (Valence lui avait fait remettre après qu'elle ait découvert qu'il l'avait remplacé par un certain magazine*), Charles s'adossa près de la porte coulissante. Il chargea son arme et attendit.



Le son de sa montre le fit regarder son poignet et il prit son fusil d'une main, appuyant rapidement sur son communicateur..



"Capitaine!" Fit la voix grésillante de Pétrolia dans l'émetteur "Qu'est-ce qui s'passe? Valence et moi, on était dans la Salle de bain en train de se préparer…"



"Restez là!" Les pressa Charles "Et cachez-vous… Bob m'a informé que Flavien est entré dans son côté sombre…"



"Flavien?" Répondit Valence à son tour dans le communicateur, la voix pleine d'inquiétudes "Comment ça, qu'est-ce qui est arrivé?"



"Je l'sais pas... J'ai l'impression qu'il va se présenter dans la Salle de Commandement. Bob et Serge sont en chemin, ils vont apporter des armes de surplus."



"Sois prudent, Charles"



Il acquiesça rapidement et coupa la communication. Le Capitaine reprit sa position, sur ses gardes. Il n'y avait que le vrombissement des moteurs et le bip régulier des instruments de bord. Charles attendit patiemment, espérant que Bob et Serge arrivent avant Flavien.



Charles avait déjà vu le côté sombre de son second officier et même s'il savait que Flavien ne contrôlait pas cette partie de lui-même, il n'en restait pas moins qu'il devenait extrêmement dangereux. Le Capitaine n'avait jamais reproché à Flavien son comportement lorsqu'il avait été dans cet état la dernière fois: Brad s'était amplement mérité les foudres de l'opérateur radar. Il avait d'ailleurs été chanceux d'être épargné. Charles lui-même aurait bien pu l'éviscérer pour avoir fait subi un tel sort au mime.



Le Capitaine ne savait pas ce qui avait bien pu provoquer Flavien cette fois-ci, mais il avait un doute que Brad était impliqué. Il espérait seulement qu'il ne soit rien arrivé au Pikachu et que Flavien puisse se sortir de cette obscurité par lui-même.



Soudain, il entendit un pas lourd s'approcher, et il réalisa que ce n'était malheureusement pas son pilote ou le robot. Il serra son arme, prêt à faire face à son technicien.



La porte s'ouvrit et la forme imposante de Flavien en traversa le cadre. En sa présence, l'atmosphère de la Salle de Commandement devint aussitôt lourde et glaciale.



Charles l'interpella, l'arme braquée sur lui mais sans la décharger. Au fond de lui-même, il voulait réellement éviter de tirer sur son officier en second.



"Flavien? Qu'est-ce qui se passe?"



Le jeune homme se retourna vers lui, et Charles enserra son arme encore plus lorqu'il vut les yeux complètement noirs du technicien.



"Qu'est-ce qui vous est arrivé?" Ajouta-t-il, la voix légèrement vacillante.



Charles eut l'impression que le regard du second officier le transperçait et il recula lorsqu'un grondement sourd émana de la forme sombre, tremblante d'une furie incontrôlée.



"Pikachu?" Fit la voix rauque du jeune officier.



Charles hésita. Était-il arrivé quelque chose à la petite créature?



"Je euhm… il est pas ici"



Charles eut à peine le temps de terminer sa phrase: En un cri de rage, l'homme devant lui se précipita, chargeant sur lui comme un fauve sur sa proie. Charles saisit son arme à deux mains et le coup détonna avant même qu'il n'ait pu réaliser qu'il avait tiré.



Flavien s'immobilisa une seconde, puis gronda de plus belle et Charles réalisa son erreur. Le technicien radar semblait immunisé contre les charges paralysantes lorsqu'il était fou de rage. Il avait résisté à celles-ci lors de l'incident avec son père**, aux dires de Bob et Brad, mais Charles ne l'avait jamais vu de ses propres yeux. Il n'eut pas le temps de changer le type de charge sur son fusil. Une main l'empoignait déjà à la gorge et le souleva dans les airs avec un cri rauque. Une furie irraisonnée se reflétait dans le regard du second officier.



Les pieds de Charles balançaient dans les airs et il commençait à manquer de souffle. Devant ses yeux dansaient déjà une multitude de petits points blancs et il eut la vague impression qu'il avait entendu les portes coulissantes de la Salle de Commandement s'ouvrir.



Ce fut devant cette scène que le pilote et le robot se retrouvèrent: Leur Capitaine, suspendu dans les airs, suffoquant dans la prise sans merci de l'opérateur radar en furie.



Bob paniqua, ne sachant pas quoi faire. C'était son meilleur ami et il était en train de tuer leur Capitaine. Il figea, complètement incapable de se décider à tirer. Derrière lui, Serge pointa son arme. Étant un robot, il savait qu'il devait protéger la vie du Capitaine à tout prix. Il savait aussi que Flavien résisterait aux charges paralysantes, cette information ayant été emmagasinée dans son disque dur. Il appuya sur la gachette et un rayon de charge destrusstrice atteint le second officier de plein fouet. Celui-ci s'effondra, inconscient.



Le Capitaine s'affaissa aussi, tombant à genoux et prenant sa gorge d'une main. Il respirait avec difficulté, tentant de reprendre son souffle.



Le robot s'avança vers lui.



"Capitaine, êtes-vous correct?"



Charles hocha la tête, ne faisant pas encore confiance à la stabilité de sa voix.



Derrière Serge, Bob se prenait la tête à deux mains.



"Une charge destruss...destruss...Tu l'as tué…"



Il secouait la tête, fixant son meilleur ami étendu par terre.



"Ben non Bob" Répondit l'androïde de la voix la plus compatissante qu'il put émettre "Tu le sais bien qu'il résiste aux charges destrusstrices quand il est furieux. Il est juste sonné."



Le pilote continua de fixer son ami, incertain.



Le Capitaine se releva lentement, prenant appui sur le mur à côté de lui. Il massa sa gorge puis se retourna vers ses deux membres d'équipage.



"Zerge… emmenez-le dans l'entrepôt numéro 2, il est vide en ce moment."



Il toussa puis s'éclaircit la voix. Il était ébranlé par ce qui venait d'arriver. Flavien, son bon et loyal second officier, l'avait presque étranglé. Il n'arrivait pas à assimiler cette information complètement, mais il se devait de réagir en tant que commandant et neutraliser le danger immédiat.



"Bob, suivez-le et assurez-vous qu'il ne se réveille pas. Une fois là bas, barricadez la porte. C'est une pièce sans issues, il ne devrait pas pouvoir s'en échapper."



Les deux homme firent un garde à vous, puis Serge se pencha pour saisir la forme inerte du second officier, toujours inconscient sur le sol. Il le prit et le souleva sans effort, l'amenant en dehors de la pièce, suivi de Bob qui braquait son fusil sur son meilleur ami.



Le Capitaine sortit après eux.



***



Ce n'était pas parce qu'elles ne pouvaient pas manier une arme, mais bien parce qu'elles n'en avaient pas sous la main que Valence et Pétrolia s'étaient barricadées dans la Salle de Bain. Elles avaient chacune un bout de tuyau à la main, juste au cas. Charles leur avait dit de rester à cet endroit car Flavien était libre dans le vaisseau et pris dans son côté obscure. Pétrolia ne l'avait jamais vu dans cet état, mais Valence se souvenait trop bien de la dernière fois où c'était arrivé. Il avait été agressif, violent même envers tous ceux qui avaient croisé son chemin. Il avait porté la main sur le Capitaine, chose qu'il n'aurait jamais même osé penser en temps normal.



Valence s'inquiétait pour Charles. Qu'arriverait-il si Flavien se retrouvait seul avec un des membres d'équipage dans cet état? Elle avait analysé ses ondes cérébrales à la suite du premier incident et lui avait fait passer une batterie de tests afin de déterminer les causes, déclencheurs et effets sur le psyché de cet état d'esprit anormal. À l'époque, elle avait été très intriguée par cette transe. Elle n'avait jamais vu rien de tel et elle n'avait aucune référence malgré toutes ses études en psychologie humaine. Évidemment, par la suite, ils avaient découvert que Flavien avait une moitié de lui-même qui n'était pas humaine, ce qui expliquait bien des choses. Par contre, Valence n'y connaissait rien en psychologie et en physionomie extra-terrestre. Son seul patient était le jeune technicien, alors elle ne pouvait le diagnostiquer que par observation de ses comportements normaux et anormaux.



Elle regarda la jeune fille à côté d'elle, elle aussi accroupie derrière le mur carrelé, nerveuse et incertaine. Valence savait qu'elle avait encore des sentiments pour l'opérateur radar. La psychologue comprenait que Pétrolia était très inquiète pour lui, de façon beaucoup plus personnelle que les autres, même si elle ne voulait pas l'avouer à voix haute.



"Il va être correct, hein?" Demanda la jeune fille lorsqu'elle s'aperçut que Valence l'observait.



Valence hésita, mais décida d'être franche avec elle.



"Je l'sais pas… ça dépend de ce qui l'a déclenché et s'il va pouvoir se ramener à la raison."



"Yé tu dangereux?"



Pétrolia avait toujours eu des sentiments pour le jeune technicien. Il était tellement beau, toujours gentil avec elle et plein d'empathie envers les autres. Elle avait entendu parler de l'incident avec le mime, et même si Brad avait mérité de se faire lapider, Pétrolia devait avouer que de savoir que le jeune homme avait eut l'intention, consciente ou non, de déchaîner sa rage sur le scientifique la rendait anxieuse. Elle ne l'aimait pas moins, mais savoir que son côté sombre pouvait être si puissant, c'était déstabilisant.



"Il peut être dangereux, sans le vouloir." Répondit Valence.



Pétrolia hocha légèrement la tête.



"Qu'est-ce qu'on fait s'il vient ici? On va quand même pas lui donner des coups de tuyau?"



"Ça m'étonnerait qu'il vienne ici… "



Juste comme elle finissait de dire cela, un bruit se fit entendre de l'autre côté de la porte barricadée de la salle de bain. Les deux filles laissèrent échapper un petit cri de surprise.



Il y eut deux petits coups, puis:



"Valence? Pétrolia?"



C'était la voix du Capitaine.



Toutes deux laissèrent échapper un soupire de soulagement. Elles se levèrent et allèrent dégager la porte.



Aussitôt que celle-ci fut ouverte, Charles entra et Valence se pendit à son cou, heureuse de le voir en vie.



"Charles, t'es correct!"



Il lui rendit son étreinte brièvement, puis la regarda dans les yeux.



"Oui, on a réussi à maîtriser Flavien."



Pétrolia l'observa et remarqua des marques bleutées qui commençaient à paraître sur le cou du Capitaine.



"Capitaine, qu'est-ce que…"



Elle porta ses doigts au cou du Capitaine, comme pour observer les marques de plus près. Valence les remarqua aussi après une seconde, son expression changeant immédiatement à un air alarmé.



"Oui, euh… on l'a maîtrisé avec un peu de difficulté disons."



Valence n'avait pas l'air convaincue. Elle le regarda, le pressant de tout lui dire. Ses yeux céruléens croisèrent les siens et il s'attendrit un moment.



"Je vais bien…" La rassura-t-il "Inquiète-toi pas… mais j'aurais besoin de ton aide."



Prenant son ton de commandant, il ajouta:



"Bob et Serge ont enfermé Flavien dans l'entrepôt numéro 2. Lorsqu'il va se réveiller, il faudrait tenter de le sortir de son dark side..."



Valence reprit son sérieux de psychologue, ayant un patient à traiter.



"Il est tu vraiment loin dans son côté sombre?"



Charles prit un air grave.



"Valence, j'ai jamais vu ça… il est submergé. Je sais même pas s'il nous reconnaît."





À suivre.



*Voir "Les Esclaves"

**Voir "Oedipe Bouchard" Comment ça qu'il y resiste dans cet épisode mais dans le 1er film, il reste paralysé pendant plusieurs minutes après que Bob lui ait tiré dessus, hein hein?? J'ai trouvé une explication.

Notes:
C'est ça qui est ça... l'équipage se regroupe et tente de trouver une solution.


Chapitre 5

Ce que Brad aimait le plus dans son plan, c'était qu'une fois que The dark side of the Flavien était relâché, il n'avait plus rien à faire. Flavien allait détruire sa propre réputation et il n'aurait pas à lever un seul doigt.

Tout ce qu'il avait eu à faire depuis que l'opérateur radar était sorti de la cuisine, c'était de rester hors de son chemin. Il s'était trouvé une petite cachette, derrière un grand panneau où se trouvait les accessoires culinaires.

Brad frissonna. Le regard de Flavien lui avait glacé le sang. Même le MJedi de l'ombre, même le Yâble ne lui avaient pas fait cet effet là. Il n'était pourtant pas étranger à la malveillance et à la méchanceté. Il en avait fait des vacheries dans sa vie. Il avait fait des écœurantries de façon volontaire, mais il avait aussi été chien sale sans que ce ne soit prémédité. Mais même lorsqu'il avait voulu mener à bien ses plans les plus infâmes, il était certain de ne jamais avoir été habité par une telle furie.

Il commençait à se demander s'il n'avait pas un peu dépassé les bornes. Il voulait que Flavien se fasse détester, pas qu'il tue le reste de l'équipage…

"Qu'est-ce que j'vas faire si il réussit à les tuer? … J'veux pas être tout seul!"

Brad commença à se ronger les ongles de façon anxieuse. L'angoisse montait en lui et il se demandait s'il ne devait pas aller voir ce qui se passait dans le reste du vaisseau… mais il avait la chienne! Il ne voulait pas sortir de sa cachette, d'un coup qu'il croiserait Flavien!

Par contre, si l'équipage arrivait à maîtriser Flavien, ils seraient tous concernés par son agressivité et ils allaient sûrement regretter que leur choix se soit posé sur le technicien comme second officier. Brad se dit qu'il ne voulait pas manquer ça.

Lentement, il ouvrit le panneau et jeta un coup d'oeil à l'extérieur. Pour le moment, rien ne bougeait. Il risqua un pas, sur la pointe des pieds… toujours rien.

Brad sortit complètement de sa cachette et avança prudemment. Il se rendit jusqu'à la porte coulissante, espérant que le bruit de celle-ci n'alerte pas l'officier en second. Il marcha à pas feutrés, le long du corridor et se dirigea vers la Cabine de Repos.

***

Dans sa cage, le Pikachu rageait. Mais quelle sorte de créature pouvait être aussi vile et méchante que cet humain qu'ils appelaient Brad? Flavien l'avait bien mis en garde contre le scientifique, mais Pikachu s'était dit qu'il exagérait sûrement. Il avait ignoré ses avertissements et maintenant, il se retrouvait dans de beaux draps!

Il avait essayé de crier, de frapper sa cage, de ronger les barreaux, et même d'envoyer les décharges électriques les plus fortes qu'il avait pu généré. Malheureusement, toutes ses tentatives avaient échoué.

Au moins, il avait suffisamment à manger pour le moment, mais il trouvait qu'il faisait un peu chaud sous ces toiles insonorisées qui recouvraient la cage. Il avait bien essayé de tirer dessus, mais en vain. Le scientifique avait dû les fixer solidement. Comme il s'en était vanté, il avait bien pensé à tout.

Pikachu soupira. Ce n'était pas comme cela qu'il s'était imaginé son voyage de retour jusqu'à Alola. Il espérait sincèrement que les autres allaient le retrouver rapidement. Ils avaient dû s'apercevoir de sa disparition maintenant. Qu'est-ce qui pouvait bien les retenir de le chercher partout sur le vaisseau?

***

Lorsque Charles, Valence et Pétrolia arrivèrent devant la porte de l'entrepôt numéro 2, Serge était en train de souder des barreaux là où il y avait eu la petite fenêtre sur la partie supérieure de la porte. Bob se tenait à quelques mètres de là, son fusil braqué sur la porte. Des éclats de vitre jonchaient le sol, légèrement teintés de sang.

"Qu'est-ce qui s'est passé?" Interrogea immédiatement le Capitaine.

Bob, sans baisser son arme, répondit.

"Flavien s'est réveillé et a enfoncé la vitre avec son poing. J'ai dû lui tirer dessus pour qu'il se calme, il est de nouveau inconscient."

Bob détestait le fait qu'il ait dû tirer sur son ami, mais la vérité était que celui-ci lui faisait vraiment peur. Il n'était plus le bon vieux Flavien qui avait grandit avec lui comme son frère. Il était violent, sauvage même. Lorsqu'il avait fracassé la fenêtre, il l'avait fait avec un tel cri de rage que Bob ne se rappelait pas avoir jamais entendu quelque chose d'aussi féroce sortir de la bouche de son ami… ou de personne en fait. Il ne le reconnaissait plus et il avait franchement peur que Flavien soit si profondément perdu dans son côté obscure qu'il ne pourrait pas s'en sortir.

Valence s'approcha de lui et lui posa une main sur l'épaule, devinant son inquiétude face à Flavien. Elle savait que cela le rongeait d'avoir eu à tirer sur son meilleur ami. Bob était si fragile, il acceptait mal de devoir causer du tort à ceux qu'il aimait, particulièrement à ceux qu'il considérait sa famille. Valence espérait seulement que les charges destrusstrices à répétition n'auraient pas d'effets à long terme.

Serge finissait de faire la soudure sur le dernier barreau et sa créatrice s'approcha de lui afin de voir son travail. Il avait soudé solidement d'épais barreaux, mais aussi une genre de porte métallique pour pouvoir refermer l'ouverture complètement. Il se retourna vers elle.

"Ne viens pas trop proche, Pétrolia" Lui dit-il en rangeant son matériel "Flavien ne sera pas inconscient encore longtemps"

Charles s'approcha de Serge à son tour. Il jeta un bref coup d'oeil à travers l'ouverture de la porte, son regard tombant sur la forme inerte allongée sur le sol. Il recula ensuite de quelques pas, faisant face au robot.

"Avez-vous une idée de ce qui a pu provoquer une telle réaction?"

"Aucune idée, Capitaine, mais les probabilités que Brad soit impliqué sont de…" Il y eut une pause, le temps que l'androïde calcule toutes les variables "94,7%"

Le Capitaine soupira d'exaspération. Brad était vraiment une plaie dans ce vaisseau et si ce n'était pas du fait qu'ils avaient absolument besoin d'un scientifique pour mener à bien la mission, il y aurait eu longtemps que Charles l'aurait abandonné sur une petite planète où il ne ferait plus suer personne!

"Brad, bien sûr" grinça-t-il entre ses dents.

"Capitaine" S'interposa Pétrolia "Avez-vous vu Pikachu ce matin?"

Charles dut s'avouer qu'il avait pensé à la petite créature extra-terrestre rescapée à bord, mais son attention avait été déviée ailleurs lorsqu'il s'était retrouvé aux prises avec son second officier enragé.

"Non, je ne l'ai pas vu depuis plusieurs heures"

"J'espère que Brad lui a rien fait…"

Pétrolia était plutôt inquiète pour le Pikachu. Comme Flavien, elle s'était rapidement prise d'affection pour le petit être jaune, si attachant. Elle espérait sincèrement qu'il ne lui était rien arrivé de fâcheux.

"On devrait peut-être chercher le vaisseau?" Demanda Valence en s'avançant vers eux.

Charles considéra un moment ce qu'ils avaient à faire.

"Bon, on se divise en groupes" Décida-t-il "Cherge, vous montez la garde ici. Valence, restez avec lui et tentez de trouver un moyen pour sortir Flavien de son côté sombre."

Il se retourna vers la technicienne et le pilote.

"Bob, Pétrolia et moi, on cherche le vaisseau. Je veux qu'on retrouve le Pikachu, mais aussi Brad. Ce salaud est sûrement impliqué… il doit se cacher quelque part"

Tous firent un garde à vous. Serge se posta à côté du nouveau cachot improvisé, arme à la main. Valence sortit son carnet de sa poche et commença à planifier un traitement pour son patient avec l'information recueillie jusqu'à maintenant. Le Capitaine fit signe à Bob et à Pétrolia de le suivre. Ils allaient fouiller chaque pièce du vaisseau s'il le fallait, mais ils allaient retrouver le Pikachu ainsi que cette andouille qui leur servait de scientifique.

***

Il n'y avait rien d'inhabituel dans la Cabine de Repos. Brad poussa un soupire de soulagement. Il ne voulait vraiment pas se retrouver seul avec l'opérateur radar dans l'état où il se trouvait.

Le scientifique s'approcha de son lit, fouilla sous son matelas et en ressortit le dossier médical de Flavien où il l'avait dissimulé la veille. Il feuilleta rapidement les pages, puis il sortit celle où il avait fait son calcul sur le dosage. Il la révisa attentivement.

"Ben non" Murmura-t-il pour lui-même "J'ai pas dépassé le dosage… J'me demande si c'est l'effet normal du sulfuro toxine de jus de poutine sur le côté obscure…"

Un sourire apparut sur les lèvres du scientifique. Ce n'était peut-être pas une mauvaise chose que la substance ait eu un effet si inattendu sur Flavien. Il pourrait peut-être assister à la destitution de l'opérateur radar plus tôt que prévu et enfin savourer sa vengeance. Jamais le Capitaine ne pourrait même justifier garder une telle menace comme second officier. Peut-être qu'il ne le garderait même pas sous son commandement. Après tout, tous auraient finalement vu le côté obscure de Flavien, sa vraie nature cachée sous son extérieur de gentillesse et de compassion.

Le scientifique se frotta les mains. Si son plan était en train de se réaliser comme prévu, les heures étaient comptées avant que Flavien ne perde son grade et Brad comptait bien y assister.

***

Le Capitaine, Bob et Pétrolia s'étaient séparés afin de chercher le vaisseau de la façon la plus efficace possible. Ils avaient tous pris une arme, ne sachant pas si le scientifique était impliqué et quelles étaient ses intentions si c'était le cas.

Le Capitaine avait décidé de revenir à la Salle de Commandement pour vérifier que le téléfax n'avait pas été utilisé récemment. Il espérait de tout coeur que Brad n'ait pas décidé de se débarrasser du Pikachu comme il l'avait fait avec le mime. Il avait une boule dans la gorge, juste à y penser, et se promit que si tel était le cas, il l'enfermerait dans l'entrepôt numéro 2 avec Flavien sans remords.

Bob lui, était retourné à l'armurerie ranger les armes saisies sur Flavien et il allait verrouiller à nouveau la porte à double tour. Pas question de laisser l'opérateur radar s'armer à nouveau si jamais il s'échappait. Le pilote faisait confiance à Serge et en ses talents de défenseur du vaisseau, mais Bob était quand même nerveux. Il ne voulait pas prendre de chances, pas après avoir vu une telle furie chez son ami.

Quant à Pétrolia, elle avait décidé de chercher le centre de santé, non pas parce qu'elle pensait y trouver Brad ou Pikachu, mais plutôt parce qu'elle voulait prendre certaines précautions. En tant que médecin de bord, Flavien n'était pas que son ami et collègue, il était lui aussi son patient. Cela n'effaçait pas les sentiments qu'elle avait pour lui, mais elle se devait de rester objective. Par contre, si elle se l'avouait vraiment, elle était très inquiète. D'après ce que le Capitaine avait décrit, Flavien n'était vraiment pas lui-même et elle avait peur qu'il ne blesse un des membres d'équipage ou bien encore qu'il ne reste dans cet état de façon permanente.

Elle se décida à presser le pas et à se préparer mentalement à toute éventualité. Elle devait faire son travail avant tout et s'angoisser n'avancerait pas les choses.

Lorsqu'elle entra au Centre de Santé, elle fouilla la pièce, l'arme au poing, s'assurant que Brad n'était pas dissimulé derrière une porte ou sous un lit. Il ne semblait pas y avoir de trace de lui ou du Pikachu.

Une fois qu'elle eut vérifié toute la pièce, elle sortit sa trousse d'un tiroir et en vérifia le contenu. Elle avait le nécessaire de premiers soins, mais elle sortit aussi un support où se trouvait une multitude de petits flacons et elle commença à les vérifier un à un. Elle prit un puissant calmant, un stabilisateur hormonal et un agent paralysant… juste au cas, se dit-elle. Elle ajouta aussi à son sac une petite trousse de seringues et un scanner médical portatif.

Une fois la trousse remplie, elle décida de sortir les dossiers médicaux afin de vérifier s'il existait des informations supplémentaires qui pourraient lui être utiles.

Elle ouvrit le classeur, puis fouilla… mais aucune trace du dossier médical de l'opérateur radar. Il était introuvable.

Pétrolia leva un sourcil. L'avait-elle égaré? Peut-être Valence en avait-elle eu besoin…

Elle ferma le classeur et prit note d'en parler à la psychologue. Prenant sa trousse au passage, la jeune fille sortit du Centre de Santé d'un pas rapide.

***

Lorsque Valence travaillait sur le dossier d'un patient, elle avait besoin de calme. Serge était le compagnon idéal: Il montait la garde mais restait parfaitement silencieux. Étant un robot, il ne lui était pas difficile de rester complètement alerte et en même temps entièrement immobile. La psychologue se sentait en sécurité et appréciait son sens du devoir.

Ayant côtoyé les mêmes personnes pendant presque quatre ans, Valence n'avait pas besoin de leur dossier sous la main pour se remémorer leurs profiles psychologiques. Elle avait une connaissance approfondie de leurs personnalités et de leurs comportements normaux. Elle savait entre autres quels étaient les valeurs profondes, les points sensibles et les déclencheurs de chacun. Elle ne se servait jamais de ses connaissances afin d'arriver à des fins égoïstes, mais il lui arrivait de s'en servir pour leur propre bien quand cela était nécessaire… Et dans le cas de Flavien, c'était d'une nécessité pressante.

Elle n'avait pas encore pu l'observer directement, mais d'après ce que Charles lui avait décrit, le second officier était profondément submergé dans une transe dont il ne pouvait plus se sortir. Il avait pratiquement dit qu'un seul mot et il ne semblait pas reconnaître les autres membres d'équipage, du moins pas entièrement. Charles avait aussi mentionné que ses yeux étaient complètement noirs, changement qui inquiétait la psychologue au plus haut point. Elle craignait que son état n'ait non seulement des répercussions psychologiques, mais aussi physiques. Bien sûr, cela était sans compter les répercussions que cet étrange côté sombre auraient sur le reste de l'équipage.

Valence soupira. Si Brad était réellement impliqué, cela voulait dire qu'elle aurait à préparer un plan d'intervention intensif et à passer plusieurs heures en thérapie avec lui. Elle était déjà épuisée en pensant aux piles de dossiers qu'elle devrait préparer juste pour s'occuper de son cas. De plus, elle devrait trouver le moyen d'empêcher Charles de le fusiller lorsqu'il le trouverait. Il semblait plutôt calme et axé sur son devoir en tant que Capitaine, mais elle savait que ce n'était qu'une façade. Si Charles savait se concentrer sur son travail, dès qu'il aurait une preuve indéniable que le scientifique était la cause de tout ce fiasco, il perdrait sûrement son sang froid et serait bien capable du pire envers le second destitué.

Valence savait qu'il avait toujours considéré ses membres d'équipage comme ses protégés, surtout les plus jeunes, et cela était particulièrement vrai pour Flavien. Dès le début de la mission, il l'avait pris sous son aile et il l'avait guidé, conseillé et outillé jusqu'à ce qu'il prenne peu à peu confiance en lui, suffisamment pour qu'il soit éventuellement prêt à être nommé second officier. La décision n'avait pas été difficile, se disait Valence, car en plus d'être le plus qualifié, il était aussi le plus dévoué.

Peu à peu, tout au long de la mission, Valence avait vu leur relation se transformer, passant de relations professionnelles à une amitié profonde entre deux égaux, mais les deux hommes étaient bien plus que cela: Charles le considèrerait toujours comme étant sa responsabilité, et si quelqu'un devait poser un geste mal intentionné envers Flavien, le responsable devrait le payer cher. Dans ce cas précis, Valence était du même avis que Charles et bien qu'elle n'avait pas ce lien profond avec l'opérateur radar, elle le considérait quand même comme un de ses proches, sa famille spirituelle si elle devait se l'admettre vraiment. Il lui était donc particulièrement important de le ramener de son côté sombre, et ce, le plus vite possible.

Alors qu'elle commençait à énumérer sur papier les causes possibles du déclenchement du côté obscure, un bruit de froissement, puis un grognement se fit entendre.

Valence releva ses yeux de son calepin et fixa la porte une seconde. Flavien devait s'être réveillé.

Valence se mit debout et marcha vers la porte. Elle était un peu nerveuse, mais se devait d'examiner le comportement de son patient, aussi volatile soit-il.

Serge détourna son regard vers elle.

"Attention Valence, ne t'approche p-"

Son dernier mot fut coupé par un cri de rage et la porte vibra en entier alors qu'un poids énorme s'abattit contre elle.

Valence recula, surprise par le bruit soudain. Cet élan de colère, c'était tellement atypique du comportement habituel du jeune homme.

Elle entrevit rapidement un regard glacial et inhumain entre les barreaux, puis celui-ci disparut.

Le robot pivota et appuya son poids tout entier juste à temps car un second coup, cette fois bien plus violent, vint se fracasser à la porte qui sortit de ses gonds.

S'appuyant lourdement contre la porte, Serge tentait tant bien que mal de contenir la forme furieuse à l'intérieur de la petite pièce. Il se rappelait que Flavien devenait particulièrement fort lorsqu'il était enragé, mais jamais il n'avait enregistré une telle force chez lui. Il poussait contre la porte, mais ses pieds glissaient contre le sol froid et métallique du vaisseau. De l'autre côté provenait un grondement presque animal. Alors qu'il résistait tant bien que mal, Serge ferma les yeux et concentra tous ses circuits internes à lui fournir le maximum d'énergie.

Il devait tenir cette porte fermée... à tout prix.



À suivre...

Chapitre 6



Valence était peut-être une psychologue, mais cela ne l'empêchait pas d'être débrouillarde. Lorsqu'elle vit la porte sortir de ses gonds, sa première réaction fut de reculer. Par contre, aussitôt son choc initial passé, elle saisit les outils de soudure de Serge et activa le mécanisme. Même sans fusil, si elle devait se défendre, elle aurait au moins quelque chose sous la main. Elle s'approcha lentement de la porte.



"Flavien… Flavien, c'est Valence. Est-ce que tu me reconnais?"



Il y eut un grondement additionnel, mais il se tut après quelques secondes. Valence pouvait entendre sa respiration, profonde et haletante.



"Flavien… peux-tu arrêter de pousser sur la porte?"



Silence.



"S'il te plaît Flavien… tu me fais peur…"



Il y eut un autre silence, puis Serge sentit le poids sur la porte cesser de pousser sur celle-ci et il se redressa en une position plus verticale. Il osa jeter un oeil à l'intérieur et vit Flavien, debout au milieu de la pièce. Il gardait la tête baissée et ses yeux noirs fixaient droit devant lui. Sa respiration était lourde et ses poings serrés, mais il ne semblait pas vouloir bouger de cet endroit.



Serge recula mais décida de rester vigilent. Il considérait toujours Flavien comme une menace potentielle et Valence se tenait tout près de lui. Il devait la protéger. C'était son devoir, non seulement car il était le défenseur du vaisseau mais aussi parce qu'il la considérait comme un membre de sa famille. Un robot n'avait habituellement aucun lien d'affection envers qui que ce soit, mais le module d'émotions de Serge lui faisait ressentir toutes sortes de sentiments qui auraient autrement été impossible à percevoir pour une machine. Serge était certes un androïde, mais il avait dû apprendre à gérer ses émotions et naviguer le monde avec celles-ci. Il ressentait donc le besoin de protéger Valence de tout danger potentiel, mais aussi tout l'équipage, incluant Flavien, ne serait-ce que de lui-même.



Il regarda Valence, qui déposa l'outil et lui fit signe de se déplacer à côté de la porte. Serge haussa un sourcil, puis secoua la tête. Pas question de laisser Valence s'approcher de Flavien alors que son comportement était complètement erratique.



Valence prit un air contrarié. Elle savait que Serge tentait seulement de la protéger, mais elle avait un travail à faire et un patient à soigner. Elle mit ses mains sur ses hanches et leva un sourcil à son tour. Elle lui fit un signe de tête en direction du côté de la porte.



Lorsque Serge ne broncha pas, elle s'avança et prit un air menaçant. Même si elle n'était pas très grande, Valence savait se faire respecter et Serge n'échappait pas à la règle. De plus, depuis qu'elle et Charles avaient dévoilé leur relation, l'équipage semblait encore plus craindre lui désobéir en raison de son statut de blonde du Capitaine. Par contre, Valence n'avait pas besoin de ce statut pour faire valoir ses choix et ses opinions. Elle était plus que capable de les défendre elle-même et à ce moment précis, elle s'attendait bien à ce que Serge se pousse de là afin qu'elle puisse faire son travail.



Serge considéra ses options. Il pouvait continuer de bloquer le chemin à Valence et risquer qu'elle ne pique une crise de nerfs, en plus de s'attirer les foudres du Capitaine pour avoir désobéi à sa compagne. Par contre, s'il la laissait passer, il craignait qu'elle ne se place en position de danger et le Capitaine serait tout aussi furieux contre lui pour lui avoir laissé courir ce risque. Il n'était pas certain s'il craignait plus la colère du Capitaine ou celle de Valence. Il devait aussi considérer le fait que, juste en parlant à Flavien, elle avait réussi à le calmer quelque peu, chose qu'aucun d'entre eux n'avaient encore réussi. S'il y avait une chance qu'elle puisse le sortir de son côté sombre, il fallait la saisir le plus vite possible. Il décida de la laisser entrer, mais il saisit aussi son arme. Au moindre geste suspect, il allait renvoyer Flavien au pays des songes avant même que celui-ci n'ait pu cligner des yeux.



Serge s'écarta du chemin, saisissant la porte pour lui donner accès à la petite pièce. Il la laissa passer et braqua son arme sur l'opérateur radar.



Valence entra doucement, à pas feutrés. Elle ne voulait pas risquer de surprendre Flavien avec un mouvement brusque.



Lorsqu'elle le vit, son coeur se serra. Il n'était que l'ombre de celui qu'il avait été quelques heures plus tôt. Il fixait le vide devant lui, ses yeux noirs étaient sans vie et sa tête légèrement inclinée vers le bas. Ses membres étaient rigides et ses poings étaient serrés si fort qu'il tremblait légèrement. La sueur coulait sur son visage comme s'il avait eu à faire un effort constant durant des heures. Autours de lui, l'atmosphère était lourde, froide et Valence pouvait distinguer sa respiration rapide et saccadée. Elle se plaça devant lui et ses yeux s'attendrirent, remplis de compassion.



"Flavien… " Commença-t-elle d'une voix douce "Qu'est-ce qui s'est passé?"



Il ne répondit pas, fixant toujours un point devant lui.



Voulant éviter de provoquer toute réaction négative, Valence savait qu'elle devait éviter tout sujet qui pourrait déculpler sa rage, incluant Brad ou le Pikachu. Elle décida simplement de rester compréhensive.



"Qu'est-ce que je peux faire?" Ajouta-t-elle doucement.



Flavien continua à fixer le vide sans répondre.



***



Lorsque Charles entra dans la Cabine de Repos, il ne fut pas entièrement surpris d'y trouver Brad.



"Qu'est-ce que vous faites ici?"



Brad fut pris de surprise pour une seconde, mais se reprit rapidement. Il décida de feindre l'ignorance.



"Ben, j'me cache c't'affaire!" Dit-il de la voix la plus apeurée qu'il puisse simuler. "J'ai entendu l'alarme tantôt, qu'est-ce qui s'passe?"



Charles leva un sourcil. Se pouvait-il que Brad ne soit réellement pas au courant de ce qui se passait sur le vaisseau? Après tout, personne ne l'avait vu ce matin là et s'il avait entendu l'alarme, il avait peut-être simplement décidé d'aller se cacher comme le lâche qu'il était.



Charles se rappela des probabilités que Serge avait énoncées plus tôt et se dit que bien que Brad soit probablement impliqué, cela ne voulait pas nécessairement dire de façon volontaire ou préméditée. Optant pour un ton neutre, il expliqua la situation au scientifique.



"Flavien est entré dans son côté obscure, mais on ne sait pas la cause ou les circonstances qui ont mené à celle-ci… Vous auriez pas une idée de ce qui s'est passé, Brad?"



Brad fit mine d'être surpris et recula sur son lit en saisissant ses couvertures.



"Le côté sombre?! J'aime pas ça…"



Il aurait sourit malicieusement à l'expression du Capitaine, si ce n'avait été de son contrôle remarquable. Il était vraiment le roi de la déception! Il décida d'en ajouter encore un peu, pour bonne mesure.



"Il est après qui cette fois-ci, pas moi hein?!"



Il savait pertinemment qu'il l'avait lui-même envoyé après le Capitaine, et s'il se fiait aux marques bleues-mauves sur le cou de celui-ci, Flavien l'avait déjà trouvé. Il se félicita intérieurement de son plan qui semblait se dérouler comme prévu et surtout de son génie sans égal.



Charles ne savait pas quoi penser. Brad était-il réellement terrifié? Il était vrai que la dernière fois que Flavien était entré dans son côté sombre, il avait panifié assassiner le scientifique (avec raison, se remémora-t-il) et il avait seulement été épargné par un pur coup de hasard. Il avait eu de la chance que l'oeuf de mime sorte Flavien de son état meutrier. En y réfléchissant, il était bien possible que Brad ait encore une fois peur pour sa vie. Par contre, il ne semblait pas avoir connaissance d'aucun détail concernant ce qui ait pu provoquer Flavien et celui-ci n'était-il pas venu après son Capitaine? Son second avait tenté de l'étrangler et n'avait aucunement mentionné Brad. Était-ce possible que ce chien sale ne soit pas impliqué?



Charles secoua la tête. On parlait de Brad, il ne fallait pas l'oublier. Il était capable du pire. Charles décida de lui donner le bénéfice du doute, mais en gardant en tête qu'il était peut-être quand même mêlé à tout cela.



"Nous avons réussi à l'enfermer dans l'entrepôt numéro 2 pour le moment..." Commença-t-il "Je crois qu'il en a contre moi, mais j'ignore pouquoi".



Brad échappa un sourire. C'était trop parfait, Flavien en voulait à son supérieur et l'avait apparemment attaqué… lui, à qui il avait toujours voué un respect sans bornes. Et le Capitaine ne comprenait pas pourquoi, évidemment.



"Vous?" Se réjouit Brad à voix haute "Je ne croyais pas que Flavien en était capable, lui qui a toujours liché vos bottes"



Le Capitaine prit un air contrarié mais Brad continua avant qu'il ne puisse riposter.



"Vous voyez?" Ajouta le scientifique d'un air à la fois méprisant et hautain "Cet imbécile a toujours été dangereux. Il peut facilement devenir aggressif et difficile à maîtriser. Son comportement est erratique et imprévisible."



Brad cacha son sourire en faisant preuve d'un énorme effort, puis il fit mine d'être concerné. Il reprit:



"Il semble qu'il ne s'en soit déjà pris à vous physiquement, si je me fis aux marques sur votre cou. Il a tenté de mettre fin à votre vie. Qu'allez vous faire si la prochaine fois, il s'en prend à Bob, Pétrolia ou même… à Valence?"



En prononcant ce dernier mot, Brad sut qu'il avait fait mouche. C'était le coup de grâce donné à la confiance du Capitaine. Son expression confirma à Brad que le Capitaine n'avait pas pensé à ce scénario dans lequel son petit protégé adoré s'en prenait à la femme qu'il aimait. Si Brad avait pu se donner une tape sur l'épaule en ce moment même, il l'aurait fait. Son plan fonctionnait à merveille, toutes les pièces se mettaient en place. Il se dit que si le Prix Nobel de vengeance existait, ce serait lui qui l'aurait remporté.



Le Capitaine sembla réfléchir un instant. Ce que Brad avançait n'était pas faux. Flavien avait effectivement essayé de l'assassiner et qui pouvait dire ce qui l'avait déclenché et à qui il s'en prendrait la prochaine fois?



Charles avait le coeur brisé de devoir l'admettre, mais son second officier était dangereux. Lui qui était si doux et sensible d'habitude, il s'était transformé en être froid et féroce. Cela était peut-être dû à sa moitié extra-terrestre, jusqu'à maintenant très peu comprise. Nul à bord ne connaissait vraiment l'étendue des différences et des pouvoirs de cette race. Peut-être que cet état obscure était en fait une partie intégrante de qui était vraiment Flavien. Charles avait tant espérer pouvoir le nier, mais les récents événements parlaient d'eux-mêmes.



"Je ne sais pas ce que je dois faire…" murmura Charles pour lui-même.



Brad savait que ces paroles ne lui étaient pas adressées, mais il les entendit tout de même. Il ne savait pas s'il devait sauter d'excitation ou pleurer de joie. Il pouvait voir la confiance du Capitaine envers son second s'effondrer sous ses yeux. Il comprenait enfin que Flavien n'était pas digne de toutes ces éloges et surtout pas de ses gallons!



Feignant ne pas avoir entendu ses dernières paroles, Brad reprit:



"Qu'est-ce que vous allez faire avec lui, maintenant qu'il est enfermé?"



Charles releva la tête et croisa le regard du scientifique.



"Vous allez venir avec moi" Dit-il d'un ton décisif "et vous allez nous aider à le sortir de son côté sombre"



"Moi?!" S'indigna Brad "Mais qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire? Flavien me déteste, ça ne l'aidera sûrement pas de m'voir la face!"



Charles fronça les sourcils. Il n'avait pas oublié ce que le robot lui avait dit.



"Je suis certain que vous êtes impliqué, d'une manière ou d'une autre. Flavien est peut-être dangereux en ce moment, mais ce n'est rien en comparaison avec la vipère que vous êtes. Vous allez me suivre jusqu'à l'entrepôt numéro 2 et nous allons éclaircir tout ça."



"Mais-"



"C'est un ordre, Brad."



À suivre.

Chapitre 7



Valence désespérait de trouver un moyen de traverser le voile d'obscurité qui semblait entourer l'âme de Flavien. Elle avait tenté de lui parler, de le raisonner, de l'atteindre par ses sentiment mais en vain. Il restait de marbre, fixant un point invisible devant lui. Son regard noir lui glaçait le sang mais Valence refusait d'abandonner.



"Flavien, j'aimerais ça que tu me parles…" Répéta-t-elle pour une énième fois.



C'était comme parler à un mur, se disait-elle. Rien ne semblait le sortir de cette transe. Elle jeta un coup d'oeil à Serge, qui se tenait toujours à l'entrée de l'entrepôt, l'arme braquée sur Flavien. La psychologue n'aimait pas du tout que son patient soit sous haute surveillance, mais elle devait bien se résoudre à accepter que celui-ci n'était pas un cas ordinaire. En plus d'être dans un état second, il était beaucoup plus fort et robuste qu'un humain ordinaire, même si cela ne paraissait pas à l'oeil nu.



Valence, après ses études, avait travaillé avec des athlètes olympiques*, mais ce qui l'avait amenée à travailler dans ce domaine était en fait son stage en milieu carcéral avant la fin de sa maîtrise. Elle avait eu à assister une psychologue en établissement dans le traitement de patients qui pour la plupart utilisaient des narcotiques. Elle savait bien comment ces substances affectaient le cerveau et pouvaient emmener les détenus à agir avec des comportements imprévisibles. Ces comportements ressemblaient en quelques points à ceux de Flavien, mais elle était plus que certaine que celui-ci n'avait jamais touché à des drogues de sa vie et qu'il n'essaierait jamais: Ce n'était pas du tout dans son profil psychologique. De plus, certains détails de son comportement ne ressemblaient pas à ceux d'une personne sous influence. Cela la rendait perplexe. Était-ce sa partie extra-terrestre? Comment affectait-elle son psyché?



Valence savait par contre une chose: durant son stage en établissement pénitencier, jamais un des détenus n'avait été pointé d'une arme durant toute la durée d'une consultation. La présence de Serge était nécessaire dans ce cas, mais la psychologue était tout de même mal à l'aise de devoir recourir à traiter son ami de la sorte.



Alors qu'elle allait encore tenter de rejoindre Flavien, elle entendit un bruit de pas dans le couloir.



"Serge?" Fit la voix de Bob "Comment ça que la porte est arrachée?"



Sans jamais baisser son arme, le robot répondit.



"Flavien l'a défoncée. Il s'est calmé après que Valence le lui ait demandé."



"Valence?"



Le visage anxieux de Bob apparut dans le cadre de porte.



Détournant son regard pour une seconde, la psychologue lui fit un petit sourire rassurant.



"Ça va Bob, tout va bien"



Le pilote hocha la tête, mais il était toujours incertain.



"Bob?" Fit le robot à côté de lui "Pourquoi ne replace-tu pas la porte? Tu pourrais en profiter pour la solidifier."



Bob hocha à nouveau la tête. Il serait prudent de renforcer la porte, juste au cas où Flavien redeviendrait hostile. Le pilote se dit qu'il pourrait reprendre ses recherches sur le vaisseau par la suite. Il s'attela à la tâche.



***



Après avoir fouillé plusieurs pièces déjà, Pétrolia commençait à se demander si c'était vraiment la façon la plus efficace de retrouver ceux qui manquaient à l'appel. Elle avait déjà éliminé la salle d'informatique, la salle des machines, le gymnase, le salon de billard, la bibliothèque et le local de jeux vidéos de sa liste. Il lui restait encore bien des pièces, le Romano Fafard étant un 48 et demi**… même avec Bob et le Capitaine, cela leur prendrait encore au moins une heure avant d'avoir fait le tour.



Elle tourna le coin du corridor et arriva devant la prochaine pièce à fouiller, le laboratoire. Elle savait que Brad y allait parfois, donc elle resta sur ses gardes. Elle avait le mauvais pressentiment que Brad était effectivement impliqué et qu'il se cachait quelque part sur le vaisseau. Elle n'avait aucune confiance en ce traître, aussi pissou soit-il. Elle l'avait vu maintes fois pointer son arme contre les membres de l'équipage et il était même capable de leur tirer dans le dos, si l'envie lui prenait.



Renforçant sa poigne sur son fusil, Pétrolia ouvrit la porte et pointa son arme.



Ce n'était qu'une petite pièce, ventilée en entier, avec des armoires de chaque côté, renfermant une foule de produits chimiques derrière des portes vitrées. Il y avait des comptoirs noirs où se trouvaient des éprouvettes, pipettes et autres accessoires d'analyse. Au milieu de la pièce se trouvait une table et un lavabo.



Au fond de la pièce, quelque chose attira l'attention de la jeune fille. Une énorme toile opaque recouvrait ce qui semblait être une caisse ou une boîte quelconque. Pétrolia allait au laboratoire de temps à autres pour s'approvisionner en équipement, et jamais elle n'avait remarqué de boîtes dans cette pièce.



Elle avança, prudente, et prit le coin de la toile. Elle était lourde et faite d'un tissus très épais. Elle souleva lentement le coin.



"Pika pika?"



Lorsqu'elle entendit ce langage familier, la jeune technicienne retira la totalité de la toile d'un coup sec et sourit.



"Pikachu!"



Elle s'accroupit afin de pouvoir voir la petite créature de plus près.



"Pika pika pika pika pika pika!!!"



"J'suis contente de te voir!"



Le pikachu semblait être en bonne forme et il était surexcité de voir la jeune fille.



Pétrolia remarqua la cage et fronça les sourcils.



"Qui t'as enfermé là-dedans? Brad?"



Il n'y avait aucun doute dans l'esprit de Pétrolia, il n'y avait que le scientifique qui pouvait être aussi fourbe pour enfermer le petit extra-terrestre dans une cage.



"Pika!"



Pétrolia n'avait pas besoin de parler le langage des Pikachus pour comprendre l'affirmation de la petite créature jaune.



"Quand je vais le voir lui…" Répondit-elle d'une voix pleine de mépris. Elle comprenait maintenant ce qui avait pu provoquer Flavien. Si l'opérateur radar avait eu vent que quelque chose était arrivé à Pikachu, cela avait du le rendre fou de rage. Elle n'était pas certaine pourquoi il s'en était pris au Capitaine, mais elle avait un doute qu'il y avait une raison, et que celle-ci impliquait Brad. Quand cela concernait la manipulation, le scientifique avait un talent fou, c'était presque inné chez lui.



Le jeune fille tenta de se calmer.



"Attends, j'te sors de là."



Elle prit une pince à sa ceinture et en quelques essais, elle brisa le cadnas qui tenait la cage vérrouillée. Aussitôt la porte ouverte, Pikachu se précipita sur elle et elle le serra très fort dans ses bras, posant son visage sur la fourrure lisse et soyeuse. Elle lui flatta le dessus de la tête, entre ses deux longues oreilles.



"J'ai eu peur, tu sais?"



"Pika pika…"



Pétrolia savoura encore quelques instants le câlin avec la petite créature, puis le regarda dans les yeux.



"On va aller trouver Flavien… Il… il ne va pas très bien."



Le Pikachu prit un air inquiet.



"Pika?"



"Je pense que tu pourrais nous aider"



***



La première chose que Charles vit en tournant le coin l'alarma au plus haut point. La porte de l'entrepôt numéro deux était ouverte et l'androïde se tenait au milieu de celle-ci, l'arme pointée vers l'intérieur. Il remarqua ensuite Bob, qui finissait de ranger ses outils, ce qui le calma quelque peu. Si le pilote ne semblait pas paniquer, cela était normalement bon signe. Brad, qui le suivait de près, s'arrêta lui aussi et observa la scène.



"Serge? Bob?" Commença le Capitaine.



Y allant de la façon la plus efficace, il ajouta:



"Au rapport"



Sans bouger d'un seul millimètre, le robot prit parole.



"Flavien a défoncé la porte. Sa force est nettement supérieure à celle d'un humain. Valence a réussi à le calmer mais depuis, il ne réagit toujours pas au monde extérieur. J'ai demandé à Bob de ressouder et de renforcer la porte, au cas où on en aurait besoin."



Charles hocha la tête en signe d'approbation. Si ses membres d'équipage savaient suivre les ordres, ils savaient aussi quand il était nécessaire de prendre des décisions si un événement imprévu survenait. Charles n'était pas fâché que Bob ait interrompu ses recherches sur le vaisseau si Serge et lui avaient jugé prioritaire de prendre des précautions contre Flavien. Il était fier de mener un équipage si performant qui savait se fier à leur bon jugement. Jamais dans l'histoire de l'aérospatial n'avait-il rencontré un équipage aussi fiable… à l'exception de Brad, bien sûr.



Il regarda Bob, puis Serge.



"Où est Valence?"



"À l'intérieur"



Les yeux de Charles s'écarquillèrent.



"Quoi?!"



Il s'avança rapidement pour voir l'intérieur de la pièce et vit Valence, debout à côté de Flavien, lui parlant doucement. Elle semblait concentrée sur son patient, tentant de le raisonner avec le calme et l'empathie qu'on aurait accordé à un enfant effrayé. Par contre, Flavien n'avait rien d'un enfant. Il fixait devant lui de ses yeux noirs et inhumains, brûlant de rage. Il semblait trembler, prêt à exploser à tout moment.



Charles était tiraillé entre plusieurs sentiments qui montaient en lui. Il avait peur pour Valence… il était terrifié. Comment s'était-elle mise en position de danger, comment avait-elle pu même penser une seule seconde que c'était une bonne idée? Charles connaissait sa compassion et son sens du devoir, mais il ne pouvait que se sentir complètement terrorisé par le fait même que quelque chose puisse arriver à sa belle et douce Valence. Il voulait la sortir de là, il voulait se mettre devant elle et la protéger de tout danger. Mais le danger, c'était Flavien. Et cela le déchirait: Son bon, loyal second officier. Son Flavien… son protégé. Comment pouvait-il même le considérer comme un danger? Comment tout ceci était-il arrivé? Charles s'inquiétait de son état actuel, mais aussi de ce qui se passerait s'ils n'arrivaient pas à le ramener. Allaient-ils devoir l'enfermer pour le reste de sa vie, mis à l'écart et caché de tous comme un patient déséquilibré dans un asile psychiatrique? Charles ne voulait pas considérer la possibilité que cet état ne soit permanent, mais même s'ils arrivaient à le ramener du côté sombre, qu'allait-il arriver ensuite? Charles devrait considérer la sécurité de son équipage avant tout. Il devrait considérer que Flavien, même sous sa façade tendre et dévouée, était un danger potentiel pour eux et peut-être pour lui-même... une bombe à retardement. En tant que Capitaine, il serait obligé de prendre des mesures drastiques qu'il ne voulait pas considérer… Il refusait de les considérer, pas maintenant.



"Vous voyez?" Fit la voix de Brad derrière lui "Il est une menace sur ce vaisseau"



Charles ferma les yeux une seconde et expira lentement. Même si Brad l'exaspérait au plus haut point, il n'avait fait que dire tout haut ce qui lui-même pensait tout bas.



Brad voyait qu'il avait encore une fois atteint sa cible. La confiance du Capitaine s'effritait rapidement et il ne restait que très peu à faire afin que celle-ci ne s'effondre complètement. Assuré qu'il allait enfin toucher à son but ultime, la destitution du second officier et le bris de l'affection constante envers celui-ci, Brad poursuivit.



"Flavien est dangereux, Capitaine, vous ne pouvez pas le garder comme second officier… vous ne pouvez pas prendre le risque qu'il s'en prenne aux autres comme il s'en est pris à vous."



Charles serrait les dents. Il n'avait pas d'arguments.



"Brad" S'interposa Serge, toujours immobile en position d'attaque "Taisez-vous donc. Vous êtes aussi dangereux que Flavien, sinon plus. Flavien n'agit pas de façon volontaire, alors que vous, vous avez toujours entreprit de prendre le commandement de façon déloyale. Vous n'êtes qu'un traître. Vous êtes vil et malhonnête et le Capitaine fait preuve de beaucoup de clémence en vous laissant rester sur le vaisseau. N'en abusez pas."



Le scientifique se tut, hébété. Serge lui en avait bouché un coin, ce qui ne déplu pas du tout au Capitaine. Brad ouvrit la bouche une seconde pour dire quelque chose, mais il ne trouva rien à répondre pour contrer les dires du robot. Il la referma, frustré, et s'éloigna de quelques mètres avec un grognement indigné.



Bob, qui avait suivi la conversation, s'approcha de Serge et lui donna une petite tape sur l'épaule. Il était fier que Serge ait pu défendre son meilleur ami de la sorte. Même si ce que Brad avait dit n'était pas entièrement faux, Bob espérait encore qu'ils allaient trouver une solution et qu'ils allaient ramener Flavien de son côté obscure.



Le pilote aurait bien donné une volée au scientifique, mais il voulait encore tester la porte, afin d'être bien certain qu'elle résisterait à la force surhumaine de Flavien. Si celui-ci ne semblait pas être hors normes habituellement, sa force devenait incroyablement puissante lorsqu'il était de mauvais poil. Bob se rappelait d'un incident en 5e année, lorsque des élèves de sa classe avaient voulu s'en prendre à lui car il était grassouillet. On tentait souvent de l'intimider en raison de son embonpoint et même si Bob était capable de se défendre, Flavien s'en était mêlé et s'était interposé malgré sa petite taille en comparaison à celle de ses camarades de classe. Il voulait protéger son meilleur ami et avait tenté de calmer les tensions, mais un des tourmenteurs avait éclaté de rire. Lorsque celui-ci avait levé le poing pour frapper Bob, la main de Flavien avait attrapé son bras et il s'était ramassé par terre si vite que personne n'avait même pu voir comment cela s'était produit. Ce n'était qu'un seul incident parmis d'autres, mais ceux-ci étaient rares car Flavien avait un caractère plutôt calme à moins d'être provoqué. En y repensant maintenant, Bob sut que c'était probablement les débuts de sa force surhumaine et il se rappela que celle-ci s'était manifestée à quelques occasions par la suite.



Le pilote jeta un coup d'oeil vers son ami. Maintenant, il le reconnaissait à peine. Il était toujours tendu, ses yeux hagards et ses muscles tremblants, comme s'il tentait de résister au côté sombre, comme s'il peinait à garder le contrôle sur lui-même. Valence s'était approchée de lui et avait réussi à le toucher sans qu'il n'explose de rage. Elle caressait doucement ses cheveux, désordonnés et humides de sueur. Elle lui murmurait à l'oreille, tentant désespérément de l'atteindre à travers cette transe.



Bob retourna à ses outils, tentant de se concentrer sur autre chose afin de ne pas céder à la panique. Alors qu'il allait tester les nouvelles pentures renforcées, il entendit un pas rapide sur le pont métallique qui s'approchait d'eux, puis Pétrolia tourna le coin, un grand sourire illuminant son visage.



"Heille tout le monde, j'ai retrouvé Pikachu!"



À suivre.



*Voir "La Genèse"

**Voir "Réal Estate"

Chapitre 8



Ce fut la bonne nouvelle, celle qui enleva un poids des épaules de tout le monde et qui les fit intérieurement soupirer de soulagement. Pikachu était bien en vie et semblait en pleine forme. Il avait grimpé sur l'épaule droite de Pétrolia et semblait être bien heureux de les revoir.



"Pika pika!!"



"Pikachu!!"



Le pilote se précipita vers la petite créature jaune et lui flatta le dessus de la tête, heureux qu'il soit sain et sauf. Le Capitaine s'approcha lui aussi, un sourire aux lèvres.



"Content de vous savoir en vie" Dit-il en s'adressant au Pikachu.



"Pika!"



Pétrolia remarqua Serge, qui n'avait pas bougé de sa position de tir.



"Qu'est-ce qui se passe?"



Le regard de la jeune fille passa de Serge au pilote qui semblait plutôt nerveux, puis sur Brad, maugréant dans son coin, et finalement sur le Capitaine. Il semblait préoccupé et Pétrolia savait que cela n'était jamais bon signe.



"Flavien a défoncé la porte, mais Valence est avec lui en train d'essayer de le ramener." Lui expliqua rapidement le Capitaine.



Charles n'avait pas oublié la situation plutôt risquée dans laquelle Valence se trouvait, mais il savait que même s'il essayait de la faire sortir de la pièce, elle refuserait. Elle était bien trop dévouée lorsqu'elle devait donner des thérapies, surtout si elles étaient critiques. Jamais elle n'abandonnerait un patient en situation de crise. De plus, Charles avait la nette impression que de se présenter devant Flavien après ce qui était arrivé dans la Salle de Commandement ne ferait qu'aggraver les choses. Il décida donc de se concentrer sur ce qu'il pouvait faire pour régler la situation le plus vite possible.



"Dites-moi Pétrolia, où était donc notre hôte? Pikachu était absent pendant plusieurs heures…"



Les trait de la jeune fille se plissèrent de mécontentement.



"Je l'ai trouvé enfermé dans une cage, sous une grosse toile, au fond du laboratoire."



Son regard furieux se fixa sur le scientifique à quelque mètres de là.



"Quelqu'un l'a piégé, et j'ai bien l'impression de savoir c'est qui."



Tous les regards se retournèrent vers Brad. Celui-ci prit un air indigné.



"Vous n'avez pas de preuves…"



Le Capitaine prit une inspiration agacée.



"On a pas besoin de preuves pour savoir que c'est vous! Il n'y a que vous à bord qui puisse avoir l'esprit aussi tordu et qui puisse penser à enfermer une pauvre petite créature comme Pikachu."



Le petit être jaune hérissait d'ailleurs le poil, fixant le scientifique d'un oeil méprisant.



"Dites-moi" Rajouta Charles "Qu'est-ce que vous avez encore manigancé? Flavien a prononcé le nom de Pikachu juste avant de m'avoir attaqué. Je suis certain que vous y êtes pour quelque chose."



Brad prit un air hautain et détourna le regard.



"Je ne sais pas ce que vous voulez dire…"



En fait, si le scientifique feignait l'innocence, il paniquait un peu intérieurement. Les autres se doutaient de son implication avec le Pikachu, mais ils ignoraient toujours son plan vis à vis Flavien. Il pouvait toujours nier avoir été impliqué avec le comportement du technicien radar. Après tout, il était déjà entré par lui-même dans son côté obscur auparavent, qui disait qu'il ne l'avait pas encore fait cette fois-ci?



Brad détestait tellement toute l'attention que celui-ci recevait. Même en ce moment, en furie et complètement irraisonné, il recevait l'inquiétude du Capitaine, la compassion de Valence et assez de respect de la part de Serge pour qu'il ne l'abatte pas sur le champs malgré la menace qu'il représentait. Cela enrageait Brad. Comment cet imbécile arrivait-il à se faire aimer de la sorte? Pourquoi personne ne prenait jamais son bord? Ne voyaient-ils pas ce qu'il voyait? Brad ne voulait qu'une chose, c'était qu'ils cessent d'aimer Flavien… juste assez pour le destituer, juste assez pour qu'ils avouent avoir eu tort en lui donnant ce privilège d'être second officier. Ce rang, c'était lui, Brad Spitfire, qui la méritait par son intelligence accrue et sa supériorité légendaire, personne d'autre!



Il lança un regard méprisant au Capitaine.



"Vous ne pouvez pas m'accuser sans preuve, c'est dans le livre des règlements à la page 143, paragraphe 5, alinéa 3…"



Le Capitaine soupira et roula les yeux. Il connaissait le livre des règlements aussi bien que Brad mais détestait quand celui-ci lui citait des passages. Son regard se plissa.



"Je n'ai pas de preuves, c'est vrai. Mais lorsqu'on en aura, j'espère que vous connaissez un bonne cachette sur ce vaisseau, parce que je ne tolérai pas qu'on fasse du mal à Pikachu, ou quiconque étant notre hôte à bord."



Il y eut un silence tendu pendant quelques moments, puis Pétrolia s'avança.



"Capitaine?" Fit-elle "J'ai pensé à quelque chose… si Flavien voyait Pikachu justement, peut-être que cela le sortait de son dark side?"



Charles se retourna vers elle et sembla se calmer. Il contempla cette possibilité pendant quelques secondes.



"Vous pensez que ça marcherait?"



"Ben, l'oeuf de mime l'avait sorti de là la dernière fois…non? Je pourrais entrer et apporter Pikachu devant lui."



Charles réfléchit encore une fois, puis hocha la tête.



"C'est bon, on essaie... Mais je veux que vous soyez prudente. Son comportement est très différent de celui qu'on connaît. Restez sur vos gardes."



Pétrolia fit un bref garde à vous puis s'approcha de la porte. Elle fit signe à Pikachu de descendre de son épaule pour venir se réfugier dans ses bras. Ce n'était pas que cela le protégeait d'avantage, mais cela rassurait la jeune fille de le sentir plus près d'elle. Elle contourna Serge, toujours infatigable dans sa position de tir puis elle entra dans la petite pièce.



Valence, qui s'était retrouvée seule avec Flavien depuis qu'elle était entrée, détourna le regard de son patient lorsqu'elle entendit quelqu'un s'approcher.



Pétrolia contempla la scène devant elle. Valence avait l'air soucieuse, mais surtout épuisée. Elle avait du être dans cette situation de stress émotionnel et d'état constant d'hypervigilence depuis un bon moment maintenant. Elle n'abandonnerait jamais un patient, surtout un membre d'équipage, mais Pétrolia savait que cela avait un impact sur elle, même si elle gardait un masque professionnel. Son éthique de travail était sans faute.



Les yeux de Pétrolia tombèrent ensuite sur Flavien. Celui-ci était immobile, ou presque. La jeune médecin pouvait déceler des petits tremblements qui semblaient dus à l'effort, comme s'il tentait de résister à quelque chose. Elle voyait aussi la sueur luisant sur son visage et ses bras mais ce qui la frappa le plus furent ses yeux d'un noir d'encre. Elle n'avait jamais vu rien de tel, et d'aussi loin qu'elle pouvait se rappeler, aucun de ses ouvrages de référence en médecine de faisait mention d'un tel phénomène.



La jeune fille sentit un boule se former dans sa gorge. Aussi déterminée et indépendante qu'elle voulait se montrer, elle ne pouvait pas nier qu'au fond d'elle, elle avait toujours des sentiments pour Flavien et que ceux-ci ne disparaîtraient probablement jamais. Elle avait peut-être eu tort de rompre avec lui, peut-être avait-elle pris une mauvaise décision… mais ce qui était fait, était fait. Flavien semblait avoir accepté sa décision de ne pas poursuivre leur relation amoureuse et il n'avait plus manifesté d'affection envers elle autre que comme collègue et amie. Pétrolia s'en voulait au fond d'elle-même, mais elle avait toujours eu peur de l'abandon. Elle n'arrivait pas à se rapprocher de lui, de peur qu'il ne disparaisse lui aussi comme ses parents l'avaient fait. Pourtant, lui plus que quiconque devait comprendre cette même peur de l'abandon.



Elle se résolu à ne pas l'abandonner, pas maintenant, alors qu'il était perdu dans son côté sombre. Il avait besoin de son aide, plus que jamais.



Elle l'approcha doucement. Valence recula de quelques pas, de façon à ce qu'il n'y ait pas trop de personnes présentes à proximité du jeune homme.



"Flavien? … Flavien, j'ai amené Pikachu… tu vois, il va bien."



Pétrolia parlait doucement, sa voix presque un murmure.



La petite créature jaune leva une oreille et baissa la tête légèrement.



"Pika?"



Il n'y eut aucun mouvement de la part du second officier.



Le Pikachu regarda l'humain avec un regard triste et plein de compassion. Il ne comprenait pas lui non plus ce qui pouvait bien avoir affecté Flavien de la sorte, mais sa présence ne semblait pas avoir d'effet sur lui. Il observa les yeux noirs de l'humain qui était vite devenu son ami. Il ne comprenait pas comment un changement aussi bizarre pouvait avoir lieu chez un être vivant, mais il ne connaissait pas non plus ce qui était normal ou non chez leur espèce. Tout ce qu'il savait, c'était que Flavien n'avait pas l'air bien et que ses amis se faisaient beaucoup de soucis pour lui, donc Pikachu en déduisait que la situation était plutôt grave. Il voulait bien aider ses nouveaux camarades, mais il ne savait pas comment. Il regarda la jeune technicienne, impuissant.



Pétrolia passa un main sur la fourrure soyeuse de Pikachu pour le rassurer et lui faire comprendre que n'était pas de sa faute, puis le transféra sur son bras gauche. Elle sortit un scanner portatif de sa ceinture et l'activa. Elle prit quelques lectures, puis regarda attentivement l'écran, faisant défiler l'information sur l'écran tactile. Elle fronça les sourcils, puis regarda Valence.



La psychologue s'approcha, voyant que la jeune fille semblait vouloir lui communiquer quelque chose. Comme les deux femmes étaient les deux seules professionnelles de la santé à bord, elles échangeait beaucoup d'information, mais seulement lorsque c'était relatif à l'état de santé actuel d'un des membres d'équipage. Elle voulaient conserver la vie privée de tous ceux qui vivaient à bord, mais cela était parfois difficile, étant si proches les uns des autres pendant une si longue période. Pétrolia savait garder la confidentialité de chacun, mais elle reconnaissait aussi le moment où cela devenait nécessaire de partager de l'information avec Valence et celle-ci en faisait de même.



Pétrolia inclina le scanner portatif afin que Valence puisse lire l'information qu'elle avait recueillie. La psychologue se pencha quelques secondes, puis sa main couvrit sa bouche et son visage prit un air alarmé. Ses yeux croisèrent le regard inquiet de la jeune médecin. Elles se comprenaient sans dire un mot.



Valence regarda la porte, puis Flavien. Elle s'adressa à lui d'une voix très douce.



"On revient Flavien, d'accord?"



Ne s'attendant pas à une réponse, elle se dirigea vers la porte, suivi de Pétrolia qui tenait toujours Pikachu de son bras gauche. Une fois sorties, Serge ferma la porte derrière elles et verrouilla solidement. Son arme à la main, il se campa devant la porte, décidé à garder celle-ci de sa carrure imposante.



Valence s'adressa à Pétrolia avec hâte.



"Tu es bien certaine que les lectures du scanner sont bonnes?"



La jeune fille hocha la tête.



"Certaine."



Valence se gratta la tête. Elle était bien embêtée, et surtout troublée.



"Mais qu'est-ce que ça fait dans son système?"



Charles, qui avait suivi la conversation, s'interposa rapidement.



"Valence? Qu'est-ce que vous avez trouvé?"



Sa bien-aimée se retourna vers lui.



"Le scanner portatif a détecté une substance étrangère dans le sang de Flavien: le sulfuro toxine de jus de poutine.



Bob se rapprocha rapidement.



"Du jus de poutine? Ça c'est bon! J'peux tu en avoir?"



"Sulfuro toxine, Bob" Répondit Pétrolia "C'est toxique."



Les yeux de Charles s'écarquillèrent en même temps que ceux de Bob.



"Toxique?"



Valence reprit rapidement.



"C'est un puissant narcotique, souvent utilisé pour entrer dans un état second. Cela atteint aussi les zones cérébrales du cortex frontal et le système limbique qui interviennent lors de comportements violents. Ce n'était qu'une théorie, mais j'avais annoté à son dossier que cette substance pourrait potentiellement déclencher le côté obscure de Flavien."



Charles la dévisagea. Un narcotique? Mais d'où provenait donc cette substance et comment s'était-elle introduite dans le système de son second officier? Est-ce que cela pouvait avoir d'autres effets sur lui et est-ce que c'était dangereux à long et à court terme?



"Est-ce qu'il court un risque?" Finit-il par dire.



"Pas physiquement" Répondit Pétrolia "La quantité n'est pas assez importante pour que ça cause une overdose."



Elle regarda Valence, attendant que celle-ci confirme si les effets étaient nocifs sur le cerveau.



"Pour son comportement, je n'ai pas assez de données" affirma la psychologue "Lorsque j'ai fait mes analyses sur son dark side, je ne savais pas qu'il était à moitié extra-terrestre. J'avais une bonne idée d'où se trouvait la région cérébrale qui gérait ce genre de comportements chez l'humain selon les plus récentes recherches disponibles, mais je ne suis pas certaine que son cerveau soit bâti de la même manière que nous."



Valence détestait avoir la sensation d'être arrêtée devant un mur, mais elle ne savait vraiment pas comment elle allait s'y prendre pour aider son patient. Elle se sentait impuissante devant la situation et il n'y avait rien qu'elle pouvait faire de plus afin de vérifier ses hypothèses.



Bob lui, avait tenté de suivre tout ce que la psychologue disait, mais la tête lui tournait à force d'essayer de comprendre les toutes les informations techniques impliquées dans le discours explicatif de celle-ci. Il sentait que s'il se concentrait encore plus qu'il ne le faisait déjà, il allait commencer à saigner du nez. Par contre, il avait compris une chose: Il y avait une substance dangereuse dans le système sanguin de son meilleur ami et c'était très probable que c'était cela qui le rendait si agressif.



Pendant que les autres discutaient du cas de Flavien, son regard se balada vers la porte de la petite pièce où se trouvait son ami, puis sur Serge, toujours immobile. Ses yeux se posèrent enfin sur Brad et le pilote remarqua qu'il semblait anormalement anxieux tout à coup. Il agrippait ses mains qui tremblaient nerveusement alors que son regard furtif ne cessait de se promener entre le trio qui discutait et la pièce où se trouvait Flavien. Cela paraissait étrange, pensa Bob. Depuis quand est-ce que Brad se souciait de l'état d'un des membres d'équipage?



Bob plissa les yeux lorsque le scientifique fouilla nerveusement dans son uniforme. Le pilote se glissa discrètement vers lui et le prit au collet.



"Qu'est-ce que vous cherchez là, Brad?"



Le Capitaine, Valence et Pétrolia cessèrent de parler et se retournèrent vers eux.



Bob n'attendit pas la réponse du scientifique et sortit brutalement la main de Brad de son manteau.



"On dirait que vous avez quelque chose à cacher…"



"Hein? N-Non non…" Bafouilla Brad "J'cache rien..."



Mais la main de Bob alla elle-même pêcher dans l'uniforme de l'autre homme ce qu'il avait tenu quelques secondes plus tôt. Elle en ressortit avec une chemise en papier contenant plusieurs feuilles et en même temps qu'il la sortit, un flacon tomba sur le sol et roula jusqu'aux bottes du Capitaine. Celui-ci se pencha pour la ramasser et la regarda attentivement. Il l'éloigna de ses yeux afin de mieux lire l'étiquette malgré son astigmatisme.



"Sulfuro toxine de jus de poutine, 75% en solution aqueuse"



Charles prit une grande inspiration, sentant la rage monter en lui.



Bob ouvrit la chemise et feuilleta rapidement les pages. Certaines étaient imprimées, d'autres contenaient des notes manuscrites. Il leva les yeux vers les autres.



"C'est le dossier médical de Flavien." Dit-il, sa voix tremblant de colère.



Il resserra sa poigne sur le collet du scientifique. Il avait bien trop compris ce que ces deux choses impliquaient.



"Mon écoeurant..."



Brad se sentait soudainement très petit dans ses caleçons. Tous les regards étaient tournés vers lui et ils semblaient tous furieux.



"Euhm…"



Le Capitaine s'avança vers lui, menaçant.



"Vous…" Commença-t-il d'une voix à peine maîtrisée "Vous avez exposé Flavien à un puissant narcotique, sachant très bien que cela allait le faire sombrer dans son côté obscure?! Vous avez osé… vous!!"



"Ben je euhm-"



"Avez-vous pensé une seule seconde au danger que cela représentait pour l'équipage? Et pour lui!?!"



Le Capitaine tremblait de rage, il ne pouvait pas concevoir une seule seconde que quelqu'un, même Brad, cet immonde vermisseau, soit capable d'une chose aussi vile. Il sentait la colère l'envahir et s'avança d'un autre pas, son visage collé sur celui du scientifique.



"Je ne sais pas ce qui me retient de vous incinérer…"



"Je voulais juste vous montrer qu'il ne devrait pas être second officier parce qu'il est dangereux et-"



"DANGEREUX?! Mais c'est VOUS qui êtes dangereux à bord! Vous êtes malhonnête, menteur, malicieux, vil et TRAÎTRE!! D'abord vous tentez de m'empoisonner moi et maintenant Flavien?! Mais vous vous prenez pour QUI?! Je vais vous ÉVISCÉRER, JE VAIS-"



***Intermède***



La colère du Capitaine étant si violente que cela risquerait de choquer certains lecteurs, nous préférons plutôt vous présenter cette petite pause...



***Fin de l'intermède***



Charles inspirait et expirait avec force, son visage encore rouge et crispé de la colère qui l'avait animé quelques secondes plus tôt. Valence se tenait tout prêt de lui, étant la seule personne capable de le calmer par sa seule présence. Le reste de l'équipage présent semblait figé, surpris par l'intensité de son déchaînement. Bob retenait son bonnet sur sa tête, les yeux fermés avec force. Pétrolia s'était retournée, protégeant Pikachu en le serrant contre elle et en bouchant ses oreilles. Même Serge, habituellement de marbre, semblait avoir quelques petits tressaillements électroniques à la suite de la série de cris qui venaient de sortir de la bouche de son Capitaine… mais Charles ne regrettait pas s'être emporté. Ce minable ver de terre, cette plaie de l'Univers ne méritait pas sa patience ni même son respect.



Charles lança un dernier regard écoeuré à Brad qui tremblait, adossé au mur. Il se retourna vers le robot, qui se tenait toujours devant la porte renforcée de l'entrepôt.



"Enfermez-moi ça dans notre nouveau cachot"





À suivre.

Notes:
Voici enfin ma version de comment le cachot est apparu durant la série. Il n'y en avait pas pendant longtemps car ils enfermaient les prisonniers au centre de santé ou dans la cabine de repos. J'ai donc déduit que celui-ci est seulement apparu vers la fin de la série, mais un peu avant le 1er film.

Et... j'aime tellement le fait que j'ai pu mettre un intermède dans une de mes fics J'adore ce passage, ça me fait tellement rire. J'ai aussi eu ben du fun avec la section juste avant, où le Capitaine perd la carte. J'adore Charles quand il est protecteur de son équipage, surtout lorsqu'il se fâche contre Brad par la même occasion! >

Chapitre 9

Habituellement, Valence se serait opposée à enfermer Brad avec Flavien alors qu'il était encore sous l'emprise de son dark side, mais dans ce cas précis, elle ne dit rien. Elle était bien trop contrariée pour même formuler cette pensée dans sa tête. Comment Brad avait-il pu penser à droguer un membre d'équipage, sachant l'effet dévastateur que cela aurait sur lui et potentiellement sur les autres? Comment quelqu'un pouvait-il faire une chose pareille?

Elle regarda Bob pousser brutalement Brad dans la petite pièce maintenant transformée en cachot, puis refermer la porte d'un geste plein de mépris.

"J'espère qu'il vous déchire en morceaux" Cracha le pilote à travers les barreaux de la petite fenêtre.

Valence vit que Flavien n'avait pas bougé, mais que Brad s'était pris aux barreaux, son visage reflétant la terreur.

"Pitiééééé!"

Valence se retourna et commença à s'éloigner en direction du Centre de Santé, l'ignorant complètement.

Pétrolia, Bob et le Capitaine emboîtèrent le pas, laissant seulement Serge derrière eux, gardant la porte. Ils savaient que Serge empêcherait Flavien de tuer Brad, mais rien ne pouvait dire s'il ne le laisserait pas le tabasser un peu… et cela leur était complètement égal.

Brad les regarda s'éloigner, puis glissa au sol, désemparé. Supplier Serge ne servirait à rien, le robot obéirait aux ordres seulement. Brad s'assit à côté de la porte et ramena ses genoux sous son menton.

Son plan avait échoué. Les autres connaissaient tous son implication dans la capture du Pikachu et dans le déclenchement du côté obscur de Flavien. Ils savaient qu'il était responsable et le haïssaient, mais cela n'avait rien de nouveau. Par contre, même en ayant vu le comportement hostile et déchaîné du second officier, ils semblaient quand même s'inquiéter pour lui malgré le fait qu'il avait même tenté d'assassiner le Capitaine. Il recevait encore de l'affection et du respect malgré ses agissements violents et erratiques… mais comment faisait-il?!

Brad leva les yeux afin d'observer la forme presque immobile de Flavien, qui se tenait toujours au milieu de la pièce, encore sous l'influence du côté sombre. Il n'avait pas vraiment changé depuis la dernière fois qu'il l'avait vu: des yeux noirs absents de tout sentiment humain, des tremblements de rage irraisonnée et une aura glaciale et distante… par contre, Brad remarqua quelque chose pour la première fois: Flavien semblait résister. Il semblait trembler sous l'effort constant de ne pas fléchir sous cette force obscure qui tentait de le noyer sous son emprise.

Brad leva les sourcils. C'était la première fois qu'il remarquait l'effort que le dark side coûtait à Flavien. Le scientifique avait toujours cru que le côté sombre n'était qu'un état second et que l'opérateur radar ne faisait que succomber à celui-ci, mais en l'observant attentivement à ce moment précis, Brad comprit qu'il le combattait avec tous les forces qu'il lui était possible de mener. Il était dans une bataille mentale entre les puissants effets du narcotique sur le côté le plus sombre de son âme et sa volonté de ne pas vouloir faire de mal aux membres de l'équipage. Les efforts que celui-ci déployait pour y résister semblaient lui coûter tout ce qu'il avait.

Un soudain sentiment de désolement face à la situation dans laquelle se trouvait Flavien l'envahit, mêlée de remords en considérant son implication dans le tourment que vivait présentement le jeune technicien. Flavien n'était pas méchant, il ne l'avait jamais été. Il avait ses défauts, mais Brad ne le détestait pas au point de lui faire subir ce qu'il endurait en ce moment…. En fait, il n'était pas certain de le détester du tout… Il l'enviait, voilà comment il pouvait décrire ce sentiment qui l'avait habité depuis tout ce temps. Tout ce qu'il avait voulu, c'était son rang de second officier. Il avait voulu qu'on le remette en fonction dans son ancien poste et surtout, qu'on lui accorde le respect qui venait avec celui-ci. Sans sa position de second officier, Brad n'avait plus aucun moyen de se faire écouter ou obéir: les autres n'avaient pas assez de respect pour lui. Il ne savait pas non plus comment en obtenir non plus. Tout le monde le détestait.

Brad aurait voulu que les autres membres d'équipage l'aiment, ne serait-ce qu'un tout petit peu. Il aurait voulu qu'on l'estime, qu'on l'écoute et qu'on lui accorde du respect. Il était bien trop orgueilleux pour l'avouer à voix haute, mais au fond de lui-même, il savait que c'était la vérité. Et surtout, il enviait Flavien d'avoir réussi à obtenir tout cela. Lui qui avait vécu une enfance si difficile, il avait trouvé le moyen d'obtenir l'amour et l'estime de tous, alors que lui, Brad Spitfire, né dans l'élite et la richesse, n'arrivait même pas à obtenir une fraction de tout cela.

Sans détourner le regard, Brad continua à fixer la forme tremblante du technicien radar. Il sombra dans la contemplation de ses pensées, ainsi qu'à l'implication de celles-ci sur ses récents agissements. Il ressentait... du regret?

Un pensée horrible lui traversa l'esprit: Devenait-il mou?

***

Une fois au Centre de Santé, Valence et Pétrolia se mirent à la tâche de trouver toutes les informations sur le sulfuro toxine de jus de poutine. Elles sortirent tous les ouvrages scientifiques pouvant contenir des sujets reliés et Pétrolia fit l'extraction des articles concernés dans la base de données de médecine.

Pendant qu'elles sortaient l'information, Bob se tourna vers son supérieur.

"Capitaine?" Demanda-t-il d'un ton nerveux "Qu'est-ce qui va arriver à Flavien?"

Charles considéra son pilote et calcula mentalement si celui-ci était capable de supporter la vérité. Il semblait anxieux et inquiet de la condition de son meilleur ami, mais pas au point de céder à la panique.

"Je ne sais pas, Bob" Répondit-il sincèrement "Espérons que les effets seront simplement temporaires"

Charles observa son pilote une seconde, puis les filles qui travaillaient. Devinant que cela allait prendre encore un peu de temps, il s'excusa, mentionnant qu'il allait aller vérifier si le cap était toujours bien sur Alola. En fait, il avait plutôt besoin de calme, ayant les nerfs toujours à vif. Il avait besoin d'être seul s'il ne voulait pas écarteler Brad la prochaine fois qu'il le verrait. Il sortit, tentant de calmer ses envies meurtrières envers le scientifique.

Bob s'adossa au mur et regarda distraitement les deux femmes travailler. Il songea à son ami, qui malgré toute la malchance qu'il avait eu dans sa vie, avait toujours été une partie intégrante de la sienne. Il se rappelait de leurs sorties au parc du quartier alors qu'ils étaient déjà inséparables. Il se souvenait de leurs tournois de cartes de collection dans la cours d'école, que Flavien arrivait toujours à gagner mais aussi du partage du butin une fois les autres partis. Les premiers amours de Bob, naturellement toujours des filles qui s'intéressaient à Flavien plutôt qu'à lui… mais Flavien, toujours dévoué, refusant à chaque fois de sortir avec elles et poussant Bob à tenter sa chance. Leurs amis communs, connus à l'école, au water-polo, au football ou au hockey cosum… mais aussi la gang à Campeau, qui leur causait toujours des ennuis… Leur premier band, ainsi que leur première chanson "Des filles, des filles, mais pas pour nous autres"... d'autres chansons, parfois de style rock ou folklore, mais aussi des compositions plus heavy metal, lorsque Flavien vivait des mauvaises passes dans sa vie avec ses familles adoptives. Il se rappelait aussi de leurs différentes jobs d'été, de leurs études à l'Académie Spatiale, lui en techniques de pilotage d'engins aéronautiques, et Flavien en techniques de radio, communications et radars. Leur plus grand rêve, s'embarquer dans l'espace ensemble... Ils avaient réussi, ils y étaient… mais Flavien parviendrait-il à se sortir de son côté sombre? Pourrait-il continuer à participer à la mission?

Bob regarda la porte par laquelle le Capitaine était parti. Même si Flavien se sortait de son dark side, qu'allait faire le Capitaine ensuite? Flavien avait tenté de l'étrangler. Ce n'était pas rien. Attenter à la vie d'un supérieur était passible de la court matiale. Le pilote savait que le Capitaine appréciait d'avoir Flavien sous son commandement, il lui avait toujours démontré une certaine affection. Il savait aussi que le Capitaine était compréhensif et d'une nature plutôt conciliante, mais serait-il prêt à pardonner un attentat sur sa vie? Le pilote en était moins sûr… et que ferait Flavien, une fois qu'il aurait appris qu'il avait porté la main sur l'homme pour qui il vouait tant de respect?

Une petite traction sur la jambe de son pantalon sortit Bob de ses pensées. Il baissa le regard et découvrit Pikachu qui le regardait de ses yeux noirs et doux.

"Pika?"

Bob se pencha pour prendre le petit extra-terrestre jaune dans ses bras.

"Est-ce que tu as faim?" Demanda-t-il.

Le petit être secoua la tête.

"Pika...pika."

Bob soupira lentement.

"J'aimerais ça que Flavien soit là pour traduire…"

Pikachu posa une patte sur sa joue, baissant les oreilles, puis il parla doucement dans son langage.

"Pika pika…"

Bob devina que Pikachu aussi aurait voulu la même chose. Il flatta doucement la fourrure soyeuse de la petite créature et attendit patiemment que Valence et Pétrolia trouvent une solution.

***

Valence n'aimait pas cela… pas du tout. La seule choses qu'elle et Pétrolia avaient pu trouver concernant les effets du narcotique, c'était que lorsque les zones cérébrales du cortex frontal ne répondaient plus après que la toxine ait été présente dans le système plus de trois heures, les patients n'avaient plus aucune chance de sortir de leur état violent. Le seul traitement expérimental qui avait fonctionné sur un patient était un choc électrique d'un voltage très élevé, mais le patient n'avait pas survécu par la suite. Pour Valence, c'était hors de question de risquer ceci sur Flavien.

"On a rien d'autre?" Demanda-t-elle à sa collègue.

Pétrolia fit un signe négatif de la tête.

"C'est tout ce qu'on a…" Répondit-elle "Et encore… On a aucune mention sur le dark side, incluant des changements physiques. Ça parle juste d'états seconds et de comportements violents si la quantité dépasse une certain seuil."

Elle soupira et laissa tomber la brique qui lui servait de référence en médecine.

"Ya rien pour nous autres là-dedans"

Pétrolia fixait le livre, songeuse. Elle aurait bien aimé avoir des références sur la race du père de Flavien. Elle n'avait aucune idée de la façon dont fonctionnait leur biologie… elle n'avait même pas le nom de leur espèce! Elle n'avait jamais rencontré ce fameux Richard, mais elle avait eu ouïe dire qu'il n'avait rien de très noble, à part son titre. Si Flavien était le fils d'un prince, il n'avait pas hérité de la personnalité de celui-ci. Il ne souhaitait ni pouvoir, ni richesses, contrairement à son père. Flavien était plutôt du genre à vouloir donner tout ce qu'il avait, plutôt que de souhaiter accumuler de plus grands biens ou d'importants statuts sociaux. Pétrolia ne savait même pas s'il avait reçu la majorité des traits génétiques de cette race inconnue. Ce n'était pas comme s'ils avaient demandé le profil génétique de son père avant de le renvoyer sur son vaisseau. La jeune médecin avait beau avoir commencé à dresser la liste des caractéristiques extra-terrestres de l'opérateur radar, elle n'était qu'au tout début de son analyse. De plus, Flavien n'était pas tout à fait réceptif à l'idée de vouloir connaître les implications biologiques de ce père si décevant. Il lui avait même avoué, lors d'une de ces nuits où il n'arrivait pas à dormir, qu'il aurait préféré ne jamais connaître Richard. Il aurait préféré continuer à espérer que son père avait eu une bonne raison de l'abandonner, qu'il était un homme bon et juste malgré son absence. Il aurait préféré continuer à vivre dans ses illusions plutôt que d'apprendre la triste vérité.

Pétrolia ne pouvait pas vraiment le blâmer. Sans le comprendre parfaitement, elle éprouvait un sentiment similaire. Elle avait connu ses deux parents, contrairement à lui, mais elle en gardait le souvenir à travers ses yeux d'enfant. Puisqu'ils avaient disparu lorsqu'elle avait à peine 15 ans, elle n'avait pas vraiment eu le temps de les connaître autrement que comme des parents et non pas comme des personnes à part entière… elle n'avait jamais eu de conversation avec eux, d'adulte à adulte. Son père demeurerait à jamais son héro et son camarade de jeu et sa mère, la définition même de l'affection. Elle regrettait ne pas pouvoir les connaître autrement, avec leurs défauts et leurs faiblesses… serait-elle déçue si elle les rencontrait aujourd'hui?

Devant elle, Valence pianotait sur un des livres de référence pendant qu'elle faisait défiler l'information de l'ordinateur central sur son écran. Elle leva les yeux, le regard brillant.

"Je pense que j'ai une idée"

Chapitre 10

Pétrolia s'approcha de Valence afin d'entendre ce que celle-ci avait à proposer.

La psychologue avança la tête, s'adressant à sa collègue.

"Flavien résiste aux charges desstruss.. desstr… qui tuent quand il est furieux, non? Alors pourquoi on utiliserait pas le même type de charge, mais en modifiant la tension et l'intensité pour que ça affecte la partie frontale du cortex cérébral?"

Pétrolia considéra la proposition quelques instants.

"Tu penses que ça marcherait?"

"Je l'sais pas… mais il faut essayer quelque chose."

La jeune médecin réfléchit encore quelques instants, puis se leva.

"C'est bon, je pense qu'il devrait résister. Je vais aller modifier un de nos fusils"

Sur ce, elle s'éloigna, empoignant quelques outils avant de sortir de la pièce.

***

Charles s'était rendu à la Salle de Commandement afin de vérifier la trajectoire du vaisseau vers Alola, puis s'était affalé dans son fauteuil de Capitaine. Il fixa le plafond un instant, soudainement exténué par la récente suite d'événements. La situation n'était pas réglée et il sentait tout le poids du stress se concentrer vers le devant de sa tête, causant un sale mal de crâne. Il appuya ses coudes sur ses genoux et se massa le front juste au-dessus des yeux. Pour la seconde fois, un de ses officiers avait tenté de l'assassiner: l'un par empoisonnement, l'autre par étranglement. Bien sûr, maintenant qu'il connaissait l'implication de Brad dans tout cela, il pourrait pardonner à Flavien, qui n'avait agi que sous l'influence d'un narcotique, assez puissant selon Valence. Charles passa sa main libre sur son cou. Il avait de la difficulté à accepter que Flavien ait pu être la cause de ses marques bleutées. Il connaissait bien sûr la force surhumaine du jeune homme et depuis qu'ils avaient appris ses origines extra-terrestres, cela ne le surprenait plus. Par contre, il n'aurait jamais cru en être la victime. Le regard de son second le hantait encore. Il avait cru qu'il allait mourir, ces yeux inhumains étant la dernière chose qu'il aurait vu.

Il réprima un frisson et se concentra sur le problème actuel. Comment aider Flavien à redevenir lui-même et que faire de Brad? Pour Flavien, Charles se dit que Valence et Pétrolia étaient les mieux placées pour l'aider. Il valait mieux attendre qu'elles trouvent une solution et il pourrait ensuite les appuyer dans leurs démarches. Cela l'amenait au problème suivant: Qu'allait-il faire de Brad?

Charles bouillonnait encore de savoir que celui-ci avait tenté d'empoisonner quelqu'un… encore! Il n'avait pas encore totalement digéré le fait qu'il ait tenté de le faire démissionner en le rendant malade. Les effets du poison n'avaient été que légers, quoi que inconfortables par moment, mais il s'était vite rétabli. Le fait que Brad lui en veuille ou lui envie sa position de commandant, Charles s'en fichait. Le fait qu'il lui ait administré un poison à répétition prouvait par contre que le geste était prémédité et parfaitement calculé. Cela le rendait particulièrement hargneux envers le scientifique. Il n'était pas une personne violente, mais Charles se découvrait parfois des envies de meurtre qu'il n'avait jamais éprouvées avant de connaître ce traître. En tant que Capitaine, il avait su garder la tête froide, et il avait réussi à accomplir ce qu'il voulait faire depuis si longtemps: dégrader le scientifique. Il savait que cela était la pire insulte pour ce vermisseau, mais le meilleur service à rendre pour l'équipage.

Seulement voilà, cela ne semblait pas avoir été suffisant pour Brad. Il n'avait pas appris sa place et surtout, il n'avait pas su comprendre que sa traîtrise ne serait plus tolérée sur le vaisseau. Il avait osé… il s'était permis de s'en prendre à un de ses membres d'équipage… à Flavien. Juste à y penser, Charles voyait rouge. S'il s'écoutait, Charles l'aurait déjà envoyé se promener dans l'univers sans scaphandre. Il ne savait pas s'il serait capable de prendre une décision réfléchie concernant la réprimande qu'il devrait accorder à Brad. Il voulait demeurer juste et impartial envers tous ses membres d'équipage, mais le scientifique lui rendait la tâche si difficile. Déjà, ses insultes et ses remarques quotidiennes minaient le moral de tous à bord, mais s'en prendre à eux si sournoisement? Ce qu'il avait fait dépassait largement les petites querelles auxquelles il était habitué. Charles ne savait pas s'il pourrait trouver une sanction assez sévère pour son crime.

Soudain, un bip provenant de son fauteuil le fit sursauter.

Il appuya sur le bouton afin d'ouvrir la communication.

"Ici le Capitaine"

Il y eut un faible grésillement.

"Capitaine?" Fit la voix de Pétrolia "On pense qu'on a peut-être trouvé une solution. Pourriez-vous venir nous voir devant l'entrepôt numéro deux?"

***

Pikachu n'aimait pas tellement le plan de Valence, mais cela était peut-être dû au fait qu'il détestait les armes. Il n'en avait jamais vu avant d'être enlevé par les Zoltoks et les fusils lui faisaient particulièrement peur. Le fait que ce soit Pétrolia qui manie l'arme le rassurait quelque peu: Elle était si douce avec lui, il était certain qu'elle ne l'utiliserait jamais pour faire le mal. Mais même en ayant confiance en elle, Pikachu fixait tout de même l'arme avec un peu de recul. Il se blottit dans les bras de Valence, n'osant pas retourner sur l'épaule de la jeune médecin tant qu'elle tiendrait cette machine infernale dans ses mains.

Valence eut un sourire triste et posa sa main sur le petit extra-terrestre.

"Tu n'aimes pas les armes, hein?" Devina-t-elle.

Pikachu leva les yeux.

"Pika…"

Sans avoir vraiment compris, la psychologue soupira simplement.

"On fait ben dur avec tous nos fusils, nous les humains… mais inquiète-toi pas, on s'en servira juste pour essayer de ramener Flavien…"

Même si elle se voulait rassurante, Valence était quand même un peu nerveuse. Son plan semblait fonctionner sur papier, tout était calculé, analysé, vérifié… mais rien n'était moins sûr. On parlait quand même de tirer une décharge sur Flavien. Il avait beau être fort et résistant, qui prouvait qu'il n'y aurait pas des effets divergents de leurs calculs?

Valence regarda Pétrolia faire les dernières vérifications de ses ajustements sur l'arme. Le fusil avait habituellement les fonctions paralysantes, débilitantes et desstrusstrices, mais en modifiant les calibrations, la technicienne avait réussi à rajouter un autre mode.

Bien que de garde devant la porte de l'entrepôt (ou plutôt le cachot), Serge observait lui aussi Pétrolia manipuler l'arme. Il avait confiance en elle puisqu'elle était sa créatrice, mais il avait observé quelques fois un manque d'attention à ses tâches et il voulait simplement s'assurer que cette fois-ci n'était pas l'une d'elle. Il était le défenseur du vaisseau, mais aussi de son équipage. Le Capitaine lui avait ordonné de toujours prioriser la mission... et sans équipage, il n'y avait plus de mission. À quoi bon avoir un vaisseau s'il n'y avait personne à bord? Serge n'avait jamais compris comment la Fédération Planétaire avait fait pour choisir un si petit équipage pour une mission si importante. Si l'un d'eux ne survivait pas, les chances que la mission échoue augmentaient drastiquement. Déjà, le Capitaine avait prévu entraîner chacun à accomplir les tâches des autres: l'autodéfense, le maniement d'armes, opérer le téléfax, piloter… tous avaient appris des fonctions en dehors de leurs tâches habituelles. Ils avaient tous dépassé les attentes face à leurs responsabilités, mais Pétrolia partait avec une longueur d'avance: Ayant été laissée seule sur sa station orbitale, elle avait appris à se débrouiller. C'était peut-être pourquoi, malgré ses petites erreurs d'inattention, elle était celle qui savait le mieux s'adapter en temps de crise.

Serge savait que chacun d'eux avait ses forces et ses faiblesses. Il devait protéger chacun d'entre eux, incluant Brad… et en ce moment précis, même Flavien, alors que c'était celui-ci qui représentait une menace pour l'équipage. L'androïde n'avait peut-être pas l'air nerveux, mais ses transistors étaient plutôt chargés à ce moment. Il appréhendait lui aussi de devoir tirer sur l'un des leurs. Il avait vu ce dont le second officier était capable et il savait qu'ils n'avaient pas le choix, ou alors ce dernier allait devoir rester enfermé dans le cachot. Il risquait même de s'épuiser à résister ou alors de fléchir sous la pression et redevenir violent. Ce n'était qu'une question de temps. Serge n'était pas certain que tous le réalisaient, mais il se doutait que Pétrolia l'avait confirmé avec les lectures du scanner portatif. Il regarda encore sa créatrice: Elle se concentrait sur sa tâche, mais lisant l'anxiété sur ses traits, Serge savait qu'elle comprenait l'urgence de la situation.

La jeune fille venait d'effectuer la dernière calibration et ce, sans guide ou manuel. Elle était suffisamment habituée à manipuler des circuits et il y avait longtemps qu'elle n'avait plus besoin d'instructions. Elle inspecta l'arme, puis leva les yeux.

"Bon, je suis prête!"

Le Capitaine tourna le coin du couloir juste comme elle terminait sa phrase.

"Prête pour quoi?"

Valence s'avança vers lui, le Pikachu toujours dans ses bras.

"On pense qu'on pourrait potentiellement sortir Flavien de son côté obscur en lui envoyant une charge modifiée"

Le Capitaine leva les sourcils. Une charge modifiée? Il était vrai que Flavien résisterait à toutes les charges, étant en ce moment dans un état de furie, mais Charles demeurait tout de même inquiet.

"Vous pensez que ça marcherait?"

Valence serra les lèvres avant de répondre doucement.

"Il y a des chances oui… on a rien d'autre. Il faut essayer, Charles."

Fixant l'arme dans la main de Pétrolia, Charles hocha la tête.

Il regarda ensuite vers le cachot. Serge était toujours campé à côté, et Charles pouvait distinguer à travers les barreaux la forme sombre toujours debout à l'intérieur. Il calcula mentalement les prochaines étapes à suivre, puis se retourna vers son équipage présent.

"Bon, voici ce qu'on va faire."

Tous se mirent au garde à vous.

"Zerge, vous allez tirer la décharge modifiée sur Flavien."

Charles savait qu'aucun d'entre eux ne voudrait tirer volontairement sur leur compagnon, mais le robot était le choix logique pour cette tâche, pouvant obéir aux ordres sans se laisser influencer par ses émotions. Celui-ci fit un signe positif.

"Pétrolia, vous allez l'accompagner, au cas où cela ne fonctionnerait pas. Je veux que vous soyez présente."

Pétrolia fit un signe de tête. Elle serait prête avec sa trousse médicale, juste au cas.

Charles se retourna vers Bob.

"Quant à vous, Bob… pensez-vous être capable de garder Brad en dehors de tout ceci sans lui taper dessus?"

Le Capitaine regarda son pilote d'un air compréhensif. Tout le monde à bord avait envie de frapper Brad en ce moment. C'était une tâche plutôt difficile que de se contrôler, mais Charles tenait à ce que Brad soit en dehors du cachot pendant la manoeuvre. Il ne voulait pas risquer que ce chien sale s'interpose ou fasse quoi que ce soit pour faire échouer leur tentative de ramener Flavien du côté obscure.

Bob serra les dents. Il avait une envie presque incontrôlable de faire payer Brad pour ce qu'il avait fait à son meilleur ami, mais le Capitaine lui demandait de l'aider et Bob ne désobéirait pas au Capitaine. Il serra les poings un instant puis les desserra.

"Oui Capitaine!"

Charles serra son épaule en guise de soutient, puis se tourna vers sa douce.

"Valence et moi allons simplement observer en dehors du cachot et intervenir si nécessaire. Questions?... Action!"

***

Tous étaient en position. Bob avait sorti Brad du cachot et il le tenait par le collet, à l'écart. Brad n'était pas du tout mécontent de sortir du cachot et surtout de s'éloigner de Flavien. Il avait bien trop peur et il préférait se tenir loin de la pièce lorsqu'ils allaient tirer sur le technicien, même si cela signifiait se retrouver seul avec cet imbécile de pilote. Au moins, quand Bob le frappait, il ne le blessait jamais alors qu'avec Flavien dans son côté obscure, rien n'était moins sûr… de toutes façons, le pilote avait promis de ne pas lui donner de coups.

Les autres étaient debout, tout près de la porte maintenant ouverte. La tension était palpable alors que Serge et Pétrolia se tenaient prêts, tous deux échangeant un regard. Serge vérifia une dernière fois le réglage de son arme, puis entra, se positionnant devant Flavien, toujours figé dans sa transe enragée. Il ne fit rien lorsque le robot se plaça devant lui.

Pétrolia entra elle aussi, mais s'arrêta simplement près de la porte, ne voulant pas se mettre dans le champs de tir de l'androïde. Pikachu la suivit à ses pieds, voulant observer ce qui se passait.

Serge se mit en joue, pointant l'arme vers la tête du second officier, comme le lui avaient indiqué Valence et Pétrolia. Il avait beau être un robot et obéir aux ordres sans broncher, le module d'émotions de Serge était à ce moment même surchargé.

Il ferma les yeux une seconde, puis les rouvrit.

"Excuse-moi Flavien."

Il appuya sur la gâchette.

La charge bleutée frappa directement Flavien en plein front, et celui-ci fut enrobée d'une aura de lumière et recula de deux pas, perdant l'équilibre pendant quelques secondes.

Tous retinrent leur souffle alors que Serge baissa son arme, observant le jeune technicien qui avait baissé la tête un instant.

Soudain, un grondement inhumain se fit entendre et Flavien releva la tête, le visage animé d'une furie incontrôlée. Il se lança vers Serge comme un fauve affamé avec un cri de rage.

Pikachu, qui se tenait toujours aux pieds de Pétrolia, réagit vite comme l'éclair. Il s'avança et se concentra de toutes ses forces, des décharges électriques l'entourant.

"Pika pika.. CHU!!!!"

Il lança une décharge directement vers Flavien et les éclairs le frappèrent de plein fouet. Le corps du jeune technicien se raidit puis trembla sous la charge qui le frappait. Aussitôt que les éclairs cessèrent de le toucher, il s'effondra par terre.

Serge et Pétrolia restèrent figés un instant, surpris par l'intensité de la charge que venait de produire le Pikachu. Celui-ci regardait la forme inerte de Flavien, immobile sur le sol. Venait-il de tuer son nouvel ami?



À suivre...

Chapitre 11

"Pika...?"

Pikachu avait simplement voulu protéger ses autres amis, mais avait-il sous-estimé les Terriens? Il s'approcha lentement de la forme inanimée qui gisait sur le sol.

Charles et Valence accoururent dans la pièce, affolés.

"Flavien?!"

Charles se précipita vers son second, craignant le pire. Valence porta ses mains sur sa bouche, tentant d'étouffer un cri d'effroi. Son idée n'avait pas fonctionné… et si son erreur avait coûté la vie de Flavien? Elle resta près de Serge qui, d'une logique toujours aussi imperturbable, changea son arme au mode charge desstrusstrice, juste au cas. Même Bob s'était avancé au cadre de porte avec Brad. Tous deux fixaient la forme inerte sur le plancher.

Pétrolia se précipita aux côtés de Flavien, faisant face au Capitaine et elle sortit son scanner portatif alors que le Pikachu posa une patte sur la jambe du jeune homme. Elle passa l'objet au dessus de Flavien, les mains crispées sur celui-ci pendant qu'elle prenait les lectures des signes vitaux. Elle regarda l'instrument pendant quelques secondes, puis soupira.

"Il est en vie..."

L'équipage soupira de soulagement, et comme pour confirmer ses dires, Flavien grogna et fit quelques battements de paupières.

"Ayoye…" Fit la voix du jeune homme "J'ai dont ben mal à la tête moi…"

Il ouvrit les yeux et le regard sombre, mais cette fois-ci entouré de blanc apparut. Le poids du stress des dernières heures s'évapora d'un seul coup.

"Flavien… " Commença le Capitaine "Vous allez bien?"

Le jeune homme se redressa sur ses coudes.

"Euh… oui?" Il regarda tous les autres qui le fixaient, puis son regard revint sur le Capitaine "Qu'est-ce qui s'est passé?"

Charles regarda Flavien un instant, incertain, puis leva les yeux vers Pétrolia. Est-ce que son second avait des séquelles du dark side ou bien des nombreuses charges qu'il avait reçues?

Le Pikachu s'avança rapidement et bondit sur la poitrine du jeune homme, heureux qu'il ne soit pas mort. Il avait tellement eu peur d'avoir tué son nouvel ami, mais celui-ci semblait bien aller. Flavien sursauta mais se reprit rapidement et posa une main sur la petite créature.

"Pika!"

Le second officier caressa affectueusement le petit extra-terrestre mais son attention revint rapidement sur les autres membres d'équipage.

Pétrolia prit parole.

"Flavien, c'est quoi la dernière chose dont tu te souviens?"

Flavien sembla se concentrer un instant, puis secoua la tête comme pour s'éclaircir les idées. Il répondit lentement, incertain.

"Je… mangeais mon déjeuner?"

Pétrolia le fixa un instant, puis ses yeux croisèrent ceux du Capitaine. Il était évident que Flavien semblait n'avoir aucune notion de ce qui s'était passé durant les dernières heures. Elle n'était pas certaine que ce soit un effet immédiat de la décharge électrique qu'il venait de recevoir. Elle se demandait aussi si sa mémoire allait revenir ou si ce serait permanent. Les pertes de mémoire à court terme étaient fréquentes lors de chocs à la tête. Cependant, elle était plus que soulagée de savoir qu'il n'était plus sous l'emprise de son côté obscure.

"Viens" Répondit-elle d'une voix douce "On va aller vérifier que tout va bien au Centre de Santé."

Le Pikachu toujours sur son bras, Flavien se releva, acceptant gracieusement la main que lui tendait le Capitaine. Il ne comprenait pas ce qu'il faisait dans l'entrepôt et n'avait aucun souvenir de s'y être rendu. Il n'avait en fait aucun souvenir depuis son déjeuner et cela le rendait perplexe. De plus, tout le monde l'observait, l'air inquiet… même Brad, dans le cadre de porte, semblait soucieux. Toute cette attention visée vers lui le rendait mal à l'aise: Il détestait être le centre d'attention, surtout lorsque les gens semblaient se faire du soucis. Le fait que Serge ait une arme avec lui et que le Capitaine ait des marques de blessures sur son cou ne le rassuraient guère plus.

Pétrolia le guida vers le Centre de Santé, accompagnée de Valence. Il se sentait soudainement très fatigué, comme s'il avait couru un marathon sans le savoir, et un mal intense lui martelait le crâne. Il ne s'opposa donc pas et suivit la jeune médecin et la psychologue en dehors de l'entrepôt, remarquant vaguement les modifications apportées à la porte.

***

Lorsque Charles entra au Centre de Santé, il fut heureux de voir que Flavien attendait patiemment, assis sur le lit d'examen, le Pikachu à ses côtés. Il semblait redevenu à la normale et il n'y avait plus aucune trace de ces yeux inhumains ou de cette aura glaciale qui l'avait entourée durant les dernières heures. Valence se tenait à côté de lui, griffonnant dans son carnet, alors que Pétrolia inspectait les dernières feuilles sorties du scanner.

Charles aurait bien voulu venir plus tôt, mais il devait régler quelques détails. Il avait entre autres eut une discussion (si on voulait appeler cela ainsi) avec Brad. Il espérait que ce salaud ait compris le message cette fois-ci. Il avait aussi ordonné à Bob de ranger les armes, incluant le fusil modifié. Il avait ensuite aidé Serge à aménager le nouveau cachot, car c'était là que Brad passerait le prochain mois à réfléchir à ses actes des dernières semaines. Bien qu'ils aient besoin d'un scientifique pour mener à bien la mission, celui-ci pouvait très bien effectuer ses tâches de sa cellule. Charles savait que c'était bien plus qu'une réprimande, mais que pouvait-il faire de plus? Il ne pouvait ni l'expulser du vaisseau, ni le renvoyer de ses fonctions. De plus, il espérait que Valence pourrait passer plus de temps en thérapie avec lui, car il en avait évidemment bien besoin. Elle était convaincue qu'il pouvait changer, mais Charles n'en était pas si sûr… Quoi qu'il en soit, cela ne lui ferait pas de tort.

Il s'approcha de son second et celui-ci leva les yeux.

"Capitaine" Dit-il simplement.

"Flavien… comment vous sentez-vous?"

"Bien Capitaine… juste un peu fatigué. Pis j'aimerais ça savoir ce qui s'est passé. Les filles veulent rien me dire…"

Charles regarda Valence, puis Pétrolia. Il n'avait pas donné l'ordre de garder le silence sur les événements. Il leva un sourcil, attendant une explication.

"On était pas certaines que vous voudriez qu'on parle de ce qui s'est passé" Commença Valence.

"Oui, on savait pas…" Ajouta Pétrolia, en se frottant discrètement le cou pour indiquer au Capitaine ses propres blessures.

Il y eut une étincelle de compréhension dans le regard du Capitaine. Évidemment, les filles craignaient d'annoncer à Flavien qu'il avait attenté à la vie de son supérieur, le blessant par la même occasion. Charles comprenait leur appréhension, voulant lui aussi éviter à Flavien les remords qui s'en suivraient, mais il méritait de connaître la vérité. Peu importe quelle avait été son implication dans l'attentat sur sa vie, son second n'était pas responsable. Il n'avait pas eu le contrôle ni même le choix, Charles le comprenait. Il décida d'aller droit au but, espérant seulement que Flavien ne se blâmerait pas trop.

"Vous avez passé les dernières heures sous l'emprise de votre dark side…" Commença Charles.

À ces mots, les yeux de Flavien s'écarquillèrent.

"Je tiens à vous assurer" Continua-t-il rapidement "que je ne vous tiens aucunement responsable de cette situation. Brad vous a exposé à un puissant narcotique qui vous a affecté de façon très négative. Vous n'y êtes pour rien…"

Flavien fixait le Capitaine, incrédule. C'était vraiment ce qui s'était passé? Comment cela se faisait-il qu'il n'en avait aucun souvenir?

Il regarda Valence, puis Pétrolia et son regard revint se poser sur le Capitaine.

"C'est… c'est tu moi qui vous ai blessé?" Interrogea-t-il d'un ton légèrement tendu.

Charles hésita un moment, puis fit signe que oui.

Flavien pressa les lèvres, puis reprit.

"Pis… j'ai tu blessé quelqu'un d'autre?" Demanda-t-il à mi-voix.

"Non"

Charles observa son second et vit passer une myriade d'émotions dans ses yeux. C'était beaucoup à assimiler, Charles le savait, et il se demanda même comment lui-même aurait pris la nouvelle si on lui avait annoncé qu'il avait blessé un supérieur. Il l'aurait sûrement pris très mal. Charles avait beaucoup de respect pour la hiérarchie, comme Flavien, mais pour eux c'était différent: Après avoir passé 4 ans à servir ensemble sur le même vaisseau, la loyauté dépassait le simple rang.

Valence s'approcha et posa sa main sur l'avant-bras de Flavien. Elle voyait bien qu'il avait de la difficulté à accepter qu'il ait blessé le Capitaine. Il regarda sa main, puis leva les yeux sans oser vraiment la regarder directement, mais fixa plutôt un point devant lui.

"Attenter à la vie d'un supérieur est passible de la court martiale, Capitaine" Murmura le technicien radar.

Charles secoua la tête.

"Vous n'êtes pas responsable" Réaffirma-t-il avec conviction.

"C'est vrai ça, Flavien" Ajouta Valence en serrant sa main "Tu étais sous l'influence d'un puissant narcotique, personne n'aurait pu résister à un tel dosage"

Elle regarda ensuite Pétrolia, qui s'avança elle aussi.

"On a d'ailleurs une bonne nouvelle dans tout ça" Dit la jeune médecin en tenant toujours les feuilles du scanner dans ses mains. "D'après nos analyses, la charge électrique que le Pikachu a envoyé a non seulement neutralisé le côté obscure mais il ne semble plus rester aucune trace de celui-ci."

Valence hocha la tête et poursuivit, s'adressant à Flavien.

"Du point de vue psychologique, je peux affirmer la même chose. Le dark side était toujours dormant auparavant, mais maintenant, il semble avoir complètement disparu, comme si cette partie de toi était morte, Flavien."

Elle resserra sa main sur l'avant-bras du jeune homme qui, sans être complètement soulagé par cette information, risqua un regard vers le Capitaine. Celui-ci lui sourit. Charles sentait un poids énorme se soulever de ses épaules. Il n'aurait plus à considérer Flavien comme un danger potentiel, pouvant être déclenché à tout moment. Son côté sombre étant détruit, il ne constituait plus une menace pour l'équipage. Il ne pourrait plus être provoqué au point de sombrer dans le dark side et celui-ci ne pourrait plus être déclenché par le sulfuro toxine de jus de poutine, le faisant succomber à une telle furie. Charles ne savait pas s'il aurait pu prendre des mesures de sécurité contre son second… il n'avait pas voulu envisager une telle éventualité, mais son rôle de Capitaine l'en aurait obligé. Il était soulagé d'être libéré de ce fardeau, et surtout, que Flavien soit libéré du côté obscure en permanence.

Valence observa les deux hommes. Elle voyait Charles qui tentait de se montrer rassurant. Il ne blâmait pas Flavien, c'était évident, mais il savait que celui-ci prendrait tout de même le blâme. Il tentait de se montrer compréhensif mais lui donnait aussi du temps pour assimiler l'information. Charles n'était peut-être pas formé en psychologie, mais il avait avait une bonne compréhension des relations et de la dynamique de ses subordonnés. Il savait aussi reconnaître la façon dont il devait approcher chacun d'entre eux, dépendant de leurs besoins et de leurs personnalités. Il était un leader né, mais aussi une personne qui savait ouvrir son coeur. Valence admirait beaucoup cette facette de sa personnalité.

Elle regarda ensuite Flavien, qui flattait distraitement le Pikachu d'une main. La petite créature s'était aperçue de son malaise apparent et avait mis ses pattes sur sa cuisse, ses grand yeux noirs le regardant avec compassion. Les traits du jeune homme étaient tendus, ne sachant probablement pas comment réagir. Valence devinait qu'une partie de lui se sentait responsable des blessures du Capitaine, même en sachant qu'il n'avait pas eu le contrôle sur ses actes. Elle devinait aussi qu'il était soulagé de se savoir libéré du dark side, mais qu'il ne savait pas ce que cela impliquait au niveau de sa personnalité. Connaissent son profil psychologique, Valence savait que de rares épisodes du dark side avaient influencé sa vie, et de savoir que cela n'existait plus, ce devait être déstabilisant.

Après quelques instants, Flavien sembla se reprendre.

"Capitaine, je… même si vous dites que je ne suis pas responsable, je veux quand même m'excuser de vous avoir blessé."

Charles hocha simplement la tête, sentant que Flavien avait besoin de présenter ses excuses afin de passer par-dessus son sentiment de culpabilité.

"Est-ce que… est-ce que vous savez pourquoi Brad m'a fait ça?"

Flavien ne voulait pas provoquer la colère du Capitaine, mais il se demandait bien pourquoi le scientifique l'avait exposé à un narcotique. Il avait dû savoir l'effet que celui-ci aurait sur lui. Dans quel but malhonnête Brad avait-il voulu risquer la vie de l'équipage?

Le Capitaine prit un grande inspiration. Il était toujours en colère contre le scientifique.

"Brad n'avait aucune raison valable de vous faire ça" Répondit Charles, tentant de maîtriser le mépris dans sa voix "mais il a mentionné qu'il voulait nous montrer que vous n'étiez pas digne d'être second officier, ce qui est absolument absurde."

Valence resserra encore sa main sur l'avant-bras du technicien radar, ne voulant pas qu'il considère une seule seconde que ce que Brad avait dit était la vérité.

"Il est juste jaloux, Flavien" Ajouta-t-elle doucement.

Flavien hocha la tête, considérant cette information. Cela ne le surprenait guère, Brad gérait tellement mal ses émotions et il agissait souvent sournoisement lorsqu'il était confronté à des envies de pouvoirs ou de richesses. Par contre, la gravité ses actes et la façon dont il avait pu se rendre si loin dans ses plans malveillants le surprenait quand même un peu.

"Brad est enfermé dans l'entrepôt numéro deux, notre nouveau cachot" Ajouta Charles d'un ton posé "Il y restera pour le prochain mois, afin de penser à ses affaires…"

Un petit sourire illumina le visage de Flavien.

"Congé de Brad?"

"Oui, ça nous fera tous du bien."

Il y eut un bip sonore et la voix de Bob se fit entendre.

"Capitaine, on arrivera aux abords de Alola dans une heure."

Charles approcha sa montre de sa bouche.

"Merci Bob. Je viens vous trouver dans la Salle de Commandement dans quelques minutes pour préparer le plan de vol."

Il sourit à Flavien.

"Reposez-vous un peu, vous avez eu une journée épuisante."

Sur ce, il lui posa une main sur l'épaule quelques secondes avant de tourner les talons et sortir par la porte coulissante. Valence s'excusa elle aussi, mentionnant qu'elle devait aller sortir les dossiers de Brad afin de préparer ses prochaines thérapies. Elle en avait au moins pour quelques heures, juste pour sortir la quantité imposante de dossiers. Elle sortit d'un pas décidé, prête à affronter la tâche colossale qui l'attendait.

Pikachu grimpa sur les genoux de Flavien. Il était heureux que celui-ci n'ait aucune séquelles et surtout, qu'il ne soit pas mort. Il était aussi rayonnant à l'idée qu'il allait enfin retrouver Alola. Après des mois abandonné sur une petite planète déserte, il allait enfin retrouver les siens. Ses semblables lui avaient cruellement manqué et il se réjouit de savoir que dans à peine une heure, il serait de retour parmi eux.

Il se blottit confortablement contre Flavien et ferma les yeux. Sa queue en forme d'éclaire entoura son corps alors que ses oreilles pointues s'aplatirent et il émit un genre de ronronnement après quelques secondes*. Le jeune homme, surpris, regarda Pétrolia avec un sourire avant de poser sa main sur le dos de Pikachu, passant les doigts dans la fourrure jaune et soyeuse.

"Il est tellement mignon!" Fit Pétrolia, ravie.

Elle s'approcha de Flavien et s'assit à côté de lui. Elle avait eu tellement peur pour lui et le voir maintenant ainsi, revenu à la normale, flattant le petit extra-terrestre comme s'il s'agissait d'un animal de compagnie, lui fit avoir des papillons à l'intérieur. Elle n'avait jamais cessé d'avoir des sentiments pour lui, même si lui semblait avoir passé par-dessus cette étape.

Tous deux restèrent dans un silence confortable pendant quelques instants, puis Flavien leva les yeux.

"Je t'ai pas fait trop peur… j'veux dire… quand j'étais dans le dark side?"

Pétrolia hésita, mais elle se décida rapidement à lui dire la vérité.

"Ben… un peu. Tes yeux étaient complètement noirs et tu n'étais vraiment plus toi-même. Je ne t'ai jamais vu être violent comme ça et… ben, c'était un peu épeurant de savoir que c'était une partie de ta personnalité."

Flavien regarda le plancher, l'air abattu.

"J'm'excuse…"

Pétrolia reprit rapidement parole.

"Ben non… c'est juste que… j'ai eu peur oui, mais j'ai bien plus eu peur pour toi... que tu ne te sorte pas du dark side, tsé?"

Flavien leva les yeux à nouveau, croisant son regard. La jeune fille sourit tristement.

"J'ai eu peur de perdre mon meilleur ami…"

Flavien hocha la tête. Il prit sa main dans la sienne.

"Tu m'as pas perdu, je suis là… mais je m'excuse de t'avoir fait peur."

Il réfléchit un instant, puis ajouta:

"Je suis content que le dark side n'existe plus, mais penses-tu que ça va changer ma personnalité?"

Pétrolia secoua la tête.

"Non, j'pense pas…"

La jeune fille le regarda un instant, hésitant. Ce qui était un peu délicat dans son travail, c'était cette mince ligne entre l'amitié et son devoir de médecin.

"Est-ce que tu te sens différent?" Demanda-t-elle doucement.

Flavien secoua la tête.

"Non, pas maintenant."

Il regarda encore le Pikachu qui semblait toujours assoupi. Il passa ses doigts dans la fourrure soyeuse, appréciant la chaleur et sentant la respiration lente sous sa paume.

"Je suis content que Pikachu retrouve sa planète" Dit-il pour changer de sujet "mais j'ai pas hâte qu'il s'en aille."

Pétrolia eut un sourire triste.

"Oui moi aussi j'aurais aimé le garder, mais ce n'est pas un animal de compagnie. Il est bien trop intelligent. En plus, il sera bien plus heureux sur Alola…"

Elle regarda Flavien et Pikachu encore quelques secondes.

"Penses-tu qu'il aura faim quand il se réveillera?" Demanda-t-elle.

À ces mots, les oreilles du Pikachu se redressèrent subitement.

"Pika?"

Flavien rit doucement.

"J'pense que oui"

Pétrolia rit aussi.

"Bon ben j'vais aller chercher quelque chose à la cuisine." Dit-elle avant de s'éloigner vers la porte "Toi, as-tu faim?"

"Un peu, oui."

"J'te ramène quelque chose aussi" Répondit la jeune fille avec un sourire.

"Merci"

Flavien la regarda franchir la porte. Il était heureux qu'elle ne soit pas effrayée malgré qu'elle ait vu la partie la plus sombre de son âme. Elle avait eu peur pour lui, mais au moins, elle n'avait pas peur de lui en ce moment. Et surtout, il était soulagé que son dark side soit détruit. C'était une partie de lui-même qui l'avait toujours rendu inconfortable. Il n'avait jamais compris pourquoi lui seul pouvait agir ainsi, jusqu'à ce qu'il apprenne ses véritables origines.

"Pika?" Fit la voix du Pikachu, le sortant de ses pensées.

"Oui?"

"Pika pika pika… chu... pika pika?"

"Oui, Pétrolia est très gentille" Répondit-il avec un sourire.

Le Pikachu leva la tête pour le regarder.

"Pika pika...pika… pika… pika pika?"

Le jeune homme eut un soupire lasse.

"Oui, j'aimerais ça être avec elle… Elle est sympathique, drôle, gentille, débrouillarde et tellement belle… mais elle m'a demandé d'être son meilleur ami et je respecte ça."

"Pika pika pika"

"Je sais…je pourrais lui redemander comment elle voit ça maintenant. Ça serait le fun si elle disait oui… mais ya Bob aussi. C'est mon meilleur ami depuis qu'on est tout petits, pis il est en amour avec elle par-dessus la tête. J'peux pas lui faire ça, pas quand en plus Pétrolia ne me montre aucun intérêt. Si on était attirés un vers l'autre, ça serait différent, mais j'pense que j'suis mieux d'oublier ça."

Un air triste sembla passer sur le visage de Pikachu.

"Pika…"

Flavien sourit.

"C'est pas grave, je l'ai accepté, même si ça a été difficile au début. C'est correct."

"Pika…?"

"Ben oui" Répondit-il avec un sourire.

À ce moment, Pétrolia réapparut par la porte en apportant un chariot rempli de nourriture. De nombreux plats métalliques regorgeaient de repas fumants de toutes sortes: lasagne, jambon, pizza et poulet rôti. Un autre plateau était garni d'une montagne de fruits frais, coupés en parts individuelles.

"J'espère que vous avez faim parce que j'vous ai amené de tout!"



À suivre… pour la conclusion!

*Je ne sais pas si les Pikachu ronronnent, mais lui oui.

Notes:
J'aime les bouts cutes ^^

Voici un autre numéro dans le défi "30 morts... ou presque!" terminé!

30. Mort électrocuté par un Pikachu (facile à deviner non?). Bon oui, il est pas mort, mais une partie de lui, oui!

Chapitre 12



Dans sa cellule, Brad s'était assis sur son nouveau lit de fortune: un petit matelas installé sur un lit métallique qui craquait et grinçait à chaque fois qu'il bougeait d'un millimètre. Il regardait le reste du cachot, récemment aménagé pour lui. Il y avait un lavabo, une toilette et un miroir dans un coin. Il avait aussi eu droit à une toute petite table et à une chaise étroite, où il pourrait s'installer pour travailler ou pour remplir son journal personnel. Le Capitaine n'était pas si inhumain, même s'il lui avait parlé dans le toupet un peu plus tôt. Brad devait admettre qu'il l'avait bien mérité cette fois-ci. Il s'était laissé emporter par ses sentiments et avait presque causé la mort du Capitaine par l'entremise de Flavien. Si ce n'avait pas été de Serge, il l'aurait tué et alors, Brad savait que rien n'aurait jamais plus été pareil dans le vaisseau. Flavien se serait blâmé pour la mort du Capitaine et les autres l'auraient sûrement écartelé.



Après les événements qui venaient de se produire, Brad était plutôt surpris qu'il ne se mérite pas plus qu'un mois en isolement. Il avait tout de même largement dépassé les bornes en droguant le second officier et en mettant la vie du Capitaine et de l'équipage en jeu par la même occasion. Il se demandait s'il n'y aurait pas d'autres sanctions à venir. Il savait que Valence allait passer beaucoup de temps avec lui, le soumettant à toutes sortes de thérapies, essayant de le faire changer, mais Brad s'attendait que le Capitaine lui impose une quelconque corvée, ou pire, lui fasse subir une humiliation supplémentaire. Il savait que le Capitaine était toujours furieux contre lui. Après tout, il avait touché à son précieux protégé et Brad savait qu'il ne lui pardonnerait pas de si tôt. Il espérait seulement qu'en étant à l'écart dans le cachot pendant un mois, le Capitaine l'oublierait un peu et que avec cela, sa colère s'estomperait.



Brad commençait aussi à réaliser qu'il avait peut-être mal évalué les risques lorsqu'il avait décidé d'utiliser le sulfuro toxine de jus de poutine. Les effets du narcotique étaient déjà plutôt mal connus chez les humains puisque cette drogue était assez puissante et ses effets très instables. Par contre, Brad avait négligé le fait que le sujet sur lequel il avait décidé de le tester était à moitié extra-terrestre. L'exposition à une substance peu étudiée aurait dû être considérée comme une source potentielle d'erreur. Il avait fait une erreur de débutant, lui, le meilleur scientifique de la Fédération Planétaire (enfin presque)! Il était pourtant certain que Flavien aurait réagit moins violement, étant donné sa résistance et son physique robuste. Il aurait peut-être dû tester un plus faible dosage auparavent, plutôt que risquer une expérience sur un sujet dont il ne connaissait pas toutes les caractéristiques. L'ampleur de sa réaction dépassait tout ce qu'il avait pu imaginé. Jamais il n'avait vu pareille furie et même dans ses plans les plus machiavéliques, il ne pouvait concevoir de faire subir ces effets dévastateurs à un des membres d'équipage. Il était non seulement un excellent scientifique, mais il avait également été un second officier hors pair avant sa destitution. Il reconnaissait la valeur du technicien radar à bord, malgré son imbécillité, et combien celui-ci était utile lors de tempêtes cosmiques par exemple. Brad se dit que c'était lui-même qui était encore le plus qualifié, que c'était toujours à lui que revenait ce rang. Flavien lui, aurait dû demeurer là où il le méritait, c'est-à-dire avec les classes inférieures où les talents manuels étaient requis.



Par contre, même si Brad considérait les autres membres d'équipage comme inférieurs au niveau intellectuel, cela ne voulait pas nécessairement dire qu'il leur souhaitait malheur. En fait, il était soulagé que Flavien ait pu se sortir de son côté sombre. Il n'avait jamais considéré que les effets puissent être permanents et cette pensée l'ébranlait un peu. Il avait voulu se venger, mais juste pour montrer aux autres que le poste de second officier lui revenait, pas pour tuer ou invalider un des membres de l'équipage.



Un bruit soudain du verrou le sortit de ses pensées. Il leva les yeux et son regard tomba sur Flavien justement, qui entrait dans sa cellule, refermant la porte derrière lui. Brad se sentit soudainement rempli de terreur. Est-ce que le nouveau second officier venait se venger? Il recula sur son lit, saisissant ses couvertures de ses mains crispées et fixa la forme du jeune homme qui marcha lentement jusqu'à la chaise de son bureau et y prit place. Il se pencha, les coudes sur les genoux, et son regard tomba sur lui.



"Ne vous en faites pas, Brad, je ne suis pas venu ici pour vous faire mal."



Le scientifique sembla se calmer et Flavien l'observa. Il semblait toujours le même vieux Brad, agité mais surtout pissou, et il ne semblait pas plus mesquin qu'à son habitude. Flavien s'était creusé la tête et il ne comprenait toujours pas pourquoi Brad lui avait fait ça. Pourquoi l'avait-il exposé a un puissant narcotique, risquant de lui causer des séquelles permanentes? Le détestait-il à ce point? Ce ne pouvait pas être par simple jalousie de son rang, puisque ce n'était pas lui qui avait décidé… Il avait été nommé second officier, mais c'était le Capitaine qui l'avait choisi. Brad savait qu'il n'avait jamais demandé, ni même suggéré de prendre la place du scientifique afin de le remplacer et monter en grade. Si Brad avait voulu se venger, ne serait-il pas allé contre le Capitaine, qui l'avait dégradé (avec raison) et qui avait donné son rang à un autre?



Flavien savait que la situation entre eux n'avait jamais été rose. Ils se chamaillaient, s'engueulaient, se jouaient des tours pas toujours honnêtes s'il devait se l'avouer. Brad agissait souvent de façon malhonnête, incapable de résister à ses envies de pouvoir, et l'équipage le faisait souvent payer pour ses actes. Flavien n'était pas l'exception, mais il se demandait pourquoi Brad en avait eu contre lui en particulier… pourquoi il avait été la cible d'un acte si hargneux? Comme le reste de l'équipage, il détestait Brad, et celui-ci leur rendait bien la même haine, mais ce n'était pas habituellement si intense… et même s'il aurait dû être particulièrement fâché contre le scientifique en ce moment, Flavien ne pouvait se débarrasser de ce sentiment qui lui faisait penser que quelque chose d'autre que de la simple méchanceté se cachait sous les intentions des derniers événements.



Brad observait aussi Flavien. Il avait l'air lasse et fatigué, son regard trahissant son épuisement. Il semblait pensif, comme s'il était confronté à un problème qu'il ne pouvait résoudre. Brad se demandait si Flavien était venu pour lui faire part de sa colère ou bien pour se venger lui aussi. Après tout, il avait toutes les raisons du monde de lui en vouloir. Est-ce qu'il venait lui faire payer pour tout ce qui lui avait été fait? Brad sentait la peur monter en lui comme un raz-de-marée, il se sentait soudainement transi, comme figé. Il ne savait pas s'il devait parler ou se taire.



Il prit son courage à deux mains et répondit de la voix la plus solide qu'il pu émettre.



"Qu'est-ce que vous êtes venu faire, d'abord?"



Flavien le regarda encore une seconde, puis se redressa sur sa chaise.



"Je l'sais pas vraiment…" Dit-il en se frottant la nuque "En fait, j'pense que j'suis venu vous demander… pourquoi vous m'avez fait ça?"



Il y eut un silence, Brad se sachant pas trop quoi répondre.



"Valence dit que vous êtes jaloux" Reprit le jeune homme "mais je vous connais… ça peut pas être juste ça…"



Brad se redressa à son tour sur son lit, soudainement irrité. Pour qui elle se prenait, Valence, de discuter de ses sentiments avec les autres membres d'équipage sans même lui avoir parlé, sans même lui avoir demandé comment lui il voyait ça vraiment? Et pourquoi est-ce que c'était Flavien qui venait le voir, et non pas elle, la psychologue du vaisseau? C'était déjà assez humiliant de s'être fait enfermé dans un entrepôt, même s'ils appelaient ça un cachot maintenant, mais en plus, personne n'était passé le voir depuis, même pas pour lui apporter ses effets personnels.



Il allait énoncer ses pensées à haute voix, quand Flavien baissa la tête, massant la partie centrale de son front, toujours en proie à un mal de tête résiduel.



Brad se radoucit. Il était la cause de tout ce fiasco et il se sentait un peu mal de ce qu'il avait fait. Il avait vraiment risqué la vie de l'équipage, et Flavien était celui qui en avait payé le prix, d'après ce qu'il voyait. Pourquoi il avait fait ça encore? Ce n'était pas parce qu'il détestait vraiment Flavien… ou personne, même s'il faisait semblant de les haïr… Dans le fond, il les aimait bien.



Il décida d'être franc, juste pour cette fois-ci.



"Oui, je suis jaloux…" Répondit-il doucement.



Flavien ouvrit les yeux et le regarda, étonné que le scientifique prononce ces mots, confirmant les dires de Valence et avouant même ses sentiments à voix haute. Brad ne n'avouait jamais ce genre de chose.



"Je suis jaloux," Rajouta Brad "mais pas seulement de votre rang. Je suis jaloux parce que vous, contrairement à moi, vous êtes aimé et respecté. J'ai jamais eu ça moi. Je ne sais pas comment vous faites, pis ça… c'est ça que j'envie. Je sais que c'est pas une raison pis j'comprends que vous m'haïssez… tout le monde m'haït… "



Brad se tut, incapable de continuer.



Flavien le fixa, estomaqué. Brad ne s'était jamais confié à lui auparavant, et il pouvait déceler une parcelle d'humanité qu'il n'avait jusqu'alors jamais vue. Brad avait toujours intériorisé ses sentiments et il semblait parfois n'avoir aucune compassion, ni même aucune qualité positive. Flavien voyait maintenant une pointe de sa personnalité, une facette de celle-ci qu'il pensait n'avoir jamais existé.



"Brad…" Murmura Flavien, soudainement sans mot.



"Écoutez, je ne m'attends pas à ce que vous compreniez… mais je voulais juste que les choses redeviennent comme avant."



Brad eut un sourire triste, regardant toujours le sol.



"Évidemment, mon plan n'aurait pas fonctionné. Tout le monde vous aime, vous. Ils ne vous auraient jamais destitué, même pas à cause de votre dark side…"



Flavie regarda le scientifique, silencieux. Il ne savait pas comment réagir. Personne n'aimait Brad, c'était vrai. Il ne faisait rien afin qu'on puisse même le tolérer, alors c'était bien certain que personne à bord n'avait d'affection pour lui. Le technicien savait que Brad avait eu une enfance difficile, jamais accepté pour qui il était, et il avait simplement conclu que c'était parce qu'il avait toujours été malhonnête… mais il n'en était plus si certain. Peut-être que Brad avait été poussé à être méchant, une sorte de mécanisme d'autodéfense afin d'éviter de se faire blesser. Flavien savait que cela n'excusait pas son comportement, mais cela l'expliquait peut-être un peu mieux.



Par contre, ce que Brad lui avait dit, que tout le monde l'aimait et ne l'aurait jamais destitué, il n'y croyait pas vraiment. S'il avait réussi à étrangler le Capitaine, Flavien était certain qu'il n'aurait jamais été pardonné. Le côté sombre avait certes été déclenché par le sulfuro toxine de jus de poutine, mais c'était aussi une partie de sa personnalité qui avait réellement existé. Est-ce l'équipage lui aurait permis de rester à bord, sans conséquences, après ce qu'il venait de faire si cette partie de lui avait réussi à commettre un meurtre? Flavien connaissait la réponse et il frissonna intérieurement en y repensant. Il ne voulait pas être une personne violente. Il se sentait comme s'il n'avait jamais totalement eu le contrôle sur lui-même et cela l'avait toujours un peu effrayé, sachant ce dont il était capable lorsqu'il perdait le contrôle même une fraction de seconde. Peut-être que Brad se sentait un peu de la même manière vis-à-vis sa méchanceté...



Il regarda le scientifique, qui jouait nerveusement avec le bord de sa couverture.



"Brad..." Commença-t-il encore, prenant une pause afin de bien penser à ce qu'il allait dire.



Brad releva le regard, nerveux. Est-ce que Flavien allait se moquer de lui pour avoir verbalisé son tourment, ou allait-il seulement le rabaisser parce qu'il ne savait pas comment gérer la jalousie? Brad baissa à nouveau les yeux, attendant les mots blessants qui allaient sûrement venir.



Flavien reprit à mi-voix, comme s'il craignait de parler plus fort.



"Je sais que la vie n'a pas été facile pour vous. Elle ne l'a pas été pour moi non plus. Je ne peux pas prétendre de savoir ce que vous vivez ou avez vécu, et je ne peux pas simplement vous pardonner ce que vous avez fait."



Brad avala difficilement, anxieux. Était-ce là le moment où il reçevrait toute la haine que Flavien devait maintenant ressentir contre lui?



"Ce que vous avez fait" Continua le second officier "Ça nous a causé beaucoup de tort, à moi et aussi à tout l'équipage. Nous avons eu de la chance que ça se soit terminé de cette façon et non pas d'une façon tragique. Peut-être que vous aviez raison… peut-être que j'étais un danger pour l'équipage…"



Flavien regarda Brad, qui n'avait toujours pas levé les yeux. Il faisait semblant de s'intéresser au coin de sa couverture, légèrement déchiré, et il avait un air faussement blasé. Flavien s'apercevait bien de son stratagème mais ne fit aucun commentaire sur celui-ci. Le fait que Brad ne le regardait pas facilitait les choses. Il n'était pas certain qu'il aurait pu parler avec autant de franchise si le regard de Brad avait croisé le sien.



"Par contre," Poursuivit le jeune officier "Mon dark side a été détruit. Je ne sais pas si vous avez réalisé l'ampleur de ce que vous avez fait quand vous avez laissé la jalousie guider vos actions… mais j'aurais un conseil pour vous, Brad…"



Il attendit, prenant une pause afin que le scientifique cesse de fixer sa couverture. Le regard interrogateur de Brad, mêlé d'un peu d'anxiété croisa finalement le sien après quelques instants. Feignant de ne pas être intéressé à ce que disait Flavien, Brad fit un claquement avec sa langue.



"C'est quoi, votre conseil minable?"



Ignorant le dernier commentaire, Flavien poursuivit.



"Au lieu de vouloir nuire à ceux qui offrent autres ce que vous, vous désirez" Répondit Flavien d'un ton neutre "Essayez donc de leur offrir votre soutient. Peut-être que si vous étiez moins centré sur vous-même et que vous arrêtiez de toujours nous mettre dans le trouble, on vous haïrait moins."



Brad prit un air peu impressionné, laissant un soupire agacé s'échapper au moment où il roula les yeux. Flavien se leva et le scientifique le regarda s'éloigner vers la sortie de la petite pièce.



"Faites ce que vous voulez, Brad" Ajouta Flavien en ouvrant la porte sans se retourner "mais peut-être que si vous pouviez aimer et respecter les autres vous aussi… peut-être qu'on vous respecterait même un peu."



La porte se referma derrière lui. Le verrou s'enclencha et Brad fixa longuement la sortie du cachot après le départ du technicien radar. Ce n'était pas la conversation qu'il avait cru avoir avec Flavien. Il pensait que celui-ci lui en aurait voulu, il avait cru qu'il se serait sûrement vengé, le rouant de coup ou bien l'attaquant verbalement du moins… mais le nouveau second officier n'en avait rien fait, il avait simplement voulu comprendre et quand Brad s'était ouvert à lui, même juste un petit peu, il lui avait donné un conseil plutôt que des insultes.



Brad détestait toujours le fait que le nouveau second officier se faisait aimer plus que lui, mais maintenant il voyait pourquoi: Flavien avait toujours eu à coeur le bien-être de ses pairs, alors que lui s'en fichait habituellement. Brad ne le faisait pas toujours de façon volontaire et souvent, il manquait d'empathie. Il était égocentrique et il ne semblait pas être en mesure de comprendre les règles de la société. Et surtout, il ne savait pas aimer, lui-même n'ayant reçu si peu d'amour dans sa vie.



Brad reconnaissait que la plupart du temps, il se méritait la haine d'autrui. Il faisait vraiment des coups sales et se comportait de façon si exécrable que ce n'était pas surprenant si les autres le détestaient. Ce qu'il faisait était pratiquement impardonnable. S'il avait été sur Terre, il ne savait pas s'il aurait pu s'en échapper si facilement… probablement pas. Mais ici sur le vaisseau, il avait peut-être une chance.



Peut-être Flavien avait-il raison? Peut-être que s'il essayait d'être moins détestable… que s'il montrait à l'équipage qu'il les aimait bien, malgré leurs fréquents accrochages… peut-être qu'il réussirait à moins se faire détester… à se faire respecter, même juste un peu.



***



Le départ du Pikachu vers Alola était presque arrivé. Les membres d'équipage s'étaient réunis à la Salle de Commandement et attendaient patiemment l'arrivée de Flavien avant de pouvoir descendre à la surface. Il serait de l'expédition avec le Capitaine et Valence afin de pouvoir traduire ce que les Pikachu leur diraient. Le but de leur visite était simple: Ramener leur hôte à sa planète, faire contact avec cette civilisation de façon diplomatique et leur demander des renseignements concernant ce secteur de la galaxie. S'ils pouvaient se ravitailler en nourriture par la même occasion, ce serait encore mieux, comme l'avait mentionné Charles à son équipage, mais il ne fallait pas abuser de l'hospitalité des habitants d'Alola.



Pikachu était fébrile: Enfin il allait retrouver les siens! Ses nouveaux amis allaient lui manquer c'était certain… ainsi que leur nourriture exotique. Mais quel délice, ces ananas! Il en aurait mangé des centaines! Bob lui avait fait découvrir une panoplie de nouveaux aliments et Pikachu et lui étaient vite devenus amis. Pétrolia elle, s'assurait qu'il ne manquait jamais de rien et avec Valence, elles le couvraient d'affection. Pikachu appréciait beaucoup être le centre d'attention et il ne le cachait pas. Il aimait bien ces caresses dans son pelage et tous ces câlins qu'il recevait de ses amis. Même le Capitaine et le robot semblaient plutôt attachés à lui. Pikachu savait que les habitants de la Terre avaient plutôt une mauvaise réputation, mais il ne pouvait que se sentir à l'aise parmi eux. Les humains n'étaient peut-être pas si méchants en fin de compte, et seuls les êtres comme Brad leur faisaient cette terrible réputation. Pikachu comprenait maintenant pourquoi Flavien l'avait mis en garde contre le scientifique.



En y repensant, Pikachu eut encore un malaise pour le pauvre technicien radar qui avait eu le malheur d'être la proie de cet infâme Brad. Pikachu ne pouvait que s'imaginer ce que c'était de devoir vivre à bord d'un vaisseau en compagnie d'un être si cruel. Lui-même avait été leurré et enfermé, mais ce n'était rien à côté de ce que Brad lui avait fait subir. Il ne pouvait s'empêcher de penser au moment où il avait frappé Flavien d'un décharge électrique. Il avait voulu protéger Serge et Pétrolia, mais il avait bien cru avoir tué le second officier. Il réprima un frisson, tentant plutôt de se concentrer sur le fait que tout ceci était terminé et que Flavien était bien vivant. Maintenant redevenu lui-même, il allait pouvoir l'accompagner sur Alola et Pikachu était fier de pouvoir le présenter lui et les autres comme ses amis. Le Capitaine allait lui aussi descendre avec eux, représentant de leur civilisation et Valence serait là elle aussi car elle avait aussi des talents de diplomate, d'après ce que Pikachu avait compris. Si tout se passait bien, le Capitaine avait promis à Bob, Pétrolia et Serge qu'ils pourraient eux aussi descendre à leur tour s'il le désiraient.



Pikachu avait assisté à la mise en orbite du vaisseau autours de sa planète natale. Bob pilotait alors que le Capitaine était assis sur son fauteuil, appréciant la beauté d'Alola, une perle bleue dans l'immensité de l'espace. C'était une manoeuvre de routine pour eux, habitués à visiter des planètes de façon régulière. Serge vérifiait les données de la console scientifique en l'absence de Brad alors que Pétrolia vérifiait le téléfax afin de préparer la descente de l'équipe qui accompagnerait Pikachu à la surface.



Pétrolia était particulièrement de bonne humeur. Une planète pleine de Pikachu, ça devait être tellement mignon! Elle avait hâte de descendre elle aussi, espérant seulement que la première expédition serait une réussite. Elle n'était pas trop inquiète, puisque le Capitaine était habituellement très doué pour faire le premier contact avec des extra-terrestres. Elle savait qu'il ne raterait pas sa chance de réapprovisionner le vaisseau et de trouver des informations sur les planètes avoisinantes. Cela leur sauverait un temps fou s'ils pouvaient éliminer certains systèmes solaires sans même aller les visiter.



Pendant qu'elle vérifiait un dernier réglage, Valence s'approcha.



"Tu es sûre qu'il peut descendre?" Demanda Valence à voix basse.



Devinant de qui elle parlait, Pétrolia posa son tournevis sur la plateforme du téléfax et se retourna vers la psychologue. Elle avait remarqué la nervosité de son amie et surtout son hésitation à parler des derniers événements. Elle semblait pensive depuis que tout était terminé. Pétrolia posa une main sur le bras de son amie, sachant très bien pourquoi elle posait la question.



"Valence, Flavien est correct. Tu as vu les résultats du scanner… les effets résiduels devraient s'estomper d'ici quelques heures tout au plus."



Valence hocha la tête.



"Je sais" reprit-elle "C'est juste que… quand mon idée a pas fonctionné pis que Pikachu a dû lui envoyer une charge… j'ai pensé qu'il était mort, que c'était de ma faute…"



Pétrolia se rapprocha d'elle. Elle avait eu peur elle aussi et elle savait très bien ce que son amie pouvait ressentir. Bien qu'elles avaient des sentiments différents envers le jeune homme, les deux avaient beaucoup d'affection pour lui. Pétrolia le considérait comme son meilleur ami, et peut-être même un peu plus, alors Valence considérait Flavien plutôt comme étant un membre de sa famille, un peu comme son cousin ou son même son frère... Mais peu importe comment elles le voyaient, elles avaient toutes les deux cru pendant un instant qu'il n'avait pas survécu à la décharge électrique du Pikachu. Pétrolia était soulagée que ce n'était pas le cas et sa conversation avec Flavien l'avait rassurée, mais Valence semblait croire que leur idée de charge modifiée ait pu mettre leur ami à risque, alors que Pétrolia savait que ce n'était pas du tout le cas. Elle prit un air rassurant.



"C'était notre idée" Affirma la jeune fille "Tout indiquait que ça allait fonctionner. Pis vraiment, la seule chose que la charge modifiée lui a fait, c'est de le sortir de sa transe. Serge aurait pu se défendre, il est pas mal tough mon robot!"



Valence sourit. Pétrolia était si fière de son Serge et elle avait raison: La charge modifiée n'avait pas réellement mis Flavien en danger. C'était la suite des choses qui avait mal tourné. Elle sentit son sentiment de culpabilité se dissiper.



"Merci Pétrolia." Répondit-elle avec sincérité.



La jeune fille sourit elle aussi et prit une paire de pinces à sa ceinture afin de serrer un écrou dans la boîte de circuits du téléfax.



"Tu sais, moi aussi j'ai eu peur" Dit-elle en finissant son réglage "L'équipage, c'est comme ma famille maintenant."



Valence acquiesça. Elle ressentait la même chose.



"Oui, moi aussi."



Juste comme elle prononçait ces mots, les portes de la Salle de Commandement s'ouvrirent pour laisser entrer Flavien, qui avança jusqu'au fauteuil du Capitaine et se mis au garde à vous.



"Capitaine."



Le Capitaine délaissa la belle planète bleue du regard et posa ses yeux sur Flavien avec un sourire.



"Ah, Flavien" Commença-t-il "On vous attentait! On va descendre sur Alola dans quelques minutes, mais avant…"



Il se leva et se dirigea vers le radar, faisant signe à Flavien de le suivre à l'écart des autres membres d'équipage. Baissant le ton, Charles ajouta:



"J'aimerais savoir… Qu'est-ce que vous pensez de la situation avec Brad? Est-ce qu'une sanction supplémentaire serait nécessaire? Avec ce qu'il vous a fait… je veux simplement m'assurer que vous ne vous sentez pas comme si Brad n'a pas été assez suffisamment puni…"



Flavien fut pris de court. Habituellement, le Capitaine ne le consultait pas pour des sujets de discipline. Il était vrai qu'il n'était devenu second officier que depuis quelques semaines à peine. Peut-être que c'était là une des responsabilités qui venaient avec le poste et qu'il n'avait pas encore eut pleine connaissance de ses tâches. Pourtant, il n'avait jamais vu le Capitaine consulter qui que ce soit… quoi que c'était peut-être parce que le précédent second officier, c'était Brad et c'était lui qui était sujet à la discipline.



"Euh Capitaine… je n'ai jamais donné de sanctions… comme votre second, est-ce que je dois vous donner mon opinion là-dessus?"



Charles secoua la tête.



"Je ne vous demande pas ça en tant que second officier. Je vous demande… personnellement… est-ce que vous voudriez que je sois plus sévère avec Brad? Est-ce que vous vous sentez mal à l'aise qu'il ne reçoive qu'un seul mois en isolement pour vous avoir exposé à ce narcotique? J'ai besoin de mon scientifique pour la mission, mais j'ai aussi besoin que mes membres d'équipage sentent que mes décisions soient justes."



Fixant le Capitaine, Flavien compris où son supérieur voulait en venir. Il réfléchit un instant, puis la conversation qu'il avait eu avec Brad lui revint en tête. Sans vraiment avoir compris ce qui pouvait bien l'avoir poussé à agir avec tant de méchanceté, Flavien avait compris que Brad avait simplement été jaloux et surtout, il avait voulu que tout redevienne comme avant. Le jeune technicien ne pouvait pas vraiment le blâmer, il avait perdu ce qui le définissait le plus sur le vaisseau: son rang de second officier. Il ne pouvait pas s'expliquer comment Brad avait pu agir de façon si irresponsable, mais il avait eu l'impression d'avoir enfin pu comprendre une partie de sa personnalité, et celle-ci était moins détestable qu'il ne le pensait. Il avait même eut un moment d'empathie envers Brad, chose qui ne lui était jamais arrivé auparavant.



Bien que Flavien lui en veuille encore de l'avoir fait basculer dans le dark side, poussé à ses limites mentales contre ses pulsions les plus violentes, risquant même la vie des autres membres d'équipage et particulièrement celle du Capitaine, il n'était pas certain que Brad avait réellement voulu le pousser jusque là. Il avait la nette impression que Brad n'avait jamais souhaité la mort de l'un d'entres eux. Ses actions avaient eu des répercussions plus larges qu'il ne les avait calculées et il ne l'avait réalisé que trop tard.



Pour Flavien, l'humiliation que Brad ressentait sûrement en étant enfermé dans le cachot lui semblait approprié.



"Je suis correct avec votre décision, Capitaine. On a besoin d'un scientifique, comme vous l'avez dit, et je pense que Brad a compris cette fois-ci."



Le regard céruléen du Capitaine croisa le siens.



"Vous êtes certain?"



"Oui… De toutes façons, après sa sentence, ce sera son tour d'aller en regénérescence… il aura été assez longtemps isolé comme ça."



Le Capitaine acquiesça et Flavien fut rassuré que son supérieur approuve sa décision. Hésitant, Flavien décida d'ajouter quelque chose d'autre.



"Euh Capitaine… justement, je sais que c'est pas mon tour, mais après Alola… est-ce que j'pourrais aller en regénérescence?"



Charles hocha la tête. Il savait que le récent stress avait ébranlé son second et l'avait vidé de son énergie habituelle. Il semblait fatigué et Charles ne lui refuserait pas d'aller se reposer s'il en avait besoin.



"Bien sûr, Flavien."



Il se retourna pour faire face à la Salle de Commandement, fixant le téléfax un instant. Il lui adressa encore la parole.



"Vous êtes prêt pour la descente sur Alola?" Dit-il d'une voix redevenue plus formelle.



Flavien se mit au garde à vous.



"Oui Capitaine!"



"On part dans 5 minutes" Dit Charles à l'intention de tout le monde présent, puis il alla rejoindre Valence et Pétrolia afin de se préparer à descendre.



Flavien s'installa à son radar pendant quelques instants. Il s'assura que celui-ci était en mode lecture de données à courte distance et activa le radar de détection automatique.



"Pika?"



Le jeune homme sourit et regarda par terre, où Pikachu était debout sur deux pattes, le regardant.



"J'ai fini, oui."



"Pika pika...pika chu pika… pika pika pika… pika"



Flavien se pencha, accroupi, et le regarda dans les yeux.



"Oui, moi aussi. Tu vas me manquer… je suis vraiment content d'avoir fait ta connaissance."



"Pika pika pika chu pika… pika pika pika… pika chu."



"Je ne sais pas… peut-être qu'un jour, on se reverra… mais on devra trouver une nouvelle planète habitable avant."



Pikachu s'élança sur lui, posant ses pattes avant sur sa cuisse.



"Pika pika!!"



Prit par surprise un instant, Flavien se reprit et sourit tendrement. Il souleva la petite créature jaune dans ses bras et le rapprocha de lui.



"Moi aussi… moi aussi."



Il y eut un moment de silence entre eux, alors qu'ils appréciaient un des derniers moments qu'ils passeraient ensemble. La présence du Pikachu lui procurait un sentiment de calme et une certaine familiarité, comme s'il l'avait toujours connu, mais il savait qu'il devait retourner sur Alola. Cela le rendait un peu triste que Pikachu doive s'en aller. Il savait par contre qu'il allait retrouver ses semblable et qu'il serait bien plus heureux sur sa planète, entouré des siens. Flavien acceptait que c'était ce qu'il y avait de mieux pour son nouvel ami et il était content pour lui.



Le reste de l'équipage s'apprêtait aux derniers préparatifs de départ, puis tout le monde se mit en place. Flavien remarqua Valence et le Capitaine, prêts à se téléfaxer et Pétrolia qui attendait le signal pour appuyer sur les commandes.



Flavien regarda le petit extra-terrestre et un sourire se dessina sur son visage. Il avança vers le téléfax en s'adressant à lui.



"Prêt à retourner sur Alola?"



"Pika!!"



Fin

Notes:
Voilà!! Fini enfin! J'ai vraiment essayé de me rapprocher le plus possible de la série, restant fidèle aux personnages et a
à la suite chronologique des choses. Le prochain épisode étant Amnésie Internationale, je ne voulais pas que Brad soit trop méchant ou frustré à la fin car il sauve l'équipage de Flashy Fresh dans cet épisode, mentionnant qu'il les aime bien… donc voilà, j'ai essayé que ce ne soit pas trop "mushy" non plus… la seule chose, ce n'est pas une fic drôle mais depuis quand j'écris de la comédie?



J'espère que ça a plu ^^