[OS][PG-13] Tentation

Tentation

Marc ne savait pas vraiment ce qu’il faisait et où il était… non, pas tout à fait… Il avait franchi une porte où il était indiqué « Réservé aux employés » et il descendait maintenant un escalier. S’il fusionnait tout ça, il pouvait supposer qu’il était encore au SAS… et qu’il se dirigeait vers le bureau de Fanny. Il arrivait maintenant devant une porte, la porte du bureau de Fanny. Il sentit monter en lui un sentiment de victoire immense. « Pourtant, songea-t-il dans un instant de lucidité, il n’y avait rien de bien compliqué à descendre un escalier pour se retrouver devant le bureau de sa patronne. » Il balaya cette pensée d’un revers de la main et franchit la porte. Une joie surgit en lui, partant de son ventre pour monter jusqu’à son visage qui devint brûlant, lorsqu’il la vit, resplendissante, semblable à un ange. « Un ange habillé de noir et sans auréole, songea une voix moqueuse au fond de lui. Un ange qui, de plus, avait préféré son ennemi à lui et qui le faisait souffrir depuis bien longtemps. ». D’accord, ce n’était peut-être pas un ange… ou peut-être que si après tout. « Un ange des ténèbres, songea Marc. Une beauté fatale, maléfique. » Une beauté démoniaque montée tout droit de l’enfer pour l’hypnotiser, lui, Marc Forest, celui qui ramenait une fille différente dans son lit à tous les soirs. Il était à présent sous son contrôle. C’était elle qui l’avait obligé à repousser la fille qu’il avait décidé de ramener chez lui et qui l’avait fait boire jusqu’à ce que lui-même oublie où il était et ce qu’il faisait. Elle qui, ensuite l’avait appelé. Maintenant, il était devant cet ange des ténèbres… et il ne demandait qu’à obéir à ses ordres. Si cet ange retournait en enfer, il ne souhaitait rien d’autre que le suivre.

***

-Ça va Marc? demanda Fanny d’une voix inquiète.

Il était entré, complètement soûl, dans son bureau et la dévisageait avec une expression proche de l’extase. Son regard brillait de mille feux et il souriait d’une façon un peu bête.

-Oui, oui j’va bien. Répondit-il d’une voix chevrotante.

Même si elle tremblait, sa voix était imprégnée d’une passion fulgurante qui déstabilisa Fanny. Sans qu’elle puisse faire quoi que ce soit, il s’approcha d’elle et l’embrassa fougueusement. Fanny ne sût pas quoi faire d’autre à part répondre à son baiser qui s’approfondit. Elle sentait sa vue faiblir et une immense chaleur l’envahit lorsque Marc posa ses mains sur sa taille. Une immense chaleur… ainsi que sa raison. Elle se détacha de lui, la respiration haletante.

-Marc… commença-t-elle.
-Repousse-moi pas une deuxième fois s’te plaît! la coupa-t-il. J’ai tellement souffert la première fois, j’veux pas qu’ça r’commence. (Il rapprocha de nouveau son visage.) S’te plaît… J’t’aime…

Comment résister à une souffrance si violente et si sincère?

-J’… j’peux pas… bégaya-t-elle. J’… j’ai pas le droit…

En entendant ces mots, Marc sourit et lui tourna le dos en s’éloignant un peu. Bientôt Fanny pu l’entendre rire. Un simple petit rire au début puis il lui demanda de répéter ce qu’elle fit. Il commença alors à rire plus fort.

-Pas l’droit! Répéta-t-il en riant de plus belle. Pas l’droit!

Il s’arrêta alors de rire et se retourna vers sa patronne. Fanny frissonna en reculant un peu, le regard du doorman était redoutable. Elle pensa alors à la crise de colère qu’il avait fait chez elle le jour où il avait voulu se venger de Yan. La même fureur était inscrite dans ses yeux. Pourtant, quand il parla, sa voix était calme, mais froide.

-Pas l’droit… Pour moi, t’as pas le droit, mais pour Yan, oui hein? (Sa voix se fit plus dure.) Ça t’dérange pas de coucher avec un gars qui t’trompe, mais avec moi, ça te dérange hein? Kessé qu’ya, chu pas assez crosseur pour toé? Ou pas assez jeune? Ou pas assez…
-Non, c’est pas ça! le coupa-t-elle.
-Ha c’est pas ça! C’est quoi d’abord? cria-t-il en lui saisissant le bras.

Fanny commença à trembler et tenta de trouver un moyen de s’enfuir, mais il n’y en avait aucun. Marc était entre elle et la porte et tout le monde était parti. Elle était seule avec ce tigre en colère.

***

Marc n’était pas réellement furieux. Ce que Fanny pouvait prendre comme de la rage n’était en fait que son désespoir. Elle allait le rejeter une deuxième fois sans qu’il ne sache pourquoi elle l’avait fait une première fois. Sans même savoir si la raison était la même pour cette fois-ci. Non, il ne survivrai pas. Comment le pourrait-il? Elle l’attirait trop. Il voulait au moins sentir son corps contre le sien une fois. Une évidence le frappa : si elle ne voulait pas, il aimerait au moins avoir un baiser, mais pas de lui qu’elle continuerait. Il voulait que ELLE l’embrasse de son propre gré.

Le minutes semblèrent interminable avant qu’il ne lui lâche enfin le bras pour prendre sa main, plus gentiment cette fois. Toutes traces de fureur envolées, il était de nouveau tendre, attentionné et amoureux comme jamais. Il la regarda dans les yeux, elle posa sa main sur sa joue et l’embrassa. Il sentit un incroyable engourdissement l’emplir, mais ce n’était pas désagréable, bien au contraire. Ce n’était qu’un baiser timide, presque amical, mais il était l’homme le plus heureux du monde. Ils se lâchèrent enfin et elle rougit en prenant la parole.

-Moi aussi j’t’aime, mais si tu veux qu’on établisse une relation stable, j’veux qu’on aille doucement. Si tu veux juste un trip de cul…

Il ne la laissa pas finir, il l’embrassa avec tendresse. Elle voulait y aller doucement alors qu’il en soit ainsi. Si elle ne voulait coucher avec lui que dans six ans alors c’est comme ça que ça se passerait…

***

Fanny se réveilla pour rencontrer le regard de Marc, étendu à côté d’elle. Il ne sembla pas s’en rendre compte alors elle referma les yeux et se colla un peu plus contre ce corps aux côtés duquel elle dormait depuis trois ans. Elle sentit Marc enfouir son visage dans ses cheveux... puis éclata de rire quand il lui chatouilla le ventre.

-Salut, ri-t-elle en l’embrassant.
-Salut, bien dormi?

Elle se calma un peu et lui répondit en lui caressant la joue.

-Oui…

Il ri un peu.

-À quoi tu penses? demanda-t-il.
-À quand t’es venu tout bouleverser dans ma vie. Répondit-elle en l’embrassant de nouveau.
-Quand ça? demanda-t-il d’un air interrogateur.
-Tsé, quand t’es descendu dans mon bureau après la job, on s’est pratiquement chicanés chacun de notre bord pis on a commencé à sortir ensemble. Tsé, j’voulais pas qu’on couche ensemble tu-suite parce que…
-Parce que c’est ça que ça avait fait avec Yan, pis tu voulais voir si j’t’aimais pour de vrai. Après ça, on a continué à se voir pendant des mois, pis après t’as emménagé icitte. termina-t-il. Ça va bientôt faire trois ans.

Il sourit tendrement et se leva pour s’habiller. Fanny l’observa. « Il a fait ses preuves, se dit-elle. J’m’étais inquiétée pour rien… »

FIN